L'une s’interroge sur la violence et la déliquescence du monde, dans un solo sur la 7e symphonie de Beethoven. L'autre questionne en trio la recherche du silence intérieur. Gros plan sur deux chorégraphes à Lyon pour deux soirs.
Danse en déliquescence
La chorégraphe belge Michèle Noiret a été formée à l’école Mudra de Béjart (Bruxelles), où elle rencontre Karlheinz Stockhausen avec qui elle travaillera pendant quinze ans en tant que soliste, tout en créant sa compagnie. On la voit peu à Lyon, où sa venue est souvent associée à des événements musicaux comme aujourd’hui les Journées Grame ou la Biennale d’art contemporain. Caractérisé par des collaborations très étroites avec des artistes novateurs et percutants, son travail explore la décomposition de l’espace et l’intégration des technologies interactives du son et de l’image.
Demain est un solo qu’elle interprète sur le deuxième mouvement de la 7e symphonie de Ludwig von Beethoven, dirigé par Wilhelm Furtwängler en 1943 dans un Berlin agonisant sous les bombes. Une musique dont les compositeurs Todor Todoroff et Stevie Wishart transforment et entrelacent les textures sonores, donnant corps à une composition nouvelle. Utilisant la métaphore des abeilles qui disparaissent chaque jour – sans vraiment nous émouvoir, malgré le risque que cela modifie la planète –, Michèle Noiret s’interroge sur la violence et la déliquescence du monde actuel. Au cœur d’une scénographie noir et blanc, isolée ou intégrée dans le maniement de panneaux écrans, toiles, vidéos, d’images filmées en direct ou enregistrées, sa danse joue sur le chaos et la cohérence d’une écriture symbole de vie et de mort.
Corps et silence
Scène ouverte aux artistes émergents, le Croiseur nous propose d’aller à la rencontre de jeunes compagnies n’ayant pas encore accès aux scènes plus importantes. Formée au jazz puis au classique et au contemporain, la jeune Lyonnaise Émilie Odin a créé sa compagnie, Mouvementé, en 2008 et se trouve aujourd’hui en résidence au conservatoire municipal de la ville de Chassieu.
Après une première pièce, Chorélation, qui questionnait les rapports humains, notamment dans le jeu dominant/dominé, elle présente White Noise, pièce pour trois danseuses qui cette fois-ci questionne la recherche du silence intérieur. Avec une danse fluide mais ancrée au sol, la chorégraphe expérimente toutes sortes d’émotions en jouant sur des expressions telles que “tapage silencieux”, “boucan explosif ”, “repos bruyant”, “calme détonant”, “mutisme”, “brouhaha incessant de l’esprit” ou “tumulte permanent”. À découvrir !
Demain, de Michèle Noiret. Les 14 et 15 février, à 20h30, au Toboggan (Décines).
White Noise, d’Émilie Odin. Les 14 et 15 février, à 20h30, au Croiseur (Lyon 7e/Gerland).