Photo PHILIPPE MEUNIER

Alliances : Meunier fait un pas de plus vers le FN

Fort de sa réélection, le député de l'Est lyonnais (UMP) pose la question des alliances de l'UMP. S'il évite de se prononcer explicitement pour un accord avec le FN, il souligne des points de convergence sur l'immigration notamment. Et dénonce "une colonisation" à l’œuvre dans nos villes.

Il attendait sa réélection pour rouvrir le débat. L'UMP doit-elle s'allier avec le Front national ? En avril, le député de l'Est avait répondu par la négative. Cette fois, il repose la question, faisant un pas de plus, sans franchir toutefois le Rubicon. Dans un communiqué (lire ici), il dénonce "une mondialisation totalement débridée". "De plus en plus de départements sont frappés par une immigration qui prend l'allure d'une colonisation", écrit-il. Revenant sur la défaite de la droite, il poursuit : "Obligation est faite à tous les élus et les adhérents de l'UMP de faire face à leur responsabilité pour en tirer toutes les conséquences notamment en termes d'alliance".

Lyon Capitale : Quel est le sens de ce communiqué où vous dénoncez "une colonisation" ?

Philippe Meunier : Nous avons vécu un échec électoral. Nous ne sommes plus majoritaires à l'Assemblée. Nous sommes sanctionnés car nous n'avons pas su répondre aux problèmes des Français. Et je vois deux gros problèmes. La mondialisation et ses conséquences, notamment la désertification du monde rural et la préférence pour le développement urbain. La deuxième, c'est la vague migratoire et la pression de plus en plus forte qui met en péril notre modèle social. Conséquence : dans le monde rural, beaucoup d'électeurs ont voté à gauche pour sauver leurs services publics. Et le monde urbain a voté FN.

Et pourtant, sur l'immigration, Nicolas Sarkozy a augmenté les expulsions. Il a aussi limité la venue des étudiants étrangers…

C'est une politique qui est allée dans la bonne direction, mais il faut aller plus loin. Il y a encore trop de laxisme, pas assez d'expulsions. Il fallait mener une lutte sans merci contre l'immigration illégale. Je regrette que Nicolas Sarkozy ait attendu la fin de son mandat pour se rendre compte qu'il fallait revenir sur les accords de Schengen. Je lui avais proposé de le faire depuis plusieurs années. De la même façon, diviser par deux le nombre d'immigrés entrant sur le territoire, je le lui avais proposé en début de son quinquennat. C'est arrivé trop tard et les Français ne l'ont pas jugé crédible.

Vous dénoncez "une colonisation". Celle-ci renvoie à une vague migratoire, mais aussi à un contrôle politique. Où le voyez-vous ?

La colonisation se décline de façon différente : colonisation de peuplement, culturelle, religieuse et politique. Certains élus sont déjà sous tutelle. Regardez le drapeau palestinien qui flotte sur le fronton de la mairie de Vaulx-en-Velin. Allez voir les centre-villes de certaines communes où vous ne verrez aucun commerce non halal. C'est pour cela entre autres que je ne suis pas favorable au droit de vote des étrangers.

Certaines voix à l'UMP regrette aujourd'hui la droitisation de l'UMP qui a conduit à l'échec électoral. Qu'en pensez-vous ?

Nicolas Sarkozy n'a pas perdu parce qu'il a droitisé la campagne, mais parce qu'il n'a pas droitisé sa politique. Quand il a lancé sa campagne, il était au plus bas. Il nous a d'ailleurs manqué quinze jours de campagne pour gagner.

La Droite Populaire a perdu la moitié de ses effectifs aux législatives. N'est-ce pas la preuve que cette ligne n'est pas la bonne ?

S'il y a eu des pertes, c'est que des députés de la Droite populaire ne sont pas dans des circonscriptions en or. Quand vous êtes en triangulaire face au FN dans le sud de la France, c'est plus difficile que d'être dans certaines circonscriptions parisiennes. Si on additionne leur score à celui du FN, on arrive à 60 voire 70% des voix.

Souhaitez-vous un accord avec le FN aux élections ?

Une fois que l'on a défini les valeurs, quelles sont les alliances possibles ? J'ai attendu d'être réélu pour poser cette question. Je ne voulais pas envoyer ce communiqué avant pour donner l'impression de vouloir sauver mon siège. Ceux qui se sont rappelés de l'existence d'électeurs FN entre les deux tours, ils n'ont pas été corrects. Si on fait un accord électoral, on le fait de façon posée, entre deux élections.

Souhaitez-vous cette alliance justement ? Vous disiez que vos ADN n'étaient pas compatibles...

Je le pense toujours. Je ne reviens pas là-dessus. C'est au FN de revenir sur leur ADN pour revenir dans l'arc républicain. Aujourd'hui, il n'y a pas de discussion possible.

Souhaitez-vous que l'UMP pose des conditions au FN avant d'engager des discussions ?

Nous n'avons pas à poser des conditions au FN. L'UMP a déjà beaucoup de travail pour se mettre en accord avec elle-même. Si certains veulent venir discuter avec nous, ils devront appartenir à l'arc républicain.

Rien de nouveau dans votre discours alors !

Si. Il faut engager un débat sur nos alliances. Quand je vois des dirigeants de l'UMP, avec leurs chapeaux à plûmes, dire 'il est hors de question de faire alliance avec le FN' sans plus d'explications, ce n'est pas une réponse suffisante. Si c'est à cause de la sortie de l'euro, je dis que je suis à l'UMP et que je ne suis pas d'accord avec l'euro et cette construction européenne. Si je ne discute pas avec le FN, c'est qu'il n'a pas rompu avec son ADN. Nos formations constitutives de l'UMP sont issues de la résistance. Eux, plusieurs de leurs créateurs sont issus de la collaboration.

Vous parlez d'une guerre qui a plus de 60 ans. Est-ce le seul différent avec le FN ?

Ce sont les fondements de notre République !

Êtes-vous en accord avec eux sur l'immigration ?

Oui, il y a une convergence sur un grand nombre de points. La seule vraie différence, c'est la préférence nationale. Je considère que l'immigré qui entre en nombre limité sur notre territoire national et qui travaille, a le droit de bénéficier de prestations sociales qui sont la contre-partie de ses cotisations.

Par le passé, le FN plaidait pour le retour des immigrés chez eux…

C'est l'aide au retour. Valéry Giscard d'Estaing l'avait fait à la fin de son septennat. Il faut la remettre à l'ordre du jour.

Et la restauration de la peine de mort ?

Je ne suis pas favorable à la peine de mort.

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