Hollande à Vaulx-en-Velin : sait-il parler à la banlieue ?

A Vaulx-en-Velin ce vendredi, le candidat socialiste s’est employé à mobiliser un électorat qui pourrait le bouder. Il insiste sur de nouvelles propositions, comme la remise à plat du dispositif des zones franches. "Il n’y a pas d’apparence dans la République, il n’y a que l’appartenance à la communauté nationale", a-t-il lancé lors d'un meeting de plein air.

Esprit de Ségolène, es-tu là ? Par un périple de 48 heures dans les banlieues françaises, le candidat socialiste s’emploie à renouer avec un électorat qui en 2007 s’était mobilisé en faveur de la présidente de Poitou-Charentes. Il a choisi Vaulx-en-Velin pour commencer, ce vendredi, une commune où Ségolène Royal avait justement réalisé 64% des voix au second tour de la présidentielle. Il affirme avoir opté pour cette ville parce qu’elle fut berceau des émeutes urbaines il y a plus de vingt ans. "C’est à la suite de ce drame qu’il y a eu la création d’un ministère de la ville", rappelle-t-il.

"Pas d'apparence, que l'appartenance à la communauté nationale"

François Hollande peine cependant à captiver cet électorat qui pourtant est hostile à Nicolas Sarkozy. Il n’a pas vraiment cherché jusqu’alors à entrer en contact avec ces populations citadines. C’est dans un jardin à demi-rempli qu’il a terminé son mini-meeting de plein air, au nouveau centre-ville. "Il n’y a pas d’apparence dans la République, il n’y a que l’appartenance à la communauté nationale (…) il n’y aura que des citoyens français à égalité de droits et de devoirs", a-t-il lancé, entre deux attaques au président sortant.

A son arrivée au Mas-du-Taureau, François Hollande a pourtant bien trouvé ses fans. Des "folles furieuses" qui donnent de la voix. Shereen, Sara, Rahma, Vanessa, Inès et Sheïma trépignaient derrière le grillage de la cour d’école Jean Vilar. "C’est le prochain président", lance l’une d’elles. Pourquoi lui demande-t-on ? "Parce qu’il est gentil", avance-t-elle. "Sarkozy a déjà été président, c’est le tour d’Hollande", complète une autre. Quand le député de Corrèze arrive, des gamins se faufilent parmi la meute de journalistes. "Je veux un autographe dédicacé", demande l’un d’eux.

Une zone franche qui ne recrute pas ici

Mehdi, 17 ans, vient l’interpeller sur les contrôles policiers au faciès et sur les discriminations au travail. "J’espère qu’il va pouvoir faire quelque chose", nous confie-t-il. Un autre, plus agacé, enrage de voir les élus penser à eux seulement lors des élections. Il s’est engagé dans l’armée, faute d’avoir pu trouver un emploi ailleurs. "Les boutiques du Carré de Soie, elles paient pas d’impôt (vérification faite, Carré de Soie n’appartient pas à la zone franche urbaine, ndlr). Tous les jeunes de Vaulx ont postulé, on a passé des tests. Ils en ont peut-être recruté trois". Un constat corroboré par Hélène Geoffroy, maîtresse des lieux et candidate aux législatives de juin prochain : "40% des jeunes sont au chômage. Pourtant nous avons une zone industrielle dense". Lors d’une table ronde, Cédric confie avoir choisi une formation en alternance parce que son frère, pourtant diplômé de l’Insa, a mis deux ans avant de décrocher une embauche. "On m’a toujours dit qu’il fallait travailler deux fois plus parce que je suis issu de banlieue", témoigne-t-il. Il veut que cette jeunesse incarne aussi "une possibilité". Mourad, entrepreneur, espère voir émerger de ces quartiers un "Bill Gates".

"Le premier enjeu, c’est l’emploi", confirme François Hollande. Pour y répondre, les 150 000 emplois avenir, les contrats de génération, la banque publique d’investissement. Réalisant sans doute qu’aucune de ces mesures n’était réellement ciblée en faveur des quartiers populaires, il ajoute : "toutes les politiques publiques devront être mobilisées avec une intensité particulière". Il annonce la création d’un ministère de l’Egalité territoriale qui veillera, par exemple, au renforcement des sanctions à l’encontre des communes qui ne remplissent pas leurs obligations de mixité sociale.

Un nombre minimal d'élèves envoyés en classes prépas

Au cours de sa campagne, constatant sans doute ses lacunes, François Hollande a formulé de nouvelles propositions qui ne figuraient pas dans son programme. L'une d'elles : chaque lycée de France enverrait un nombre minimal d’élèves en classes préparatoires. Il insiste dessus aujourd’hui. A deux lycéennes qui se préparent à passer l'oral pour intégrer Sciences Po, il badine : "Moi aussi j’ai un concours d’admissibilité à passer, à peu près au même moment". Il propose aussi de revoir les mécanismes d’exemption de charges destinés aux entreprises implantées en zones franches, laquelle couvre ici un tiers du territoire communal. Les baisses de cotisations patronales seraient accordées aux jeunes habitant les banlieues, où que soit la société qui les emploie. Il veut enfin imposer une clause d’insertion pour toutes les entreprises ayant accès à des marchés publics. Ce samedi, attendu à Aulnay et Clichy sous-Bois, il pourrait formuler de nouvelles propositions, nous a soufflé son chef de cabinet.

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