Arrivée à l'OL féminin au début du mois de janvier, la footballeuse américaine Megan Rapinoe a pris ses marques dans son équipe et dans la ville. Et alors qu'elle n'a été embauchée que pour une pige de six mois avant de rejoindre l'équipe de Seattle, aux États-Unis, la joueuse de 27 ans a déjà conquis Gerland.
Le temps d’une pause photo, entre deux questions, Megan Rapinoe fait le poirier sur la pelouse de Tola Vologe. La nouvelle recrue de l’OL féminin donne du peps à Gerland. “Elle déconne beaucoup à l’entraînement, souffle Patrice Lair, son nouvel entraîneur. Elle manque un peu de concentration et a un petit côté désinvolte”. L’Américaine brusque quelque peu la discipline instaurée par un coach rigoureux. “Mais je commence à m’y habituer, c’est son état d’esprit. L’important, c’est qu’elle fasse ce qu’il faut le jour de la compétition”. Pour son premier match (amical) contre l’équipe de Shangai, à la mi-janvier, la native de Redding, en Californie, a marqué son premier but sous le maillot de l’OL. “C’est cool, c’est une bonne introduction”, lâche-t-elle, entre deux séances de musculation, en faisant un signe de la main à un membre du staff…“C’est comme si elle était là depuis deux ans”, sourit le coach. Embauchée pour une pige de seulement six mois, elle a déjà conquis l'OL. “Megan, c’est un esprit libre, elle est à l’aise avec elle-même et avec les autres”, confirme sa sœur jumelle Rachel.
Elle aime se balader rue de la "Ré"
Un mois après son arrivée à Lyon, la milieu de terrain de 27 ans n’a pas pris ses marques que sur la pelouse. “J’adore cette ville”, lance-t-elle, en tentant quelques mots en français. "Je prends des cours via un logiciel sur Internet", dit-elle… Logée du côté de Villeurbanne, elle apprécie se balader rue de la “Ré”, adore l’Opéra et aime particulièrement siroter un verre de vin. "On va au resto et au ciné ensemble, indique sa nouvelle coéquipière Sonia Bompastor. Mais Megan est le genre de personne à sortir toute seule. C'est une fille très indépendante. Elle a déjà repéré quelques endroits qui lui plaisent en ville pour aller boire un café !"
Dernière d’une famille de six enfants
“Quand j’ai entendu parler de ce recrutement, j’ai halluciné, avoue Maxime, 22 ans, supporter de l’OL, rencontré au bord des terrains de la Plaine de Jeux de Gerland, là où s’entraînent les filles. Je me suis dit "waouh"… Megan Rapinoe !”. La joueuse à la chevelure blonde peroxydée offre un joli coup de pied au club. “Deux coups de pied même !, savoure Patrice Lair. C’est une joueuse qui tire des deux pieds et peut jouer partout”. En 2012, elle est surtout devenue championne olympique aux Jeux de Londres avec les USA. Avec trois buts et quatre passes décisives… “Si elle en est là, c’est aussi parce que c’est une très grosse travailleuse”, confie Rachel.
Avant d’enfiler la médaille d’or autour de son coup, la dernière d’une famille de six enfants a fait ses gammes à l’Université de Portland puis a porté les couleurs de Chicago, Philadelphie, Boca Raton et Seattle. Sa recette du succès : “un peu de chance, de talent et beaucoup d’amour pour le jeu”. Une passion qui remonte à son enfance. “J’avais cinq ans et avec Rachel, on passait notre temps à jouer au foot à côté de notre frère Brian pour l’imiter”, raconte-t-elle… Sa sœur jumelle n'a pas continué à cause d'une blessure, Megan est devenue une star du ballon rond.
Icône gay outre-Atlantique
Car la recrue est aussi un sacré coup médiatique pour l’OL. Avec ses 200 000 “amis” sur Twitter et Facebook, la Californienne est très populaire aux États-Unis. Depuis les JO, elle a même vu un tee-shirt commercialisé à l’effigie de sa coupe de cheveux et a reçu les hommages de Tom Hanks et David Beckham dans une vidéo qui lui est dédiée. Il faut dire que la joueuse, diplômée de Science politique et de sociologie, a marqué les esprits. D’abord en 2011, quand, après avoir inscrit un but contre la Colombie en Coupe du monde, elle a pris un micro au bord du terrain et chanté “Born in the USA” de Bruce Springsteen…
Puis au printemps 2012 quand elle a fait son “coming-out”, devenant une icône gay outre-Atlantique.“C’est une incroyable joueuse de foot et une incroyable personne”, confie David Beckham.“Pour moi, c’était normal de le dire, assure-t-elle. Quand je vois les manif’ contre le mariage gay, je trouve cela ridicule. Ça me choque même. Mais les mentalités changeront. On se rend compte que pour évoluer, la société a besoin de ce genre de débat. J’ai manqué la dernière manifestation parce qu’on disputait un match mais si je peux, pour la prochaine, j’irai dans les rues de Lyon !”. Megan Rapinoe ne va pas rester longtemps dans le club rhodanien mais quelque chose nous dit qu’elle va y laisser son empreinte.