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L'eau du Grand Lyon fait saliver

La campagne pour la municipalisation de l'eau démarre ce vendredi 28 octobre. Emmenés par un collectif de syndicats, d'associations et de partis de gauche, ses partisans veulent convaincre Gérard Collomb. En face, les multinationales ont aussi des arguments.

Lyon Capitale ouvre le débat sur l'eau. Retrouvez dans la prochaine édition du mensuel, un dossier consacré au renouvellement de la délégation de service public dans le Grand Lyon. En 2015, la communauté urbaine remet en effet le contrat de la distribution en jeu, gérés aujourd'hui par Veolia et Suez. Et déjà, pro et anti-multinationales commencent à se mobiliser. Vendredi 28 octobre, démarre la " campagne citoyenne " pour la municipalisation menée par le collectif des États généraux du service public (EGSP) qui rassemble des syndicats (CGT, FSU...), des associations (ATTAC, ACER...) et des partis politiques de gauche (PS, PCF, EELV...). " Quand on sait qu'il faut environ 18 mois pour mettre en œuvre une telle gestion, il faut s'y prendre dès 2013. Or, 2013, c'est demain ", justifie Jean-Michel Drevon, un des responsables du collectif.

EGSP va mettre les bouchés doubles pour convaincre les élus du Grand Lyon d'abandonner la délégation de service public. Première étage de la fusée : une pétition pour demander la suppression de l'abonnement, jugé " scandaleux " : " C'est l'un des plus chers de France. Or, ce sont les petits consommateurs, comme vous et moi, qui payons pour les plus gros ". De l'aveu de Jean-Michel Drevon, l'initiative a cependant peu de chance d'aboutir. Second étage, plus modeste mais aussi plus réaliste : instaurer un débat sur le mode de gestion. " Il faut se donner les moyens de pouvoir choisir : entre une DSP complète, partielle ou une régie ", reprend l'animateur d'EGSP. Une lettre sera envoyée à tous les élus de la communauté urbaine pour connaître leur position. En ligne de mire, le Parti socialiste lyonnais. Selon Jean-Michel Drevon, il serait " partagé " entre la défense du service public et... leur patron. " On sait que Gérard Collomb (président du Gand Lyon, ndlr) est plutôt favorable à la DSP et à Veolia mais il ne faut pas oublier qu'il y a les municipales en 2014... Les choses peuvent bouger. L'important, c'est d'ouvrir le débat. Et ensuite, c'est à nous de faire la démonstration que la régie est le meilleur mode de gestion de l'eau ", conclu Jean-Michel Drevon.

Gérard Collomb suivra-t-il l'exemple de Bertrand Delanoë ? En 2010, le maire de Paris a mis fin aux contrats de Veolia et Suez et est passé en régie. Bordeaux pourraient faire la même chose. En quelques années, le rapport de force entre les collectivités locales et les multinationales s'est équilibré, voire inversé. Quand elles ne basculent pas en régie, les communautés urbaines profitent des fins de contrat pour négocier des baisses de tarifs. Saint-Etienne : -23% ; Toulouse : -12,5% ; Reims : -10%. Pour conserver leurs marchés, les grandes entreprises de l'eau misent sur leurs compétences et leurs savoir-faires, mais aussi sur leurs carnets d'adresses. Remplis d'élus et de fonctionnaires qu'elles ont parfois employés entre deux mandats ou deux maroquins. Et qui savent apprécier les " petits cadeaux " : séjours dans les îles, places gratuites au stade, etc. Des " attentions " légales mais qui posent la question du conflit d'intérêts. Gérard Collomb et son équipe y seront-ils sensibles ? Réponse dans quelques mois.

Retrouvez l'intégralité de notre dossier sur la question de la municipalisation de l'eau lyonnaise dans le mensuel Lyon Capitale de novembre, en kiosque ce vendredi 28 octobre.

Mise à jour : En vertu de l'arrêt Olivet du Conseil d'Etat (lire notre dossier dans le numéro du mois), le Grand Lyon peut remettre en cause en 2015 le contrat de la distribution de l'eau, et non celui de l'assainissement comme indiqué un temps par erreur.

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