Beaujolais : de l'acide chlorhydrique dans l'eau du robinet

EXCLUSIF - Les habitants de Saint-Georges-de-Reneins (Rhône) n'en n'ont pas été informés, mais, le 19 octobre, de l'acide chlorhydrique a été déversé dans les canalisations d'eau potable.

A Saint-Georges-de-Reneins (Rhône), il y a plus d'un mois, les habitants ont eu la surprise de voir couler une eau jaunâtre, mousseuse et qui sentait le soufre. "La directrice de la halte garderie m'a prévenu le soir même en me disant de ne pas donner à boire, le lendemain matin, aux enfants. Elle trouvait que l'eau était bizarre", a expliqué une éducatrice de la crèche du village. "Mais la mairie ne nous a rien dit. Ils sont venus le lendemain vers 11h apporter des bouteilles d'eau. Sans donner plus d'explication."

Personne n'a su ce qui s'était passé. L'eau n'a pas été coupée et aucune information précise n'a été diffusée à l'école du village, auprès des professionnels de santé ou des habitants. Pourtant l'eau potable était polluée par un produit toxique et corrosif : de l'acide chlorhydrique. Utilisé pour nettoyer un puits de captage d'eau, situé à Port-Rivière au bord de la Saône, de l'acide chlorhydrique s'est échappé vers les canalisations. Le ph de l'eau serait descendu à 4, sachant que la marge acceptable du pH de l'eau potable est comprise entre 6,5 et 8,5. "Tout dépend des quantités d'acide qui ont été déversées, mais avec un pH à 4, l'eau est impropre à la consommation", analyse Andrea D'Amico, médecin toxicologue à Lyon. "Potentiellement, si des usagers ont bu cette eau, elle a pu les brûler. Avec les produits acides, les dégats se retrouvent souvent au niveau du tube digestif, de l'oesophage. Cela peut provoquer des vomissements."

"Quand vous buvez une citronnade ou un Coca, c'est dix fois plus acide !"

A la mairie, un adjoint au maire, confirme l'incident : "Au niveau du puits, le taux d'acidité était très important mais au fur et à mesure dans les canalisations, les taux baissaient". L'eau, très acide, a entrainé avec elle des résidus de fer, de manganèse et de matières organiques. Mais la SDEI, l'exploitant et distributeur d'eau potable, a jugé qu'il n'y avait pas de danger particulier. "Pour nous, il n'y avait pas de risque sanitaire", déclare Jean-Jacques Sarkissian, chef d'agence de la SDEI, une filiale de la Lyonnaise des Eaux. "Du coup, nous avons pris la décision de ne pas couper l'eau". Mme Dufour, responsable de l'assainissement à la mairie, assure que les doses d'acide chlorhydrique n'étaient pas toxiques : "Quand vous buvez une citronnade ou un Coca, c'est dix fois plus acide !".

Mais, entre 17h et 22h, la SDEI a enclenché un système de purges : des poteaux à incendie ont recraché l'eau polluée. Les pompiers de Belleville-sur-Saône, dépêchés sur place, ont trouvé un mot de l'exploitant sur les bornes à incendie précisant de les laisser couler. A 17h, Patrick Bagdhassarian, le maire de Saint-Georges-de-Reneins, a été le seul à être informé du relargage d'acide chlorhydrique dans les canalisations. Le lendemain en fin de matinée, des packs d'eaux minérales ont été distribués : "par mesure de précaution" assure-t-on à la mairie.

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