Exclue du PS pour être entrée dans l’opposition en votant contre le budget, l’épouse du président du conseil régional veut continuer son combat contre Annie Guillemot, la maire de Bron. Elle veut surtout se battre contre son projet de médiathèque, sur lequel elle émet des doutes concernant la légalité du marché public.
Vendredi, Élisabeth Brissy-Queyranne, l’épouse du président du conseil régional, s’est vu notifier son exclusion du Parti socialiste. Dans le conflit qui l’oppose à Annie Guillemot, la maire de Bron, la commission des conflits de la fédération PS du Rhône a tranché en sa défaveur. Élisabeth Brissy-Queyranne avait saisi la première la commission des conflits, en demandant l’exclusion de sa rivale Annie Guillemot. Le camp de la maire de Bron avait répliqué par l’intermédiaire du secrétaire de section en saisissant la commission pour exclure l’épouse du président du conseil régional et ancien maire de la commune. Annie Guillemot s’est vu conforter par la commission des conflits qui, à la majorité, a décidé d’exclure Élisabeth Brissy-Queyranne. Pour motiver sa décision, l’organe du PS s’appuie sur les statuts du parti. “Il ne faut pas nuire à l’image du parti”, explique Mickaël Sabatier, le président de la commission. “Ce n’est pas une surprise qu’elle soit exclue : elle a voté contre le budget et s’est donc placée contre l’exécutif”, explique un cadre de la fédération du Rhône. Élisabeth Brissy-Queyranne a aussi été sanctionnée pour avoir participé à une conférence de presse aux côtés de l’UMP et signé une pétition aux côtés d’adhérents UMP.
Vote contre = exclusion
Si Élisabeth Brissy-Queyranne n’a pas vraiment été surprise du verdict rendu par la commission des conflits, elle dément avoir participé à une conférence de presse organisée par l’UMP. “C’est absolument faux. Je n’ai jamais tenu de conférence de presse avec l’UMP. J’ai seulement participé à une initiative des Verts, qui avaient organisé une conférence de presse autour d’une pétition d’opposition contre la médiathèque. Il y avait les Verts, l’UMP et des personnes de la société civile”, explique-t-elle. Plus que cet événement, c’est surtout son vote contre le budget présenté par Annie Guillemot et son équipe socialiste qui a provoqué son exclusion. “Dans une collectivité, la ligne est décidée par le groupe des élus socialistes. À Bron, il y a une majorité forte pour Annie Guillemot au sein du conseil municipal et de la section. Ceux qui votent contre cette ligne se mettent en difficulté et, dès lors que les règles ne sont pas respectées, ils sont susceptibles d’être exclus”, commente Jacky Darne, le premier secrétaire de la fédération PS du Rhône.
“Le vote du budget est le principe qui fait une majorité. Pour Nathalie Perrin-Gilbert au Grand Lyon, Gérard Collomb et Jacky Darne avaient fait le choix de ne pas demander son exclusion suite à son abstention sur le budget. Quand des gens ne sont pas d’accord à l’intérieur d’un groupe, ils s’abstiennent pour montrer leur opposition interne. Quand on vote contre, on entre en opposition”, précise un cadre de la fédération. “Par ce vote, j’ai donné de la cohérence à mon propos. En 2012, la médiathèque représente le tiers du budget et je suis contre ce projet”, se défend l’épouse du président de région.
“Elle se sent chez elle”
Après des mois de guerre intestine à Bron, le PS du Rhône a enfin tranché. Élisabeth Brissy-Queyranne était entrée en “dissidence” suite à la décision d’Annie Guillemot de ne pas suivre les préconisations de son jury d’appel d’offres pour la réalisation de la médiathèque de Bron. Dès lors, le ton est monté entre Élisabeth Brissy-Queyranne, adjointe à la culture déjugée, et la maire de la commune. Pour lutter contre le choix d’Annie Guillemot, elle avait aussi formulé un recours au tribunal administratif, jugé irrecevable : “Le préfet a ensuite suivi mon recours, et le tribunal a jugé que le marché public était frappé d’irrégularités. Malgré cela, Annie Guillemot continue son projet. Je me battrai jusqu’au bout pour que ce dossier soit éclaircie.” Pour expliquer la guerre de clocher que se mènent les deux femmes, un cadre du PS propose une autre grille de lecture : “Son père est l’ancien maire, son mari aussi. Élisabeth Brissy-Queyranne était la deuxième personnalité la plus importante de Bron. Annie Guillemot a été mise en place par son époux. Elle se sent donc chez elle au conseil municipal. Elle avait le droit de ne pas être d’accord, mais pas de réagir de cette manière. Dans une élection avec une tête de liste, si vous n’êtes pas content, vous changez de candidat la fois d’après. Ou sinon, si vous avez des billes, vous faites démissionner le maire. Dans le cas contraire, on se tait ou on se place dans l’opposition.”
“Je me battrai jusqu’au bout”
Élisabeth Brissy-Queyranne, exclue du PS mais qui “garde les valeurs et les idées de la gauche”, a fait son choix. Elle s’étonne juste d’avoir été la seule sanctionnée. Trois autres élus du conseil municipal ont suivi sa démarche à contre-courant du reste de la majorité. Ils n’ont pas été exclus et ne passeront pas devant la commission des conflits durant le mois à venir. Élisabeth Brissy-Queyranne ne désarme pas et entend aller encore plus loin dans son opposition au projet de médiathèque et à Annie Guillemot, en organisant une conférence de presse le 18 juin prochain, au lendemain des élections législatives. “D’ici là, je soutiens Hélène Geoffroy. Ce que ne fait pas Annie Guillemot, maire de Bron, ni la section de Bron. Sur les deux réunions publiques organisées dans la commune, je n’ai vu aucun adjoint ni la maire de la commune. Je m’en étonne”, s’amuse Élisabeth Brissy-Queyranne. Dans le fond, la décision du PS n’a rien changé. La guerre entre les deux femmes risque d’être toujours aussi féroce. Au moins jusqu’en 2014.