Une Rhodanienne captive d’un "contentieux franco-mauricien", selon ses soutiens

Emprisonnée à l’île Maurice, pour détention illégale de drogue, depuis onze mois, Aurore, une Rhodanienne de 24 ans, a obtenu, sa première audience le 1er août. La police a jusqu’au 4 septembre pour apporter les preuves de sa culpabilité. Ses soutiens dénoncent un "lourd passif entre la France et l'Île Maurice concernant le trafic de stupéfiants" et estiment que la jeune femme "paye les pots cassés".

60 ans de prison, c’est ce que risque Aurore, une Rhodanienne de 24 ans, détenue à l’île Maurice pour possession illégale de drogue. Le 19 août 2011, elle avait été interpellée à l’aéroport de Plaisance en possession de 1680 cachets de Subutex, un médicament de sevrage pour toxicomanes interdit de vente sur l’île. La jeune femme affirme avoir été piégée par son ex-petit ami mauricien, avec qui elle devait partir sur l’île.

Mais celui-ci ne serait pas venu à l’aéroport comme convenu. Selon elle, il aurait cependant dissimulé au préalable le paquet contenant les gélules dans sa valise. Détenue depuis 11 mois, la jeune femme était jusqu’à présent en attente d’une convocation du parquet, qu'elle a obtenue le 1er août.

Maître José Moirt, avocat d’Aurore, a demandé au Directeur des poursuites publiques (DDP) de formuler des plaintes formelles contre la jeune fille et non une plainte provisoire "pour importation de drogue", seule charge actuellement retenue contre elle. La police a désormais jusqu’au 4 septembre pour boucler l’enquête et remettre le dossier au DDP. Le cas échéant, Aurore devra être libérée. Sa mère se dit "satisfaite" de la décision, même si pour le moment sa fille reste en prison. "Il y a surtout un cadre juridique qui a été posé, elle a rencontré un magistrat, les conditions de sa détention sont fixées", explique Farid Dekhli, coordinateur du collectif français "Victimes du Subutex à Maurice".

"Aurore paye les pots cassés"

La lutte contre l’importation et le trafic de Subutex constitue la priorité du gouvernement Mauricien. Remboursé par la sécurité sociale en France, mais interdit à la vente à l’intérieur de l’île, le médicament fait l’objet d’un vif contentieux entre les deux pays. "Un cachet peut se revendre au marché noir 70 euros. Les Mauriciens en veulent beaucoup à la France de servir de base arrière à ce trafic. Du coup Aurore paye les pots cassés", avance Farid Dekhli.

Révolté par cette situation, les habitants du village de Saint-Romain-de-Pompey (Rhône), dont est originaire Aurore, se sont mobilisés. Une manifestation de soutien sera organisée le 11 août à l’aéroport Lyon Saint-Exupéry avec le collectif "Victimes du Subutex à Maurice", pour demander sa libération. À ce jour neuf Français restent emprisonnés à l’île-Maurice pour trafic de Subutex dont quatre jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans.

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