Samedi, les victimes de l’opération dédiabolisation du Front national se sont réunies au parc de la Tête d’or pour le "XIVe Forum de la nation". L’occasion de rendre hommage au maréchal Pétain et de lancer, sous la houlette d’Alexandre Gabriac, un nouveau bastion de militants : les Jeunesses nationalistes.
"Le point presse est à 17h, pas avant. N’essayez pas de rentrer par les fenêtres, vous n’êtes pas des vendeurs de canapé". Le ton est donné par un garde en blouson noir, le cheveu rare. Bienvenue au XVe Forum de la nation, rassemblement des nationalistes de tout l’Hexagone, organisé par l’œuvre française, Jeune nation et tous les déçus ou déchus du Fn 2.0 de Marine Le Pen. Cette année, à l’intérieur du restaurant "Le pavillon du parc" à la Tête d’or, l’hommage est rendu au maréchal Philippe Pétain, 60 ans après sa mort. Yvan Benedetti, proche de Bruno Gollnisch et conseiller municipal de Vénissieux, récemment exclu du FN pour sa double appartenance à l’Oeuvre française, est l’initiateur de cette journée. A ses côtés, figure Alexandre Gabriac et Olivier Wyssa, conseillers régionaux, eux-aussi exclus du Front, mais aussi Pierre Sidos, fondateur "historique" de l’Oeuvre française, ou encore des membres de la Phalange espagnole.
Lancement des Jeunesses nationalistes
18h. Après une heure d’attente, les journalistes, encadrés, peuvent rejoindre une petite salle pour une conférence de presse. Devant la porte, un homme chauve et peu souriant, les bras croisés, surveille. "On est dans un pays libre !", chuchote une journaliste. Yvan Benedetti, Alexandre Gabriac et Jérôme Bourbon, directeur de Rivarol - journal d’extrême-droite - prennent place derrière une petite table. Yvan Benedetti commence : "Je tiens à dénoncer la pression médiatique qui laissait entendre qu’il y aurait des contre-manifestants". Se tenant dans un lieu privé, la manifestation a été autorisée par le préfet, et les associations militantes ont dénoncé cette décision. "Ce forum a été un grand succès toute la journée, avec aux temps forts, plus de 450 participants."
Yvan Benedetti est en colère : "Il y a une infiltration maçonnique au sein du Front, avec Collard et tous ses amis (…) Le marinisme est nourri par le sarkozysme déçu". Il revient sur son éviction du FN : "Certains ont dit qu’il n’y avait pas de purges. Par la force des choses, on est nombreux à se retrouver à l’extérieur, et beaucoup étaient dans la campagne interne avec Bruno Gollnisch". Le début d’une nouvelle force politique ? "Nous ne sommes pas sur le terrain de l’élection. Cela demande de faire partie du système. Nous travaillons sur le champ syndical, médiatique, associatif". Et militant, comme l’énonce Alexandre Gabriac : "Nous lançons les Jeunesses nationalistes suite à la déception de jeunes sur le terrain, mais aussi au FNJ." Du haut de ses 21 ans, il ajoute : "Il y a un gros potentiel militant sur Lyon et la région Rhône-Alpes".
"Des militants de l’Oeuvre française au FN"
Le plus jeune conseiller régional de France, exclu du FN pour un salut nazi, n’oublie pas de tacler Marine Le Pen : "Elle m’a dit que je pourrais rester au groupe FN Rhône-Alpes si je lui donnais ma signature pour les présidentielles". Lundi 17 octobre, la LDH, la Licra et SOS Racisme montent au créneau et demandent au préfet la dissolution des Jeunesses nationalistes. "Nous ne les laisserons pas divulguer impunément leurs doctrines négationnistes et antisémites", affirment les associations dans un communiqué.
Yvan Benedetti, codirigeant de l’Oeuvre française avec Pierre Sidos, mouvement nationaliste et antisémite, a affirmé sans détour, mais sans donner de noms, qu’ "il y a encore des militants de l’Oeuvre française qui appartiennent au Front, et qui étaient autour de Gollnisch". Il regrette malgré tout l’évolution du mouvement et lâche, blasé : "La dédiabolisation conduit à la défrontisation."
Belle manoeuvre de communication aux goûts ultra-identitaires (vous avez vu le logo de Jeunesses nationalistes ? Un aigle, une couronne de laurier... La garde prétorienne se constitue-t-elle ?) Mais à quoi bon ? Les 'grandes gueules' sont stockées dans les mouvements dit 'alternatifs', et la machine 'politiquement correcte' parée pour l'élection avance... Jouant les 'faux amis' aujourd'hui, qu'est ce qui nous garantie qu'ils ne se réuniront pas après avoir gagné les élections ? La France perdra bientôt son triple A... Entendez vous le 'Marine, Marine, Marine' au loin ? Oui. C'est vraiment une belle manoeuvre de communication.