Alors qu'était lancé officiellement le plan de renfort hivernal le 1er novembre à Lyon, et que Météo France enregistrait les 1ères températures négatives le dimanche précédent à Lyon, le réseau des professionnels de l'urgence sociale s'inquiétait déjà de l'inadéquation des besoins et des moyens prévus cet hiver pour les sans-abri. Explications.
Comment expliquer le silence poli des associations ? Il y a encore un an, elles montaient au créneau dès l'annonce du plan froid présenté le 24 octobre cette année à Lyon. Renseignements pris, elles s'apprêtaient à réagir la semaine suivante. A peine le plan de renfort hivernal présenté, le réseau des professionnel de l'urgence sociale dénonçait en effet, le 28 octobre, "l'inadéquation des besoins et des moyens mis en place par la préfecture". Baptiste Meneghin, du réseau Réel engagement, estimant que "le plan de renfort hivernal ne [couvrirait] qu'un quart des besoins réels à partir du 1er novembre".
250 places de plus offertes aux SDF cet hiver
La préfecture annonce pourtant un renfort inégalé de 810 places cet hiver pour loger les sans-abris. Le gouvernement socialiste ayant attribué à la mi-octobre une enveloppe supplémentaire de 3,36 millions supplémentaires au préfet de région pour loger les sans-abri, 1,215 million d'euros au département. La gauche ferait donc mieux que la droite cette année. Sans compter les possibilités d'hébergement en gymnase, une centaine de places pouvant être réquisitionnées au plus fort de l'hiver. Cela porte à 250 le nombre de places de plus offertes aux SDF cet hiver.
Jean-Marc Ayrault va plus loin. Dans sa circulaire du 17 octobre envoyée aux préfets, il évoque la fin prochaine de la gestion au thermomètre de l'urgence sociale. "Nous n'en sommes pas là, relativise un militant lyonnais, les socialistes sont les spécialistes des circulaires non appliquées, ils l'ont prouvé avec celle sur les Roms". Effet d'annonce ? Dans les faits, le plan de renfort hivernal commencera comme chaque année au 1er novembre. Les moyens qui lui seront attribués monteront en puissance pour atteindre leur pleine latitude en janvier. "Les 810 places seront ouvertes au mois de janvier", précisait mercredi dernier le préfet délégué à l'égalité des chances, Alain Marc.
600 à 650 personnes sans solution de logement
Il n'y a donc pas à proprement parlé d'accélération du plan grand froid cette année comme annoncé par Cécile Duflot la semaine dernière à Lyon, au grand dam des professionnels. "652 personnes sont restées sans solution jeudi soir au 115 (dispositif de vielle sociale qui permet de reloger dans l'urgence les personnes sans logement), 622 mercredi, 607 mardi soir", note Baptiste Ménéghin, délégué rhodanien des travailleurs de l'urgence sociale. Il estime que les places ouvertes en plus à partir du 1er novembre permettront seulement de couvrir un quart des besoins.
Il relève que "la moitié des places sont déjà réservées par des personnes ayant portées plaintes en avril dernier pour remise à la rue", ce qui laissera environ 400 personnes à la rue dans le Rhône dès mercredi prochain, malgré le lancement du plan de renfort hivernal. On voit mal dès lors comment parler d'accélération du plan de renfort hivernal. Il faudrait ouvrir dès maintenant toutes les places prévues cet hiver pour répondre à la demande enregistrée en ce moment au 115.
En Ile-de-France, dixit le Canard Enchaîné, 80 à 95% des places d'hébergement d'urgence sont occupées par des personnes en situation irrégulière. Que fait-on ?