Jean-Marcel Ferret : "Il faut arrêter de cracher sur le football"

ANALYSE - Au football, les affaires de dopage se font rares, les “gros“ morceaux attrapés peu nombreux. Bien loin de l’athlétisme et surtout du cyclisme. Explications. (Article paru dans le magazine Lyon Capitale de janvier 2011)

Première partie : Introduction + Interview de Jean-Pierre de Mondenard

Parole à la défense. Les propos de Jean-Pierre de Mondenard, détonants, ne font pas légion au sein du monde feutré du ballon rond. Bien au contraire. Jean-Marcel Ferret, médecin de l’OL de 1977 à 2005, de l’équipe de France de 1993 à 2004, émet de lourdes réserves au sujet des révélations du docteur de Mondenard : “Tellement de bêtises se disent. Des gens qui veulent faire parler d’eux. Ces personnes- là vivent à travers le scandale. Le docteur de Mondenard a fait son renom et sa carrière sur le dopage. Ce Monsieur ne connaît pas le football. Il n’est jamais intervenu dans ce sport“. Des déclarations cinglantes peu surprenantes étant donné la marginalité actuelle de l’auteur de l’ouvrage choc. Une différence que l’intéressé assume totalement : dans tous les sports, dès que vous l’ouvrez, que vous bannissez la langue de bois, vous êtes marginalisé. On appelle ça la loi du milieu“.

L’ancien médecin de l’Olympique Lyonnais défend le football, et martèle : il faut arrêter de cracher sur notre sport. On n’y peut rien si les autres sont contaminés. Il y a toujours eu un nombre important de contrôles à l’OL. J’ai exercé là-bas pendant 28 saisons, je sais de quoi je parle“. Au sein des clubs de football, des contrôles antidopage sont régulièrement effectués. Notamment des analyses d’urine, de sang, de cheveux. Et se révèlent, la grande majorité du temps, négatifs. Face aux accusations selon lesquelles un dopage par microdoses pourrait passer à travers les mailles du filet, le docteur Ferret rétorque : “les microdoses sont détectables. Regardez Contador, ils l’ont démasqué au picogramme. C'est-à-dire à 10 puissance -12“. Une affirmation qui peut laisser penser qu’au cyclisme, la guerre a été déclarée aux tricheurs, contrairement au football. “Faux !“, répond le médecin champion du monde en 1998. Ce dernier précise : “au football, le médecin protège avant tout le sportif, avant de soigner la performance. C’est un système en place depuis les années 60-70. Ce n’est pas comme dans d’autres sports où certains mécaniciens sont devenus soigneurs. Ce qui a sauvé le foot, c’est la médicalisation, au bon sens du terme. Le médecin voit tout de suite si une anomalie existe“.

Si vous entrez dans ce système, vous êtes morts. Vous mettez le petit doigt, puis le doigt, puis la main“

Pourtant, certaines affaires restent troublantes, très troublantes. La fameuse finale Hongrie-RDA de la Coupe du monde 1954, le procès de la Juventus, la période Tapie à l’OM. Pour ne citer que les plus médiatiques. Des suspicions réelles de dopage organisé. “Attention, je ne dis pas que tous les footballeurs sont propres. Des produits peuvent marcher. Certains joueurs se dopent certainement individuellement, mais il n’y a pas de dopage collectif. Je n’ai jamais vu un laboratoire le faire“, relate Jean-Marcel Ferret. L’inquiétude se situe surtout au niveau des jeunes joueurs, aspirant à devenir professionnels, prêts à tout pour percer. Moins surveillés, moins encadrés, le danger à leur niveau est réel. Surtout qu’une fois pris dans l’engrenage, il se révèle très difficile d’en sortir. Si vous entrez dans ce système, vous êtes morts. Vous mettez le petit doigt, puis le doigt, puis la main“, explique le médecin lyonnais.

Toutefois, les déclarations de Sepp Blatter, président de la principale instance de football professionnel, recueillent un certain nombre d’échos non négligeable. Des paroles angéliques peu propices à une lutte efficace contre le dopage. Il est difficile de combattre un fléau qui n’existerait pas. Début décembre, le sulfureux docteur Fuentes, celui qui a fait tomber de nombreux cyclistes, surnommé docteur doping de l’autre côté des Pyrénées, déclarait : “si je dis tout ce que je sais, nous (l’Espagne, NDLR) pouvons dire adieu à la Coupe du monde et à l'Euro“. L’affaire Festina du football ?

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