Lettre ouverte à Monsieur Depardieu

Monsieur,

Notre déjeuner dominical et familial souvent un peu morne a été animé par votre décision de vous installer en Belgique.

Je dois vous dire que les avis ont été divergents, deux d’entre nous considéraient que vous pouviez, même moralement, faire ce que vous vouliez, la liberté de circulation et d’installation étant un droit fondamental de la Communauté européenne. Quant à votre fortune, elle n’a été volée à personne, elle est le fruit de vos mérites et de votre travail sans exploiter quiconque et comme vous le dites très justement, vous avez déjà beaucoup payé.

Deux autres convives n’étaient pas de cet avis ; selon eux, vous devez tout à la France, vous n’auriez pas fait votre carrière exceptionnelle si vous étiez né en Ouzbekistan ou en Mongolie Extérieure et votre richesse est suffisante pour supporter une fiscalité même lourde, voire excessive.

La cinquième personne présente et qui aurait pu nous départager a refusé de prendre position, son intérêt portait ce jour là exclusivement sur le gigot et les flageolets. Comme souvent, les arguments contradictoires étaient respectables et aucun n’était décisif.

Nous nous sommes cependant accordés sur les réactions gouvernementales. Nous avons tous trouvé que le « minable » du Premier Ministre, les références à la « déchéance » de Sapin, au « cinéma muet » de Filippetti, ne relevaient pas de la dialectique ou du raisonnement mais constituaient des injures inutiles et finalement vulgaires.

Au cours de la campagne électorale, François Hollande avait déjà tenu des propos teintés d’une sorte de racisme : « Je n’aime pas les riches » comme si les riches étaient tous et immanquablement immoraux et coupables génétiquement dont on ne sait de quel crime ou délit.

En partant, Monsieur Depardieu, vous votez avec vos pieds et exprimez publiquement votre désaccord avec la politique de gauche, mais ce gouvernement ne supporte pas la contradiction et l’expression d’un désaccord.

Ou alors, la polémique qui vous concerne et qui rejoint celle du mariage pour tous et du vote des étrangers, entre autres, ne sert-elle pas seulement à masquer une politique sans direction précise ni stratégie et à laquelle le gouvernement lui-même ne semble plus croire, à voir le regard terne et vide de ses membres, à entendre leurs propos insipides et flous et l’indifférence ou encore le rejet qu’ils suscitent parmi leurs propres troupes.

L’autre solution aurait été de payer, de « gueuler » votre opposition sur le ton inimitable qui est le vôtre et de rester avec nous.

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