ÉDITO - Ce qui devait arriver arriva ! Le texte sur le “mariage pour tous” n’est pas encore en discussion au Parlement que Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, annonce déjà que son groupe – largement majoritaire à l’Assemblée nationale – déposera un amendement sur la procréation médicalement assistée, cédant ainsi aux folles demandes de certaines associations microcosmiques ne représentant qu’elles-mêmes, telles que l’Inter-LGBT (Lesbienne, Gay, Bi et Trans) et l’APGL (Association des parents et futurs parents gays et lesbiens).
C’est un fait communément admis par la société française : chaque adulte fait ce qu’il veut – voire ce qu’il peut – de son propre corps, et c’est heureux. Quant à son âme… la question est définitivement trop intime : elle ne regarde que les individus et les autorités spirituelles ou religieuses, et c’est heureux aussi. L’écrasante majorité des Français se moque éperdument de l’œdipe et des histoires de braguette de ses voisins et le PACS ne fait plus du tout débat, même si, dans la pratique, il concerne davantage de couples mixtes que de couples du même sexe.
Qui s’en plaindrait sérieusement aujourd’hui ? Que les homos, bi ou transsexuels aient des droits identiques aux hétéros, c’est une position qui se défend facilement, en tout cas pour ce qui concerne certaines questions relatives au droit positif, comme celles liées à la fiscalité.
Préparer les esprits
Il est permis d’être plus mesuré pour ce qui est du “mariage pour tous”, lequel ne sera en réalité que le mariage pour quelques-uns. Voire ! En fait de mariage – et on le voit avec l’opération gigogne du PS –, il s’agirait plutôt du faux-nez de l’adoption et, dans un futur déjà programmé sans doute, de la gestation par autrui. Il s’agit en effet de préparer les esprits et “il faudra davantage de temps concernant la parentalité au sens large”, comme l’a elle-même concédé la ministre de la Justice, Christiane Taubira.
Or, en Occident, qu’on le veuille ou non, que l’on soit croyant, athée ou agnostique, le mariage comporte une dimension sacrée et vient traduire une réalité biologique de perpétuation de l’espèce. Après avoir été imposé durant des siècles, il est aujourd’hui librement consenti, acte d’amour en même temps que désir de fonder une famille. C’est peut-être ringard aux yeux de certains, c’est peut-être terriblement injuste, mais c’est ainsi : dans l’espèce humaine, pour se reproduire, il faut un homme et une femme. On peut faire un procès à Dieu, à Darwin, ou au big bang, cela ne changera rien à l’affaire.
La PMA, une “décision ambitieuse” ?
Il est permis d’être encore moins conciliant quand le PS nous présente la procréation médicalement assistée – ou PMA – comme une “cohérence inéluctable”, la “fin d’un tabou et de l’hypocrisie”, ou encore “une décision ambitieuse allant dans le sens de l’histoire”. Que certains couples de lesbiennes aient des désirs d’enfants portant une partie de leur patrimoine génétique, nul ne l’ignore. Mais faut-il pour autant y répondre, fussent-ils ardents et sincères ? Je ne le crois pas. Car ce qui doit intéresser la société – ou, de façon plus limitative, le législateur – c’est avant tout l’intérêt de l’enfant.
Les défenseurs de la PMA ne se démontent guère et ont une réponse toute faite. Ils s’écrient, après vous avoir généralement traité de “rétrograde” et de “catho réac” : “Oui, mais il y a bien des enfants d’hétéros qui sont malheureux aussi.” C’est certain, on peut toujours raisonner par l’absurde, envisager les choses via le plus petit dénominateur commun et l’ériger en norme minimale afin de répondre au moindre lobby un peu agité. On pourrait tout autant leur répondre : “Et les gays ? Leurs désirs d’enfants sont-ils moins légitimes que ceux des lesbiennes ? Pourquoi, dès lors, en suivant votre logique, leur refuser la gestation par autrui ? Et que faire des lesbiennes ne pouvant avoir d’enfant ? Doivent-elles subir la double peine ?” On le voit, cette pente rhétorique est extrêmement dangereuse.
