“Protégez vos oreilles !". Insistants, percutants parfois même redondants ces trois mots n'auront pas échappé à l'ouïe des présents. Lundi 11 avril, l'audioprothésiste Jean-Louis Horvilleur est venu sensibiliser les élèves de l'école de DJ's de Lyon aux risques du métier. Pour ces jeunes professionnels du son les dangers ne sont pas anodins. Acouphènes, hypoacousie, traumatismes sonores, figurent parmi les plus fréquents.
Même si la sensibilité au bruit, varie selon les personnes, une exposition à 160 dB, équivalent au niveau sonore d'une fusée au décollage, peut même provoquer la rupture du tympan. Il ne faux pas oublier qu'il est possible de se détruire l'audition sans percevoir la moindre douleur.
“Ce n'est pas parce que l'on aime sa musique, qu'elle n'est pas dangereuse", lâche Jean-Louis Horvilleur. Venu rencontrer un groupe de jeunes DJ's en formation l'audioprothésiste insiste sur les mots: "Quoi qu'il arrive au-delà des 18 ans, tout individu perd en audition. Vous vivez dans le fracas au quotidien, soyez responsables !". “Souvent, les plus jeunes ne se rendent pas compte du danger. Ils restent dans une démarche de plaisir et pensent que les appareils auditifs viennent altérer la perception de leur musique", rebondit Patrick Arnissolle, coordinateur pédagogique de l'école de DJ's de Lyon.
Ce qui n'est pas totalement faux, car avant de s'habituer à la sensation “d'oreilles bouchées" provoquée par l'appareil, il faut un certain temps d'adaptation. Laura, étudiante en deuxième année à l'école de DJ's de Lyon se protège depuis l'âge de 21 ans et affirme ne plus envisager aucune soirée sans “ses bouchons de protection". “Il ne faut pas se laisser conditionner par l'appareil. La musique est toujours la même mais nos oreilles, au moins, sont préservées“, explique-t-elle. Le cerveau se charge donc de reconstituer les sonorités lointaines et les bouchons deviennent alors un simple réflexe avant de monter sur scène.
Opération séduction... bouchons !
Les jeunes élèves de l'école de DJ's de Lyon sont bien concernés par le sujet mais pourtant tous ne sont pas conscients du danger. Répétitions tous les jours, soirée chaque week-end, passionnés par leur profession, ils ne comptent plus les heures. En attendant leurs oreilles, elles, en reçoivent un sacré coup. Hors, il n'est pas simple pour Jean-Louis Horvilleur de persuader son public sur l'efficacité des appareils. Tantôt perplexes, tantôt sceptiques, les jeunes semblent néanmoins manifester quelques inquiétudes. Au fond, ils savent qu'ils ne peuvent pas faire l'impasse.
L'ORL Philippe Baronnier appuie cette thèse : "Il faut s'obliger à porter des embouts pour filtrer le bruit, trouver un modus vivendi entre le plaisir et le respect de son organe auditif en se soumettant systématiquement à un audiogramme". Pour l'audioprothésiste Jean-Louis Horvilleur, il est important que ces jeunes professionnels ne sous-estiment pas leur fatigue auditive. Sans la moindre perception, cette dernière peut bien souvent engendrer une véritable surdité professionnelle. "Vous le savez, plus d'un DJ a déjà été gravement atteint par le niveau élevé de décibel. Des simples acouphènes ou bourdonnements doivent vous alerter. Ne soyez pas inconscients !", termine-t-il.
Autre démarche indispensable: faire valoir ses droits dans le monde du travail. Les employeurs sont obligés de fournir des appareils à partir de huit heures d'exposition à un niveau sonore continu équivalent à 80 dB. Dans le cas contraire, il faudra investir personnellement dans des protections auditives. A prévoir entre 120 et 200 euros: une somme importante, certes, mais aussi une sécurité pour la vie. A bon entendeur!