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Présidentielle : Mélenchon, champion du vote protestataire

Sondage exclusif – Comme en 2002, la campagne électorale ne satisfait pas les Français, qui portent un regard très critique sur leurs élus. Le sondage OpinionWay Fiducial réalisé pour Lyon Capitale est à bien des égards édifiant et amène à lire avec beaucoup de prudence tous les sondages d’intention de vote : les 22 avril et 6 mai prochains, une majorité de Français s’apprêtent en effet à exprimer en priorité leur mécontentement.

Autre enseignement de ce sondage : pour les déçus, Jean-Luc Mélenchon est devenu le champion du vote protestataire, devant Marine Le Pen.

sondage ()

La mère des élections de la Ve République ne fait plus recette. En tout cas, les Français n’y trouvent plus leur compte : 65 % des Français inscrits sur les listes électorales se disent “assez déçus” (49 %) ou “très déçus” par la campagne électorale, selon un sondage exclusif OpinionWay Fiducial réalisé pour Lyon Capitale. La déception atteint des sommets chez les plus jeunes (18-24 ans), qui se disent “déçus” à 78 %. Elle touche cependant toutes les classes d’âge et toutes les catégories socioprofessionnelles, les CSP+ (71 % d’insatisfaits), comme les CSP- (65 %). Politiquement, l’insatisfaction concerne tout le spectre politique, culminant aux extrêmes mais aussi au Modem (75 % d’insatisfaits), à l’exception notable de la droite : les électeurs UMP se disent majoritairement (à 57 %) satisfaits de la campagne. Mais ils sont bien les seuls.

Les Français sont las et méfiants

Sond2 morosité lassitude ()

Pis, 53 % des Français parlent de “méfiance”, 51 % de “lassitude” et 29 % de “morosité” pour décrire leur état d’esprit à l’égard de la campagne. La méfiance culmine chez la gauche radicale (74 %), avec une pointe à 94 % chez les (rares) partisans de Philippe Poutou qui ont été interrogés pour les besoins de ce sondage. Une fois de plus, les jeunes sont les moins enthousiastes, puisque c’est chez les 18-25 ans que la “lassitude” culmine, à 62 %.

Des politiques perçus avant tout comme corrompus

sond4 corrompus ()

La vision des élus et dirigeants politiques par nos concitoyens est aussi particulièrement détériorée, puisque le premier adjectif qui ressort est… “corrompus”, à 57 % ! Devant “respectueux de la démocratie” (56 %) et “compétents” (53 %). Seuls les plus de 60 ans se montrent plus indulgents avec le personnel politique, qu’ils jugent à 60 % courageux et à 65 % compétents. Mais, au global, 71 % des Français ne jugent pas leurs élus “dignes de confiance”.

Un vote de contestation au plus haut

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Conséquence logique, seuls 62 % des Français s’apprêtent à voter pour un candidat qu’ils apprécient, alors que 37 % voteront contre un candidat qu’ils n’apprécient pas. Le vote “contre” est particulièrement fort chez les électeurs qui s’apprêtent à voter François Hollande au second tour : seuls 59 % d’entre eux s’apprêtent à le faire parce qu’ils apprécient le candidat socialiste, tandis que 39 % de ses électeurs le feront pour voter contre un autre candidat. Distancé dans les sondages, Nicolas Sarkozy bénéficie d’un électorat plus solide, puisque 74 % de ses électeurs voteront pour lui parce qu’ils l’apprécient.

Sortir de la crise

Sond5 sortir la France de la crise ()

Si autant de Français sont insatisfaits de cette campagne, c’est que les candidats ne semblent pas en mesure de répondre à leur préoccupation première : l’état économique du pays. 61 % des “déçus” expliquent en effet qu’ils attendent de leur candidat qu’il mette en avant des solutions pour “sortir la France de la crise”, 53 % pour “mieux partager les richesses” et 43 % pour “relancer la politique industrielle”. Dans le détail, le meilleur partage des richesses est surtout une préoccupation de gauche, puisqu’il n’intéresse que 17 % des électeurs UMP, quand la réduction de l’immigration légale préoccupe essentiellement la droite (12 % pour la gauche, 47 % pour la droite). Résultat peut-être moins attendu, les ouvriers sont la seule catégorie à réclamer majoritairement une baisse des impôts (53 %).

Mélenchon, le plus protestataire…

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Comment se traduira électoralement cette déception ? C’est encore difficile à dire. Mais les déçus font de Jean-Luc Mélenchon le champion de la protestation, devant Marine Le Pen… et François Hollande. Le candidat socialiste arrive devant les candidats d’extrême gauche, ou du centre. Une fois de plus, son avance dans les intentions de vote ne traduit pas un vote d’adhésion, mais pour une partie non négligeable de l’électorat il apparaît comme un moyen d’exprimer un mécontentement.

… et le plus motivé pour “changer les choses”

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Le candidat du Front de gauche est aussi perçu par les déçus comme celui qui a le plus envie de changer les choses en profondeur, passant une nouvelle fois devant la candidate du FN. Sur ce terrain, François Hollande est relégué cette fois à la 6e place, juste devant François Bayrou. Le président de la “rupture”, lui, ne convainc plus sur ce terrain : même pour ses propres électeurs, Nicolas Sarkozy incarne majoritairement (51 %) l’“envie de préserver le système actuel au maximum”, pour seulement 43 % qui le perçoivent comme ayant “envie de changer les choses en profondeur”.

Les déçus exprimeront leur mécontentement

Sond6 mécontentement ()

Avec autant de Français insatisfaits de la campagne et qui s’apprêtent à utiliser l’élection présidentielle pour exprimer leur “mécontentement”, les projections de vote sont forcément à regarder avec des pincettes. On pense naturellement au précédent de 2002 : entre un Jacques Chirac “usé” et un Lionel Jospin essoré, les Français n’étaient pas satisfaits non plus de la campagne. Mais, jusqu’à la dernière semaine, aucun sondage n’est venu annoncer une remise en cause du duel annoncé entre le président et le Premier ministre. Ce n’est que dans la dernière semaine que les Français déçus se sont réellement décidés sur leur vote, et que la qualification de Jean-Marie Le Pen s’est dessinée, stupéfiant la France et les observateurs politiques.

Pour comprendre les causes de cette insatisfaction des Français, et les implications électorales qu’elle pourrait avoir, la rédaction de Lyon Capitale part pendant une semaine à la rencontre de ces Français “déçus”. Nous publierons leurs portraits et l’intégralité des résultats de ce sondage dans un numéro spécial sur les déçus de la présidentielle, à paraître vendredi 30 mars.

Méthodologie : Étude réalisée auprès d’un échantillon de 947 personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 1051 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge et de catégorie socioprofessionnelle, après stratification par région.
Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview).
Dates de terrain: les interviews ont été réalisées du 14 au 15 Mars 2012. OpinionWay rappelle par ailleurs que les résultats de ce sondage doivent être lus en tenant compte des
marges d'incertitude : 2 à 3 points au plus pour un échantillon de 1000 répondants. OpinionWay a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252.

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