Sept ans après loi de 2005, 3 000 élèves handicapés ou porteurs d'une maladie ont fait leur rentrée dans le Rhône cette année; une centaine au collège-lycée "Elie Vignal" de Caluire-et-Cuire. Un établissement spécialisé dans l'accueil d'enfants et d'adolescents malades ou en situation de handicap. Explications.
Chaque année dans le Rhône, le nombre d'élève handicapés ou porteurs de maladie accompagnés augmentent depuis l'entrée en vigueur de la loi de 2005 sur le handicap. Cette année, ce sont ainsi 3 000 élèves qui sont accompagnés par des auxiliaires de vie scolaire (AVS), contre 2 600 l'année dernière, selon le rectorat. Pourtant, malgré ce dispositif d'aide, certains ont du mal à suivre en classe. Tandis que d'autres, comme Justine, décrochent carrément. "J'ai eu un accident cérébral l'été de ma seconde. Je pensais pouvoir retourner à l'école à la rentrée de septembre, mais je me suis vite rendue compte que je ne pouvais pas suivre. J'ai alors dû quitter le collège. J'ai repris une scolarité à mi-temps à Elie Vignal".
L'école, le lien avec la vie
L'association "Pour la promotion d'Elie Vignal", collège-lycée spécialisé dans l'accueil d'enfants handicapés et malades organisait, ce jeudi 8 septembre, une matinée d'information sur le thème "Quelle rentrée scolaire pour des enfants malades ou en situation de handicap ?". Le pédopsychiatre de l'hôpital HFME de Bron, Hugues Desombres, y participait : "l'école, c'est le lien avec la vie, ce qui permet aux enfants malades ou en situation de handicap d'oublier un peu leur maladie, de ne pas la laisser passer au premier plan". "Il est indispensable d'éviter la rupture", confirmait son collègue, le professeur Gabriel Bellon, chef du service pneumologie pédiatrique d'HFME qui prend en charge les enfants atteints de mucoviscidose.
"Mais comment suivre quand on est atteint de troubles de l'attention, et de troubles cognitifs?"; s'interrogeait une mère de famille. Selon elle, l'importance du nombre d'élèves par classe, et le fait de devoir changer de salle pour chaque cours n'est pas adapté aux élèves handicapés ou malades au collège. "C'est trop fatiguant !". Et même si Danielle Chuzeville, membre de la commission spécialisée "Collèges, sport et culture" du Département du Rhône rappelle que le nombre de classes adaptées augmentent chaque année dans le Rhône : 59 ULIS* ont ainsi ouvert cette rentrée; "il est encore très difficile de faire reconnaître certaines maladies en milieu scolaire comme la dyslexie, la dysphasie ou la dyspraxie", estime Annick Lefèvre de l'association 123 DYS (https://www.123dys.fr/).
Elie Vignal, un collège-lycée adapté
Des contraintes qui n'existent pas à Elie-Vignal où "on n'a pas besoin de se battre avec l'équipe éducative pour faire reconnaître les adaptations nécessaires, dues à la maladie". Par ailleurs, les élèves ne changent pas de salle de classe, ce sont les professeurs qui se déplacent. L'établissement est construit de plain-pied; avec des couloirs extrêmement larges qui facilitent la vie des élèves en fauteuils-roulants. Une infirmière scolaire et plusieurs assistants de vie scolaire sont disponibles. Et les classes ne comptent guère plus d'une dizaine d'élèves.
Elie Vignal permet à des enfants qui décrochent du système scolaire de reprendre, y compris en milieu d'année, une scolarité. Il suffit pour cela de demander une notification à la Maison du Rhône des Personnes handicapées (MDPH). Une équipe pluridisciplinaire évalue alors leur demande et leur répond sous quatre mois maximum.
Plus "l'ombre d'un doute" sur la viabilité de l'établissement
Le collège-lycée situé en banlieue-nord de Lyon existe depuis 27 ans. Une convention le lie avec ses principaux partenaires (Rectorat, Ville de Caluire, Département du Rhône) jusqu'en 2013. Et même si la loi de 2005 a pu remettre, un temps, en question son existence, en particulier le soutien de l'Education nationale, "il n'existe plus l'ombre d'un doute, aujourd'hui, sur la viabilité d'Elie Vignal dans l'Académie" affirmait ce jeudi, Michel Petit, le conseiller Adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapés auprès du recteur d'Académie.
(*) ULIS : Unités spécialisées pour l'inclusion scolaire, des classes qui accueillent en petits effectifs des adolescents en situation de handicap, généralement de 11 à 16 ans en collège. Le nombre d'élèves d'une unité ne dépasse pas 10.
Renseignements : https://www.elie-vignal.fr/
https://www.rhone.fr/solidarite/handicap/mdph
Autres établissements scolaires spécialisés de l'Académie : https://www2.ac-lyon.fr/etab/ecoles/ec-01/romans-ferrari/index.html
je lis 'pas plus de 10 élèves dans les ULIS'. c'est bien loin d'être la réalité du terrain. La majorité des Ulis en collège sont à 14 élèves, faute de création de poste (et de classe Ulis...) sans parler des enseignants spécialisés qui ne sont JAMAIS remplacés en cas d'absence longue (parfois seulement remplacés par des professeurs des écoles qui n'ont pas la qualification nécessaire pour prendre en charge les élèves en situation de handicap). Merci Monsieur Chatel. la Loi de 2005 est encore loin, très loin d'être respectée dans l'Education nationale