GPA - gestation pour autrui : cinq nuances plus sombres

Alors que les cinq candidats à la primaire socialiste étaient tous d’accord pour le mariage gay, on pouvait noter de vraies différences d’appréciation quant à la gestation pour autrui (GPA). Répondant en 2011 au magazine Têtu -mensuel centré sur la communauté homo et trans- des lignes de fractures étaient apparues, plus profondes que les socialistes voudraient bien le faire croire aujourd’hui à l’occasion de la polémique sur la circulaire Taubira. Rapide retour en arrière.

François Hollande, qui n’était alors que candidat à la primaire socialiste, s’était dit opposé aux mères porteuses, au nom du refus de la marchandisation du corps. Ses positions étaient nettement plus fluctuantes sur ce qui fait aujourd’hui l’objet de la circulaire Taubira (laquelle, rappelons-le, demande aux tribunaux de reconnaître les enfants de Français conçus à l'étranger de cette façon). Ainsi, dans une interview au même magazine Têtu, en avril 2012, à la question : "Seriez-vous néanmoins favorable à la reconnaissance des enfants nés par GPA à l'étranger ?", M. Hollande avait répondu : "Vous imaginez bien que si j'ouvrais cette question-là, ça pourrait être finalement une facilité donnée à la gestation pour autrui. Et seul compte le droit de l'enfant".

François Hollande ira même beaucoup plus loin, en répondant à un questionnaire de l’association Homosexualité et Socialisme (lire ici), dont le président n’était autre que Gilles Bon-Maury, aujourd’hui conseiller au cabinet de… Najat Vallaud-Belkacem : "Lorsque des enfants nés suite à une GPA légale à l'étranger reviennent en France avec leurs parents, il me semble nécessaire, au nom de l'intérêt supérieur de l'enfant, de permettre la transcription sur les registres de l'état-civil français de leur acte de naissance et de faciliter la reconnaissance du lien parent-enfant", écrivait en effet le futur président de la République, quelques jours avant son élection.

Ségolène Royal –et Najat Vallaud-Belkacem était à l’époque sa porte-parole- avait un avis différent sur le sujet. Ainsi, elle disait espérer un maintien de la gratuité pour les femmes acceptant de porter l'enfant d'une autre mais se montrait aussi plus favorable à ce genre de pratique, si elle avait lieu dans une même famille et à condition qu'il n'y ait pas confusion entre les générations : "Je ne suis pas favorable à ce qu'une mère porte un enfant pour sa fille", avait ainsi affirmé l’ex-compagne de François Hollande.

Martine Aubry, très favorable à l’adoption, s’était en revanche nettement prononcée contre la pratique des "mères porteuses", en expliquant "la marchandisation existera toujours tant que la misère existera". Arnaud Montebourg était le moins catégorique sur la question de la gestation pour autrui. Il disait approuver d'un côté la position de méfiance prise par son parti, en affirmant : "Je m'y suis rangé", mais ajoutait aussitôt : "Est-ce que ma position est révisable ? Peut-être".

Finalement, le plus ouvert sur la question de la GPA était Manuel Valls, qui affirmait : "Je comprends que certains au PS aient peur d'une dérive vers une marchandisation du corps des femmes qui pourrait se révéler immaîtrisable. Mais au-delà de ces précautions, c'est une évolution qui est incontournable, à condition qu'elle soit encadrée". On ne saurait être plus clair. Plus que jamais, les paroles s’envolent, les écrits restent.

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