Et demain la GPA ?
Autoriser dans un premier temps la PMA, puis, très rapidement, la GPA (gestation par autrui) pose la double question – et celle-ci est vraiment inéluctable – de la merchandisation du corps humain et de l’eugénisme. Car, si l’on accepte de “briser ces tabous”, comment fixer ensuite la moindre limite ? Est-il possible ou même concevable de n’ouvrir les vannes que jusqu’à un certain point ? Que faire du lien entre la “gestatrice” (quel vilain mot !) et l’enfant durant la grossesse ? Acceptera-t-on l’accident de parcours, l’imprévu du vivant, accueillera-t-on l’enfant handicapé ne correspondant pas au “cahier des charges initial” ? Y aura-t-il un nuancier pour la couleur de la peau et des yeux du futur enfant, y aura-t-il, après les OGM, des EGSM – enfants garantis sans maladie ?
Le socle de la République
Dans un livre prémonitoire publié en 1932, Le Meilleur des mondes, Aldous Huxley écrivait : “Nous prédestinons et nous conditionnons. Nous décantons nos bébés sous forme d’êtres vivants socialisés, sous forme d’Alphas ou d’Epsilons, de futurs Vidangeurs ou de futurs Administrateurs Mondiaux.” Si, d’aventure, le Parlement autorisait la PMA et la GPA pour les couples de même sexe, Huxley ne serait plus un auteur de science-fiction et, bien plus grave, l’enfant ne serait plus qu’un caprice, un être prédestiné en même temps qu’un droit opposable.
Cette conception positiviste, post-moderne et pour tout dire dégradée et dégradante, ne saurait servir de socle à notre République humaniste, dans laquelle, rappelons-le, le droit naturel a inspiré les Droits de l’homme. Non, tout ne vaut pas tout. La complétude des sexes, l’enfant en a besoin pour naître, il en a besoin pour grandir, quitte à s’en éloigner à l’âge adulte. Mais alors ce sera son choix.
Il est temps que les socialistes se ressaisissent et que le président “normal” sorte de son silence coupable. Nous ne voulons pas du meilleur des mondes. Nous aspirons juste à un monde meilleur.
La planète Terre a surtout besoin de moins de population sous peine d'implosion, ce qui n'est déjà plus envisagé dans un futur lointain. La discrimination sociale des femmes et des hommes mais surtout des femmes, qui ne veulent pas d'enfants serait également à mettre sur la table des débats. Le remboursement de la PMA à 100% par la sécu est à mon sens un scandale alors que certaines maladies graves sont sorties de la liste des ALD.
Merci pour ce remarquable article. Le gouvernement cherche à masquer son impuissance économique par des changements sociétaux, mais la déstructuration de la famille ne fera qu'aggraver la précarité socio-économique. Priver un enfant de son droit fondamental à grandir avec son père et sa mère est une discrimination antisociale : '« L’enfant a dès sa naissance le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux » (article 7 de la Convention internationale des droits de l’enfant, ONU, 1989)'. Protégeons notre avenir, offrons le meilleur à nos enfants !
'Acceptera-t-on l’accident de parcours, l’imprévu du vivant, accueillera-t-on l’enfant handicapé ne correspondant pas au “cahier des charges initial” ? Y aura-t-il un nuancier pour la couleur de la peau et des yeux du futur enfant, y aura-t-il, après les OGM, des EGSM – enfants garantis sans maladie ?' Didier Maïsto semble l'ignorer (peut-être confond-il avec la GPA ?), mais la Procréation Médicalement Assistée (PMA) est déjà légale en France, et ce depuis de nombreuses années. Sans pour autant entraîner ni marchandisation du corps humain, ni dérives eugénistes, ni nous promettre un 'meilleur des mondes'. Elle est simplement réservée aux couples hétérosexuels, ce que contestent aujourd'hui un certain nombre d'associations, qui effectivement ne représentent que leurs adhérents (ce qui est le cas d'absolument toutes les associations). Pour mémoire, Amandine, le premier bébé français né d'une fécondation in vitro (une des techniques de PMA), a fêté ses trente ans cette année...