Jean-Michel Aulas : "Vendre deux joueurs d’ici le 30 juin"

Jean-Michel Aulas a évoqué vendredi, lors d’une conférence de presse téléphonique, la situation économique d’OL Groupe qui, sur l’exercice 2010-2011, a accusé une perte de 28 millions d’euros. Pour autant, le président de l’OL reste confiant et annonce qu’il faudra se séparer de deux joueurs d’ici le 30 juin. JMA martèle par ailleurs son envie de rester encore longtemps à la tête de l’OL.

Vous avez annoncé une perte de 28 millions d’euros sur l’exercice 2010-2011. Quelles mesures correctives allez-vous apporter pour résorber le déficit sur l’exercice à venir ?

Le résultat de perte de 28 millions est en progression positive par rapport à l’année dernière (-35 millions) mais toujours négatif. Les mesures engagées sont celles annoncées en début de saison : la baisse de la masse salariale. On devait vendre quatre joueurs cet été, on n’en a vendu que deux. Il faut compenser ce qui n’a pas été fait en réalisant une cession de deux joueurs dans le courant de l’année. Lors du mercato d’hiver ou au début du mercato d’été, au 30 juin. Il faut continuer de réduire la masse salariale en négociant au plus près les reconductions de contrat ou les premiers contrats pro des jeunes. Bref, il faut, d’une manière générale, réduire le train de vie de l’ensemble du club tout en prenant un certain nombre d’initiatives comme nous l’avons fait.

L’OL est le club qui depuis deux ans perd le plus d’argent. Est-ce une situation que vous vivez mal ?

Pendant cinq ans, on a été le club qui gagnait le plus d'argent. Je pense que, comme le petit écureuil, on a mis des réserves qui aujourd’hui nous servent effectivement à participer à ce déficit. Maintenant, Lyon reste le premier club français sur le plan de sa structure juridique et financière avec plus de 100 millions d’euros de capitaux propres.

L’investissement sur Yoann Gourcuff a pas mal impacté sur les finances du club. La saison dernière, vous aviez expliqué que ce joueur allait rapporter des millions d’euros à l’OL dans les trois à quatre ans. On en est loin. Est-ce inquiétant ?

Qu’on n’ait pas tenu ce qu’on pensait faire, oui, c’est le cas... Comme tous les gens qui font des prévisions et des projets. C’était des idées de développement. La personne, Philippe Sauze (ancien Directeur général), qui avait pris cette responsabilité, n’est pas restée chez nous. On a corrigé le tir. A partir de là, est-ce que ça veut dire qu’on n’aura plus de ressources de contrats d’image avec Yoann Gourcuff, c’est un peu prématuré de le dire. Je pense qu’il faut d’abord que Yoann Gourcuff revienne à son meilleur niveau. Et que de notre côté, sur le plan du savoir-faire, on imagine le développement de ce droit d’image de manière différente.

Comment expliquez-vous la baisse de billetterie ?

Vous avez mal lu les chiffres* ! La baisse de billetterie n’est liée qu’à la Ligue des champions. On a joué le quart et la demi-finale l’année d’avant donc la seule différence en billetterie est sur ces deux matchs que nous n’avons pas joués. C’était difficile de faire mieux (sourire). Au niveau du championnat, et je le confirme en ce début de saison, on est en ligne avec nos meilleures performances. Je n’ai pas d’inquiétude là-dessus.

“Je n’ai jamais eu envie de vendre”

Vous avez prolongé plusieurs joueurs, est-ce dans une volonté de les garder et de les valoriser plus tard ou bien est-ce une volonté comptable d’étaler les charges d’amortissement ?

Les deux ! (Rires). Il y a des joueurs qu’on veut garder. Vous avez vu qu’on n’a prolongé que les très bons joueurs, donc on veut les garder. On veut aussi protéger notre actif (175 millions d’euros de valeurs commerciales). On a pris de bonnes décisions de gestion. Il s’avère que, lorsqu’on prolonge un joueur, on augmente la durée d’amortissement donc on minimise sa valeur annuelle. En même temps qu’on prolonge un joueur, on diminue son coût dans les comptes.

Si on vous suit bien, vous allez devoir vous séparer de deux joueurs pour équilibrer vos comptes ?

Comme on est une société cotée en Bourse, on ne peut rien cacher (sourire). Donc, je vais vous répondre. Oui, nous envisageons de rattraper le temps perdu ou du moins les opportunités non saisies d’ici le 30 juin. C’est-à-dire, concrètement, de vendre deux joueurs. L'idée, c'est de réduire le train de vie du club.

Quels sont les joueurs qui ont une valeur permettant d’assainir les comptes ?

Je ne peux pas vous dire nominativement. Pour pouvoir vendre, il faut avoir des propositions. Ce que je peux dire, c’est qu’on a une structure d’équipe très forte. On possède des joueurs comme Lloris, Lisandro, Gourcuff, Cris, Bastos ou Gomis, aux destins internationaux, qui ont une valeur marchande importante. Nous avons également des jeunes joueurs talentueux.

C’est une politique que vous souhaitez poursuivre ?

Oui, tout à fait. On va essayer de conforter la quasi-totalité des joueurs sur lesquels il n’y a aucune question d’avenir en terme de valeur. Pour eux, c’est sécurisant, ils ont un contrat. Et pour le club, ça baisse le niveau des amortissements. Cela nous permettra de passer le cap de deux années difficiles en attendant la construction du stade. Et de sécuriser l’actif.

Êtes-vous tenté, à l’instar de Margarita Louis-Dreyfus avec l’OM, de vendre l’OL ?

Je ne m’attendais pas à une telle question ! Si j'avais envie de vendre, je ne le dirais pas dans une interview au Monde (sourire). Je ne pense pas que Margarita ait réellement envie de se séparer de l’OM. Pour répondre à votre question, n’oubliez pas, j'ai pris l'Olympique lyonnais en D2, en 1987. L'objectif, c'est d'aller au bout de l'histoire. Pour devenir un grand club européen, pour un jour être en capacité de remporter la Ligue des champions, ça passe forcément par la construction du Stade des Lumières, à l'horizon 2014. Alors construisons d'abord le stade. Faisons en sorte d’être compétitif. Je n’ai jamais eu envie de vendre. J’ai juste eu des gestes de dépit l’année dernière car j’ai passé une année difficile. Nous sommes repartis sur un schéma sain.

*Variation de -23,4 % en un an.

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