La guerre Guérini - Mennucci s'invite à la table de la CNR

POLITIQUE – Patrick Mennucci a-t-il bénéficé d'un emploi fictif à la Compagnie Nationale du Rhône ? C'est ce que soupçonne Jean-Noël Guérini, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône. Le conseil de surveillance de la CNR, qui se tient aujourd'hui à Lyon, est saisi de cette guéguerre marseillaise. Explications.

La Compagnie Nationale du Rhône (CNR), dont le siège est à Lyon, va connaître un jeudi plus agité que la normale. Son conseil de surveillance se tient aujourd'hui (jeudi 27 septembre) dans ses locaux du 4e arrondissement. A l'ordre du jour : les affaires courantes et l'avenir stratégique de la société productrice d'électricité dont le capital est partagé par GDF-SUEZ (49,97%), la Caisse des dépôts et consignations (33,2%) et des collectivités locales – à hauteur de 16,83% – dont le conseil général des Bouches-du-Rhône qui est l'un des plus gros actionnaires avec 5,38% des parts.

Et c'est précisément son président, Jean-Noël Guérini, qui va bousculer l'ordre du jour du conseil de surveillance. Guérini soupçonne Patrick Mennucci, le principal opposant socialiste à Jean-Claude Gaudin à Marseille, d'avoir bénéficié d'un emploi fictif au sein de la CNR entre novembre 2010 et juin 2011.

Mis en examen dans l'affaire du marché public des ordures ménagères pour prise illégale d'intérêts, trafic d'influence et association de malfaiteurs, Guérini s'est coupé de ses amis socialistes à Marseille. Depuis le début de ses ennuis judiciaires, c'est la guerre. Et c'est avec Patrick Mennucci que les rapports sont les plus violents. Guérini le soupçonne d'informer des journalistes sur ses ennuis avec la justice, voire d'avoir envoyé quelques lettres anonymes au parquet de Marseille. “Je sais avec qui vous parlez, je sais avec quels journalistes vous parlez, j'ai même le texte de vos SMS...” lança Guérini à ses amis du PS lors d'une réunion rapportée par le quotidien La Provence. Mennucci le coupa alors sèchement : “Ça suffit, tais-toi !”

Crédibilté

L'accusation d'emploi fictif à son égard a commencé par un article d'un site d'informations marseillais : News of Marseille. Problème, le site est détenu par la SMA Médias, la filiale de la SMA Environnement, société d'Alexandre Guérini, le frère du patron du conseil général. Alexandre, lui, est mis en examen dans cette même affaire des déchets pour blanchiment et corruption active. La crédibilité de l'information est donc mise en doute et Patrick Mennucci y voit la main de Jean-Noêl Guérini pour démontrer à tout prix qu'il a le "cul sale" selon l'expression d'un membre de l'entourage du conseiller municipal de Marseille.

Tout l'été, le conseil général des Bouches-du-Rhône a demandé des comptes sur la régularité du contrat de Mennucci à la CNR. Refus de la compagnie de lui apporter la moindre réponse. Du coup, Guérini a fait mettre ce dossier à l'ordre du jour du conseil de surveillance.

Entre novembre 2010 et juin 2011, Patrick Mennucci a touché 16.000 euros comme salarié de la CNR. Il était missionné pour étudier les opportunités d'ouverture de concessions sur des barrages hydroélectriques dans l'Aveyron ou le Lot. Le job consistait également à faire du lobbying auprès des responsables socialistes du Sud-Ouest, qui avaient plus l'habitude de travailler avec EDF qu'avec la CNR. Interdiction lui était faite, en revanche, de travailler en PACA afin de prévenir tout conflit d'intérêts.

Des rapports ont été rédigés et transmis à l'ancien président de la compagnie, Michel Margnes, preuve de l'effectivité de l'emploi de Mennucci."Mon travail était bel et bien effectif. J'en ai toutes les preuves. J'ai par ailleurs démissionné lorsque ma mission s'est arrêté. Il n'y a aucun problème de ce point de vue-là" explique l'intéressé.

Michel Margnes a été remplacé par Yves de Gaulle à la tête de la CNR. Mais il est resté président du conseil de surveillance. C'est donc bien le meilleur interlocuteur pour répondre aux soupçons de Guérini.

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