Vers un enterrement définitif du contournement autoroutier de Lyon ?

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Le préfet a enterré un vieux serpent de mer lyonnais : le contournement ouest de Lyon (COL), censé soulager les quais du Rhône et le tunnel de Fourvière. Jean-François Carenco a présenté une alternative : un grand contournement Est. Qui pose beaucoup de questions.

Et si c'était le coup de grâce ? Lundi dernier, le préfet Carenco semblait vouloir enterrer le Contournement ouest de Lyon (COL). "Ce projet n'est ni finançable, ni faisable, ni raccordable", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse. Le représentant de l'Etat a désigné une alternative : le grand contournement Est. Est-il seulement réalisable ?

Le contournement Est, "déjà aux trois quarts réalisés"

Inscrit au schéma national des infrastructures de transport, le ring autoroutier parait indispensable pour reconfigurer à terme l'autoroute qui scarifie les quais du Rhône, l'échangeur de Perrache et pollue la Confluence. Aujourd'hui, 101 497 véhicules empruntent le tunnel de Fourvière tous les jours (dont 6,3% de poids lourds, moyenne annuelle 2010). Problème, le COL coûte cher : de 1,7 à 2,1 milliards d'euros selon des estimations réalisées il y a dix ans. Il s'agit de nicher une autoroute en contrebas des monts du Pilat, des monts du Lyonnais, des monts du Beaujolais, en évitant les vignobles AOC des Cotes du Rhône et des Coteaux du Lyonnais. Le tout enterré, pour le rendre acceptable par une population très attachée à son cadre de vie.

Face à ces difficultés, le préfet a désigné une alternative : le grand contournement Est, moins cher. En réalité, ce ring existe déjà : l'A432 qui dessert l'aéroport St-Exupéry relie l'A43 (Lyon-Grenoble) à l'A46 (Rocade Est) au nord de Rillieux, en direction de Paris (A6). Il ne manque que sa moitié sud, pour une liaison entre l'A43 et l'A7, débouchant au nord ou au sud de Vienne. François-Noël Buffet, sénateur-maire d'Oullins (UMP), s’en fait l’avocat : "c'est un ouvrage qui est déjà aux trois quarts réalisés et qui dessert l'aéroport St-Exupéry. Il coûte moins cher. Et il soulagerait immédiatement la Rocade Est", plaide-t-il.

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Plus long que Fourvière, le COL et la Rocade Est

Cette proposition n'est pas nouvelle : la commission nationale du débat publique l'avait toutefois exclue en 2001. Notamment parce que le trajet pour l'Ouest est plus direct : équivalent en termes de distance au passage sous Fourvière, il est plus rapide de dix minutes. Il est aussi plus court de 18 km par rapport à la Rocade Est. Le différentiel serait encore plus important avec le grand contournement Est. Quel peut-être en effet l'intérêt pour les automobilistes d'emprunter un ring autoroutier encore plus long ? Ne continueraient-ils pas à aller au plus direct, c’est-à-dire Fourvière ? Seuls les poids-lourds pourraient être contraints de l'utiliser, à la faveur d'une réglementation qui leur interdirait le tunnel de Fourvière - c'est actuellement le cas - et la Rocade est. Peuvent-ils assurer la rentabilité de l’autoroute ?

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De plus, le grand contournement Est se heurte à l'opposition farouche des élus. Le projet de COL avait été avancé conjointement avec celui du contournement ferroviaire de l'agglomération lyonnais, jugés "complémentaires". A l'ouest les bagnoles, à l'est les trains. "Trop, c'est trop". Les maires de Bron, St-Priest, Chassieu, Mions et Décines tenaient le 22 mars une conférence de presse (lire ici). "Les territoires de l'Est sont blessés, meurtris depuis longtemps", déplore Martine David (PS), maire de St-Priest, présentant la Rocade Est - pensée au début comme une "rocade des villages" - comme "un mur de camions". C’est elle qui fait aujourd’hui office de ring autoroutier, avec ses ses 81 609 véhicules/jour, dont 18,3 % de poids lourds.

Le TOP remis en cause ?

Les déclarations de Jean-François Carenco pourraient conduire au statu quo. C’est d’ailleurs ce que demandent les écologistes. "Il ne doit se faire ni ici, ni ailleurs", soutient Jean-Charles Kholaas, conseiller régional écologiste. "La Rocade Est a été conçue pour faire sauter le bouchon de Fourvière. Cinq ans après, ils étaient tous les deux bouchés", rappelle-t-il. Le conseiller régional défend tout à la fois l'aménagement de l'A7 en boulevard urbain sur le territoire lyonnais et l'absence de constructions autoroutières nouvelles. "Nous pensons que dans 20 ans, le trafic automobile aura nettement diminué".

Reste une inconnue : la position de Gérard Collomb. Il avait conditionné la réalisation du Tronçon ouest du périphérique (TOP), un ouvrage aussi cher et qui sert une circulation locale, à l’engagement de l’Etat de faire le COL. Peut-il revoir sa position ? Il a pris acte des propos du préfet mais attend "une clarification officielle de l'Etat sur ses intentions", selon une collaboratrice. En mal de crédits, l’Etat, le Département et la communauté urbaine pourraient être tentés de s’associer pour financer un projet routier commun. Qui ne serait ni tout à fait le TOP, ni tout à fait le COL, mais qui contournerait l'agglomération.

A lire dans le prochain numéro de Lyon Capitale (mois d'avril) un dossier "Le contournement autoroutier de Lyon se fera-t-il à l'Est ?", en vente à partir de vendredi chez votre marchand de journaux.

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