Feu vert pour le Lyon-Turin. La commission d'enquête vient de rendre un avis favorable pour le tronçon rhônalpin de la ligne ferroviaire. Pour autant, elle émet 3 réserves et établit une liste de 22 recommandations. Entre nuisances sonores et occupations de terres agraires, riverains et agriculteurs seront les premiers impactés par de "forts inconvénients". Explications.
"Oui,… mais…" La commission d’enquête sur la liaison ferroviaire Grenay / Saint-Jean-de-Maurienne, vient de rendre public son rapport sur ce segment rhônalpin de la ligne Lyon-Turin. Si les commissaires enquêteurs se sont dits convaincus de la nécessité de cet aménagement, ils ont assorti leur avis favorable, de 3 réserves et d’une série de 22 recommandations à l’adresse de Réseau ferré de France (RFF). Les membres du jury ont notamment relevé des inconvénients "forts", comme des nuisances ou des expropriations, mais considérés comme "ni exorbitants ni disproportionnés au regard de l’importance de l’ouvrage".
Les agriculteurs affectés
Premiers impactés par la construction de la ligne de 140km, les agriculteurs. Le projet actuel prévoit en effet une emprise totale de 680 hectares de terres agricoles. Une surface qui pourrait être ramenée à 480 hectares selon la commission qui préconise un travail en étroite collaboration entre RFF et les représentants du secteur agricole local. Charge à RFF de remettre en état les terres cultivables après la fin des travaux. L’entreprise devra, en outre, s’engager à racheter ces terres si la production s’avérait insuffisante, dans un délai de 5 ans après les travaux.
Des riverains inquiets
Mais il n’y a pas que chez les agriculteurs que l’on grince des dents. Une partie des 250 000 habitants des 71 communes prochainement traversées par le rail transalpin, accueille le projet avec méfiance, et pas sans une certaine inquiétude. Sur les deux mois qu’a durée l’enquête publique, 5 700 observations émanant des riverains, des élus, associations et acteurs économiques ont été remises aux enquêteurs. 3750 personnes se sont également exprimées par pétition ou par lettre. Selon le rapport, moins de 25% des avis exprimés seraient en opposition totale avec le projet, mais une approbation pour l’ouvrage tel qu’il a été présenté, demeure très minoritaire, la grande majorité des personnes réclamant des améliorations.
Bruits, vibrations et expropriations
Il faut dire que les désagréments à venir sont nombreux. Bruits, vibrations, ondes électromagnétiques dégradation du paysage, tant en phase de chantier que d’exploitation, seront le lot quotidien des riverains. La commission estime d’ailleurs que ces incommodités pourront entrainer une dépréciation des biens immobiliers du secteur. Elle demande donc de réfléchir à des aménagements spécifiques comme des murs anti-bruit, des prolongements de tranchées couvertes ou des travaux d’isolation de façade pour les maisons à proximité. Malheureusement, des habitations ainsi que des entreprises seront visées par des mesures d’expropriation. La commission exige que des propositions de relogement acceptables soient soumises.
Lyon-Turin sur les rails
Malgré le calendrier qui semble se préciser, une part significative des riverains ne croit pas en la réalisation de la ligne Lyon-Turin. Évoqué depuis 20 ans, certains avaient même espéré l’abandon pur et simple du projet, confortés dans leur idée par des finances de l’Etat fortement dégradées. Soutenus par le collectif "Coordination contre le projet Lyon-Turin fret-voyageurs", plusieurs élus et associations ont demandé ainsi que la ligne qui relie déjà Lyon à Turin soit utilisée et que l'argent public soit dépensé "pour l'amélioration et le développement des voies existantes". Proposition immédiatement balayée par les commissaires enquêteurs qui estiment que la saturation des lignes historiques par le développement des TER ne permet pas d’offrir une capacité de transport du fret suffisante à terme. Plus que jamais, la ligne Lyon-Turin semble donc sur les rails.