Gerin Melanchon
© tim douet

André Gerin peut-il faire échouer la candidature Mélenchon ?

Le député du Rhône a retiré le week-end dernier sa candidature à la présidentielle. Mais il redouble d'effort pour faire capoter l'investiture, par le PCF, de Jean-Luc Mélenchon. Il lui reproche notamment de ne pas être communiste. Il lutte aussi contre le Front de Gauche. Explications.

Ce week-end dernier, André Gerin a retiré sa candidature à l'élection présidentielle. Mais loin d'être un geste d'apaisement à l'égard de celui qui devrait porter en 2012 les couleurs du PCF, cette décision vise à constituer un front anti-Mélenchon, avant le vote des militants les 16, 17 et 18 juin.

Une primaire plus ouverte que prévu

La conférence nationale du PCF qui s'est tenue les 3, 4 et 5 juin a lancé cette consultation. Les adhérents communistes devaient initialement valider le choix de la direction du parti, c'est-à-dire soutenir l'ancien socialiste au premier tour de la présidentielle. Mais trois autres candidats communistes lui disputaient cette candidature, dont André Gerin. Et si Gerin s'est retiré de la course, c'est pour se ranger derrière André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme. Un candidat jugé sérieux par la place du colonel Fabien. Du coup, c'est une primaire qui s'improvise et qui pourrait être plus ouverte que prévu. Le député du Rhône entrevoit déjà "des surprises". "Mélenchon peut être placé en deuxième position derrière André Chassaigne", pronostique-t-il. Ces dernières semaines, "des votes sauvages", non reconnus par le PCF, ont été organisées dans certaines sections rebelles. Et selon l'ancien maire de Vénissieux, le député européen a été battu "à plate couture" dans celles du Rhône.

"Mélenchon est là pour finir le travail de Mitterrand"

Si André Gerin s'oppose à la candidature Mélenchon, il ne faut pas y voir une affaire personnelle. Seule compte pour lui cette question : les communistes peuvent-ils être représentés par un non communiste ? "Je n'arrive pas à m'y faire", répond le député du Rhône. Presque toutes les semaines, il exécute un communiqué vengeur contre l'ancien ministre socialiste. Il y voit un remake de 1974, quand les communistes s'étaient ralliés à Mitterrand dès le premier tour. Pour lui, de là vient le déclin du parti. Selon lui, "Mélenchon est là pour finir le travail de Mitterrand", c'est-à-dire tuer le PCF en procédant d'abord à sa dissolution dans l'ensemble du Front de Gauche. "Ses exigences pour les législatives seront à la mesure de son ego sur-dimensionné (…) après nous avoir fait disparaitre du paysage présidentiel, il s'efforcera de nous éloigner du paysage parlementaire", craint Gerin.

Deux pommes de discorde : la Libye et le nucléaire

La candidature de Mélenchon ne va pas de soi pour nombre de communistes qui, outre son pedigree, le jugent trop "perso". De plus, la direction du PCF identifie deux pommes de discorde avec leur champion : le nucléaire que Mélenchon souhaite abandonner et la guerre en Libye que le député européen soutient. Gerin en ajoute une autre, plus idéologique : "Il assume parfaitement l'héritage de François Mitterrand". La direction nationale du parti relativise ces différends. "Déjà sous Robert Hue, il était en désaccord", nous glisse un responsable. Mais celui-ci doute de la capacité d'entrainement d'André Gerin. Nombre de ses collègues ont peu apprécié son combat "intempestif" contre la burqa - il a présidé la mission parlementaire qui a conclu à l'interdiction du voile intégral dans les lieux publics.

Derrière cet enjeu de la présidentielle, c'est la stratégie du PCF qui est dans le viseur du communiste orthodoxe. Depuis 2005 et la victoire du non au référendum sur la constitution européenne, le parti de la faucille et du marteau s'est ouvert aux collectifs anti-libéraux. Et a mis en branle une coalition dont le PCF est le pivot : le Front de Gauche. Et cela, Gerin le conteste aussi. Il s'agit selon lui d'un "OVNI politique", composé de "formations microscopiques". "Ce n'est pas ainsi qu'on s'occupe de la reconquête de l'électorat populaire qui vote FN. Moi je veux un parti communiste de combat", souligne-t-il. Et d'ajouter : "Si Jean-Luc Mélenchon n'est pas désigné, il n'y aura plus de Front de Gauche".

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