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La droite lyonnaise et les municipales : le salut viendra-t-il de l'extérieur ?

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Les deux leaders auto-proclamés, Michel Havard et Emmanuel Hamelin, ont mordu la poussière, battus aux législatives. Denis Broliquier n'a pas brillé non plus. Quant à Nora Berra, elle est loin de faire l'unanimité. Un recours extérieur s'impose-t-il ? Tour d'horizon des possibles.

"A chaque élection, on a l'impression d'avoir touché le fond. Et la fois d'après, c'est encore pire". Ce soupir est partagé par tous les sympathisants de droite, qui attendent désespérément le rebond. Ce dimanche, ils n'ont pu sauver que la 4e circonscription, à Lyon. "Aujourd'hui on est en 1981 (en pleine vague rose, ndlr). Il faut se donner du temps", philosophe une militante. Les uns et les autres espèrent que le contexte changera d'ici à deux ans, les prochaines municipales. "Ce sera une élection intermédiaire dont on sait qu'elles sont toujours défavorables pour le pouvoir en place", souligne Emmanuel Hamelin. Michel Havard n'a jamais fait mystère que pour lui, une victoire de François Hollande lui serait plus favorable dans son odyssée lyonnaise. Avant la séquence présidentielle/législatives, ils étaient tous les deux sur les rangs pour mener le combat de 2014. Tous les deux ont mordu la poussière ce dimanche. Et l'on serait en grande peine de désigner celui qui s'en sort le mieux. "Ca remet les compteurs à zéro", veut-on croire dans l'entourage d'Emmanuel Hamelin où l'on évoque l'idée d'un "tandem" entre les deux hommes.

Havard ? Hamelin ?

Le premier était député sortant. Il est battu. "C'est le seul candidat du Rhône à avoir amélioré le score de Nicolas Sarkozy à la présidentielle (46,22% contre 46,09% au second tour de la présidentielle, ndlr)", signale toutefois un de ses proches. Il aussi réussi à regagner le 5e arrondissement, que Collomb avait fait basculer dans l'escarcelle de la gauche. Emmanuel Hamelin, en position de challenger dans cette élection, a été écrasé par le député sortant, Pierre-Alain Muet (41,85% contre 58,15%).

"Mon engagement politique ne se limite pas à une défaite ou une victoire. Il s'inscrit dans la continuité", argue le Croix-Roussien. Havard aurait pu dire exactement la même chose. Au jeu du qui perd gagne, c'est peut-être lui qui s'en sort le mieux, aucun rival ne pouvant pour l'heure lui disputer sa position. "Il a été battu avec un résultat très honorable dans une circonscription où, plus que dans la 2e, la sociologie a changé", souligne un responsable national de l'UMP. Celui-ci reconnait toutefois que "le jeu reste vraiment ouvert". "Il reste leader tant que personne n'émerge", décrypte un observateur.

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Nachury ?

Une élue, théoriquement, le pourrait : Dominique Nachury. C'est la seule rescapée du scrutin de dimanche, même si son score n'a rien de mirobolant. "Elle incarne une frange conservatrice qui compte à Lyon", note un proche de Philippe Cochet. La nouvelle députée pourrait aussi faire la synthèse avec Lyon divers droite (ex-Millonistes) avec qui elle entretient de bons rapport. "Elle est dans la politique depuis vingt ans, elle ne donne pas une image de renouveau", grince toutefois l'un de ses détracteurs. Surtout l'intéressée n'est pas sur les rangs : "ce n'est pas mon projet", nous répond-elle avec franchise.

Broliquier ?

Denis Broliquier aurait pu surfer sur la déroute de l'UMP, offrant une démarche moins partisane. Mais Lyon divers droite n'a pas vraiment fait de démonstration de force. Hormis dans son bastion du 2e arrondissement, l'ex-Milloniste a montré ses limites. Et ses autres candidats n'ont pas réussi à exister. "On a fait une campagne de quatre semaines. Nous avons une démarche de long terme : reconstruire la droite", relativise Denis Broliquier.

Berra ?

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Deux élus de droite rôdaient ce dimanche soir dans les salons de la préfecture, observant la déroute de leurs collègues. Pourtant aucun n'était concerné par ce scrutin. Nora Berra et François-Noël Buffet se sont montrés disponibles pour répondre aux questions de la presse. L'ex-secrétaire d'Etat a échappé au bourbier des législatives, renonçant à se présenter dans la 3e circonscription comme l'UMP le lui proposait. "Elle n'a pas non plus gagné", objecte un cadre de l'UMP. Nora Berra n'a pas vraiment clarifié ses intentions futures. "Elle ne veut pas être maire de Lyon", assure un de ses proches.

