Alors que l'Insee prévoit une récession début 2012 en France, l'exécutif municipal soumet ce lundi soir un projet de budget de 717 millions d'euros pour 2012 au conseil municipal, avec 18 millions d'euros de plus d'investissements qu'en 2011. Standard & Poor's confirme de son côté le double AA de la ville. La droite devrait voter contre.
Le Power Point du projet en main et la note de l'agence Standard & Poor's, le maire de Lyon et son adjoint aux finances, Richard Brumm, ont présenté le budget primitif 2012 de la Ville de Lyon à la presse vendredi. "S'ils ne craignaient pas que la note de l'Etat soit dégradée dans les prochains jours ou les prochaines semaines, ils auraient remonté la note de la Ville" a fait remarqué le maire de Lyon immédiatement. Gérard Collomb qui est apparu très fier du maintien du double A de la Ville, confirmé le 16 décembre par Standard & Poor's a opposé la "Rolls Royce de la notation" à l'agence Fitch, qui note notamment la Région Rhône-Alpes. Une notation qui coûte 20 000 euros à la Ville.
Un contexte difficile
Richard Brumm a ensuite recontextualisé son projet de budget. Il a expliqué avoir construit celui-ci alors que les dotations de l'Etat en direction des collectivités seront gelées à nouveau cette année. "Une très bonne chose, selon l'opposition, pour qui les collectivités devraient faire de même", a affirmé Michel Havard. Sans parler de la création du fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC), un fonds "chargé de redistribuer l'argent des communes urbaines les plus riches vers les communes rurales sous fiscalisées" a expliqué le sénateur-maire, et qui va ponctionner selon les estimations "entre 1,5 et 3 millions d'euros" en 2012 à la ville de Lyon. Enfin, l'adjoint aux finances a rappelé la difficulté pour les collectivités d'emprunter aux banques pour financer leurs investissements. "Servez-vous de vos fonds propres qui doivent faire l'objet d'une gestion dynamique", lui a reproché le groupe UMP, lors d'une conférence de presse consécutive.
Les services financiers de la Ville de Lyon ont mis sur pied un projet de budget de 717 millions d'euros pour 2012 (fonctionnement et investissement compris, en hausse de 24 millions d'euros par rapport à 2012). Les dépenses de fonctionnement sont stables : +0,1% en deux ans, dont 307,3 millions d'euros consacrés à la masse salariale (57% de la totalité des dépenses de fonctionnement), en hausse de 1,9% par rapport à 2011. 7 postes seulement seront créés cette année. La Ville de Lyon, en outre, devra faire face à des dépenses exceptionnelles cette année, dont 800 000 euros pour l'organisation des scrutins présidentiel et législatifs selon l'estimation du maire.
Moins d'un tiers d'emprunts bancaires déjà financés
Côté investissement, l'exécutif a révélé vendredi qu'il prévoyait 134 millions d'euros consacrés aux nouveaux projets cette année, en hausse de 18 millions d'euros par rapport à 2011. Des projets financés à hauteur de 95 millions d'euros par les recettes propres de la Ville (159 millions de taxe d'habitation et 140 millions de taxe foncière sont prévus en 2012). 40 millions d'euros d'emprunts bancaires sont espérés également, dont 15 millions déjà validés par la Caisse des dépôts et Consignations (CDC) au titre de l'ANRU en 2012.
Pour autant, le budget primitif ne constitue qu'un projet. La majorité le réalisera-t-elle au final ? Certainement pas, affirme déjà l'opposition qui joue les Cassandre. Michel Havard, député et Laurence Ballas, conseillère municipale UMP se sont exprimés à ce sujet vendredi. "L'année dernière, c'était déjà pareil, ils avaient prévu 109 millions d'euros d'investissements, ils en ont fait 95", explique Laurence Ballas. "Le taux de réalisation est mauvais", estime Michel Havard qui indique que si "les ressources propres de la ville sont assez dynamiques, cela risque de toute façon d'exploser fin 2012 si le maire fait tout ce qu'il a promis. Le maire devra choisir entre investissement et fonctionnement, dans un contexte de peu d'efforts sur les dépenses de fonctionnement". "Ce qu'il a fait, il l'a fait en vendant les bijoux de famille (Grolée, la CNR)", sa marge de manoeuvre serait donc plus que limitée selon l'UMP. Le groupe Ensemble pour Lyon (UMP) votera lundi soir contre le projet de budget de la Ville de Lyon affirmant sa position d'opposant au maire de Lyon.