C’est au même endroit qu’il y a presque trois ans que Raphaël Simonet vient rejouer son adaptation théâtrale du Jour des corneilles, un roman du Québécois Jean-François Beauchemin. Au Temple de la rue Lanterne, dans la pliure d’une toile bleue installée au fond du bâtiment. Un espace scénique insolite qui convient parfaitement à un spectacle qui l’est tout autant. On le découvre quand sort de l’obscurité un escogriffe à la démarche pataude qui s’adresse à un juge invisible et à nous, public, comme si nous étions ses assesseurs. Il parle une langue étrange, à la fois primaire et imagée, faite de barbarismes primitifs et d’expressions archaïques. Un idiome rabelaisien qui possède une force sauvage, éruptive. Elle vient renforcer le récit que nous fait entendre l’homme titubant. Qui, avec une rage mal contenue, déballe sa triste vie. Celle d’un sauvage vivant dans les bois à l’écart de toute civilisation. Une existence qui se termine dans le crime. Raphaël Simonet interprète cet homme en perdition avec une troublante sincérité. Il restitue de façon frappante la langue de Beauchemin et parvient à rendre attachant ce personnage frustre.
Le jour des corneilles jusqu’au 1er mars, du lundi au vendredi à 20 h 30 au Temple, 10 rue Lanterne. Renseignements, Réservations : 06 30 72 75 01