L'ex-secrétaire d'Etat s'emploie surtout à reconquérir son mandat de députée européenne, pour ne pas disparaître des radars. "Sans son maroquin, elle n'est personne", tranche un détracteur. Depuis son coup de gueule contre les cadres locaux de l'UMP, elle n'est plus du tout soutenue à Lyon. Son salut passe donc par Paris qui pourrait l'imposer. "Est-ce qu'elle peut être acceptée par tous les élus lyonnais ?", s'interroge un responsable national de l'UMP. "Je ne vois pas pourquoi elle aurait plus de qualités que Michel Havard. Sa décision (de ne pas se présenter, ndlr) a posé problème dans la 3e circonscription", abonde Dominique Nachury.

Buffet ?

Le sénateur-maire d'Oullins, quant à lui, réfléchit. Il peut être un recours, il le sait. Il connait déjà bien les dossiers lyonnais pour présider le groupe d'opposition à la communauté urbaine. Son profil de maire de droite élu sur une commune votant habituellement à gauche, laisse des espoirs à la droite. Cette hypothèse traduit toutefois l'incapacité des Lyonnais à lancer une dynamique de reconquête. Aujourd'hui, leur débâcle inquiète même leurs collègues alentour, eux qui n'ont pas été inquiétés pour leur réélection : Christophe Guilloteau, Philippe Meunier, Michel Terrot, Patrice Verchère…. L'UMP-Lyon va-t-elle être mis sous tutelle de l'UMP-Rhône ? François-Noël Buffet reproduirait le schéma opéré par Jean-Marc Ayrault, devenu maire de Nantes après l'avoir été à Saint-Herblain. Mais pour d'autres, il ferait surtout la même erreur que Claude Guéant qui s'est seulement déplacé "d'une ou deux stations de métro", battu à Boulogne. "Les Lyonnais ne supporteraient pas un nouveau parachutage", affirment plusieurs élus de droite.

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Wauquiez ?

Le même argumentaire est déployé au sujet de Laurent Wauquiez. L'ex-ministre, réélu en Haute-Loire, guignait la mairie de Lyon jusqu'il y a environ un an. Depuis ce natif de Lyon se fait plus discret. "Perben avait été parachuté 4/5 ans avant les municipales de 2008. Pour lui, c'est déjà trop tard", estime un élu. "Il s'est construit un fief. On ne lâche pas aussi facilement la proie pour l'ombre", souligne un responsable de l'UMP qui lui conseille : "Mieux vaut avoir un petit chez soi qu'un grand chez les autres". Pour la droite, la fortune viendrait-elle d'une personne extérieure au champ politique ? Par exemple de Philippe Grillot, le président de la chambre de commerce et d'industrie de Lyon ?

Ces tâtonnements risquent de durer. Car c'est l'UMP Paris qui accordera les investitures. Or pour l'heure, seul le congrès national du parti présidentiel accapare les esprits, prévu pour novembre. L'été devrait consacrer la guerre intestine que se livrent François Fillon et Jean-François Copé. Autant dire que d'ici là, Lyon n'obsède personne. Ensuite, le parti de droite devrait écouter les acteurs locaux. "Pour gagner, il faut une personnalité qui ait une envergure nationale. Ce n'est pas le cas de Michel Havard. Mais si personne n'ayant ce profil s'impose, on sera peut-être bien content d'avoir Michel Havard", souffle, désabusé, un élu parisien. "Pour s'imposer, il devra muscler son jeu", lui conseille Yann Compan, qui était candidat dans la 7e circonscription.

Beaucoup ont déjà fait une croix sur la mairie de Lyon… Mais pas sur le Grand Lyon. Dans l'entourage de Philippe Cochet, on estime gagnables Bron, Rillieux et Décines. Et l'on mise sur le retournement des petits maires divers droite, rassemblés dans le groupe Synergie, aujourd'hui soutiens de Gérard Collomb. "La circonscription de Philippe Cochet compte 25 communes dont 23 ont voté pour le candidat de l'UMP". Gagner la communauté urbaine pourrait servir de tremplin pour reconquérir Lyon. Faute d'un élan intérieur, l'UMP adopterait la tactique du siège.

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