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Morte en montant dans le bus

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Denise, 91 ans, est décédée en décembre dernier. Elle a fait une violente chute alors qu'elle montait dans le C3. Le conducteur ne s'est pas arrêté malgré les cris de témoins. La famille de la défunte est décidée à porter l'affaire devant la justice.

A 91 ans, beaucoup ont déjà passé l'arme à gauche, d'autres sont en bout de course. Mais Denise Jaillet-Henon avait encore plein de vie en elle. Certes, elle s'appuyait un peu sur sa canne. Mais "elle était complètement dans le coup", raconte sa fille, Dominique Brun (en noir sur la photo ci-dessus). Toujours partante pour aller à l'Opéra ou à la Maison de la Danse, enchaîner deux séances de suite à l'UGC Ciné-cité ou se coucher tard pour passer une bonne soirée avec des amis. Surtout elle était mue d'une curiosité insatiable. Elle assistait à beaucoup de cours de l'université catholique. C'est justement en revenant de là, le 6 décembre que l'accident se produit, à 17h30. Elle attend alors le bus C3 à l'arrêt Bourse-Cordelier, pour regagner son domicile, à la Croix-Rousse.

Sa tête heurte violemment le trottoir

Lorsque le bus s'arrête, elle s'engage sur les marches. Mais les portes se referment brusquement et elle chute à l'arrière. Sa tête heurte violemment le trottoir. Des personnes la prennent aussitôt en charge. Elle a une plaie sanguinolente au crâne, mais ne perd pas connaissance. Aux personnes qui lui porte secours, elle excuse même le chauffeur qui ne s'est pas arrêté : "il n'a peut-être pas vu". Transportée à l'hôpital, elle est examinée par les médecins qui la trouve en bon état. Mais comme elle prend des anti-coagulants, elle est gardée sous surveillance. Et durant la nuit, une grave hémorragie cérébrale survient. Elle décède le 14 décembre.

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"Comment a-t-il pu démarrer sans se poser de questions ?"

La famille envisage alors un dépôt de plainte mais recule devant l'obligation de faire pratiquer une autopsie. Les médecins établissent toutefois le lien entre la plaie crânienne et la mort de la victime. C'est alors qu'est lancé un appel à témoins sur les abribus. Plusieurs personnes y répondent, dont cinq, particulièrement "choqués par la violence de l'accident". "J'étais persuadée que le chauffeur allait descendre pour constater ce qui venait d'arriver au pied de son bus. Comment a-t-il pu démarrer sans se poser de questions ?", s'interroge Louise, révoltée.

"Nous n'avons pas toujours une bonne visibilité"

Leurs versions semblent accabler le chauffeur. A l'intérieur du bus, alors que la dame chute, une jeune fille crie. A l'extérieur, plusieurs tapent sur le flanc du véhicule pour l'arrêter. En vain, le C3 poursuit sa route. "Est-ce un délit de fuite ?", s'interroge Dominique Brun. Les TCL ne souhaitent pas communiquer sur cette affaire. Tout juste apprend-on qu'une enquête est ouverte mais que le conducteur ne serait pas encore identifié. Jacky Albrand, syndicaliste CGT, relativise la thèse du chauffeur négligeant et mal intentionné. "A l'avant, nous n'avons pas toujours une bonne visibilité. C'est difficile d'être attentif aux portes automatiques, surtout si l'on est en train de vendre des tickets. De plus, la ligne C3 est très fréquentée", avance-t-il. A leur décharge, les chauffeurs sont eux-mêmes tributaires de temps de trajet toujours plus ric-rac.

La ville va trop vite pour les aînés

La famille a contacté les TCL début janvier. "Le manager de la ligne 18 m'a présenté ses condoléances. Cela m'a touché. Mais personne ne m'a jamais rappelée", relate la fille de la défunte. Elle a depuis décidé de porter l'affaire en justice.

"Les chauffeurs doivent conduire un bus, ils doivent aussi bien se conduire avec les passagers", souligne Me Olivier Costa, avocat de la famille. "Je fais cela pour ma mère et pour qu'on arrête de charger les gens dans les bus sans précaution", complète Dominique Brun. Le problème se pose avec acuité pour les personnes âgées, souvent dépourvues de voitures et réfractaires au métro. La ville va trop vite pour elles. Claire Cauvin, aide à domicile, témoigne : "L'une des personnes âgées dont j'ai la charge a peur de prendre le bus, elle me demande de l'accompagner. Car parfois, les chauffeurs se garent trop loin du trottoir et n'attendent pas qu'elle ait le temps de monter. L'autre jour, j'ai même sermonné une conductrice. Elle n'a rien voulu savoir. C'est quand même malheureux, la société va trop vite pour eux et les personnes âgées en souffrent énormément".

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