ÉVENEMENT - Le 11 novembre, après trois années de travaux de rénovation, le Théâtre national populaire de Villeurbanne a rouvert ses portes. Métamorphosé, le TNP renaîtra, jusqu'au 11 décembre, avec Ruy Blas de Victor Hugo. Tout un symbole.
Un grand théâtre et un petit, ainsi qu’un cabaret dans une brasserie, constituent désormais le TNP, qui s’est aussi doté de quatre salles de travail et de répétition, vastes et lumineuses, dont trois peuvent accueillir du public. “J’aime que le théâtre se fabrique en pleine lumière et non dans un endroit ombre et isolé”, s’exclame Christian Schiaretti, directeur des lieux et metteur en scène, ajoutant qu’“un théâtre est d’abord un lieu où travaillent les acteurs”.
Un bâtiment historique magnifié
Le TNP s’étend désormais sur 15 000 mètres carrés, après des travaux ayant coûté 32,8 millions d’euros, faisant du lieu l’un des plus beaux espaces dédiés au théâtre en France. La cage de scène estagrandie ; la salle de spectacle garde sa forme de “coquille Saint-Jacques, comme la définit le document d’architecture, appréciée notamment pour ce mouvement qui assure aux spectateurs une visibilité égale et une répartition démocratique” ; un atelier costumes a même été créé. Le projet architectural a répondu au désir de mettre en valeur le bâtiment historique, de développer une architecture contemporaine originale, d’ouvrir le théâtre sur la ville et de concevoir une continuité entre le petit théâtre et le bâtiment principal. “L’architecture initiale de Môrice Leroux, réalisée dans les années 1930, est à la fois respectée et réinterprétée à partir de sources historiques”, spécifie l’équipe du TNP.
“Je revendique la grande utopie hugolienne”
Dans cet écrin idoine, Christian Schiaretti présentera sa nouvelle création, Ruy Blas de Victor Hugo. Résonnent alors les mots d’Hugo extraits de la préface à Marion de Lorme, repris par le metteur en scène : “Créer tout un théâtre, un théâtre vaste et simple, un et varié, national par l’histoire, populaire par la vérité, humain, naturel, universel par la passion.” Retour aux sources de l’idéologie du TNP pour Schiaretti avec Hugo. “Hugo, personne n’y va ! Il y a une défiance vis-à-vis du théâtre hugolien, considéré comme un peu ridicule. Mais je demeure fidèle à mes engagements, quitte à assumer ce ridicule. Ensuite, parce que je dirige le TNP, et que ces trois mots – “théâtre”, “national”, “populaire” – ont été réunis et définis pour la première fois par Victor Hugo, en 1830. Je revendique le grand vent hugolien, la grande utopie hugolienne et le manifeste théâtral que dessinent ces trois mots mis ensemble”, confie le metteur en scène, ajoutant que “Ruy Blas est la plus belle pièce d’Hugo… C’est une œuvre assez noire, nimbée d’une sorte d’onirisme étrange”. “Le théâtre français, le TNP le portera en bannière, le théâtre, rien que le théâtre, dans son alchimie textuelle, sera notre préoccupation première”, martèle Christian Schiaretti. Alors, place au TNP du XXIe siècle.
Ruy Blas. Du 11 novembre au 11 décembre, au TNP, grand théâtre, salle Roger-Planchon.