Procès Mathiolon : "règlement de comptes à OK corral"

L'ancien président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Lyon est jugé depuis ce mardi devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Lyon. Compte-rendu de la première journée d'audience. (Article actualisé à 8h30 le 4 mai).

Les juges aidés du procureur de la République auront tout fait mardi après-midi pour faire craquer Guy Mathiolon. Mais ils n'y seront pas parvenus. L'ancien président de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Lyon de 2007 à 2010, poursuivi pour "prise illégale d'intérêt" et "détournement de fonds publics", a tenu ce mardi après-midi sa ligne de défense à la barre du tribunal, sans varier d'un yota.

"En un clic sur Internet, vous auriez eu le même résultat"

Oui, les notes de synthèse de Christian Barthélémy, rémunérées 55 000 euros entre début 2007 et mi 2008 par la Chambre de commerce de Lyon, pour le compte de son président, ont aidé ce dernier à définir la stratégie de la CCI au début de son mandat, "à une époque (Nicolas Sarkozy venait d'être élu, NDLR) où l'on réformait à tout va et où les groupes de travail se montaient de tous les côtés en France". Guy Mathiolon voulait en faire partie, notamment dans le cadre de la commission Attali qui devait lever les freins de la croissance et réformer, en particulier, l'urbanisme commercial et définir de nouvelles aires métropolitaines. La Chambre de commerce de Lyon devait faire entendre sa voix, selon le prévenu.

Non, les notes de Christian Barthélémy n'étaient pas "bidon" comme résumées par le président du tribunal, il ne s'agissait pas de "rapports de complaisance". La Chambre régionale des comptes qui a étudié la question -tout est parti de là-, a pourtant estimé que pour huit d'entre elles, elles n'avaient aucun intérêt. "En un clic sur Internet, vous auriez eu le même résultat", a résumé mardi le président du tribunal.

Dibilio, Turcas et Collomb cités par le prévenu

Guy Mathiolon assure s'être fait conseiller par un ancien journaliste lyonnais en qui il avait confiance, Philippe Dibilio. Ce dernier lui aurait recommandé Christian Barthélémy, "fin connaisseur du fonctionnement des collectivité territoriales et des questions métropolitaines". François Turcas, président du syndicat CGPME du Rhône le lui aurait ensuite recommandé et Gérard Collomb, maire et président du Grand-Lyon, n'aurait pas désavoué ce choix.

L'ancien président de la CCI raconte alors avoir demandé au directeur général de l'institution de "régulariser les choses". Christian Barthélémy aurait alors fondé sa société afin de facturer ses prestations à la CCI.

Seule concession de Guy Mathiolon devant le tribunal mardi, l'ancien président a reconnu n'avoir "pas toujours agit dans le respect des règles administratives" de la CCI.

La guerre CGPME / Medef en fond de tableau

"Mais si ces commandes n'étaient pas de complaisance et pouvaient réellement servir à la Chambre de commerce, comment se fait-il que les autres vice-présidents interrogés par la police n'aient pas eu
connaissance de ces rapports?", interroge le juge. "Ces personnes n'étaient, soit pas encore nommées au moment des faits, soit elles étaient membres du Médef. Elles n'ont d'ailleurs pas été réélues depuis.... ", précise Guy Mathiolon. "Vous voulez dire que c'est règlement de comptes à OK corral à la CCI ?", rebondit le président du tribunal. "Oui, peut être. En tout cas ça devait l'être à cette période", répond Guy Mathiolon.

Et l'ancien président de rappeler la "bourde" de son prédécesseur qui en 2002 a vendu sans se poser de questions, sur simple demande du conseil général, les actions de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) en sa possession, "j'ai préféré me payer deux ou trois jours de conseil plutôt que de faire perdre 50 ou 80 millions à la CCI".

Le procès reprendra ce mercredi à 9h30, sept témoins de la défense seront notamment auditionnés dans la matinée.

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