Face à la rue, l'extrême droite lyonnaise ouvre ses portes

Entre 1 800 et 3 000 manifestants se sont mobilisés ce samedi 16 février pour demander la fermeture du local des identitaires dans le Vieux Lyon. Dans le même temps, les identitaires ont organisé une journée portes ouvertes et les nationalistes invitaient l'extrême droite européenne pour un banquet dans les Monts d'Or. Ambiance.

Dès 14 heures, les premiers manifestants envahissent la place des Terreaux. On repère déjà les drapeaux rouges du Front de gauche, du Parti communiste français ou de la CGT. Derrière une banderole "antifascistes", des jeunes en capuches et cagoules noires attirent l'objectif des photographes. En ce samedi 16 février, ils sont 1800 selon la police et 3000 selon les organisateurs, à avoir répondu à l'appel du collectif de vigilance contre l'extrême droite, qui regroupe organisations de gauche et d'extrême gauche.

Tous demandent la fermeture du local des identitaires, "La Traboule", situé au coeur du Vieux Lyon depuis 2010. Pour l'occasion, Katherine Legay, conseillère municipale communiste à Lyon, a revêtu l'écharpe tricolore. "Lyon est en train de devenir un laboratoire de l'extrême droite", déplore l'élue. "Je suis dans le 5e arrondissement, et il y a un climat d'agressions qui s'installe dans le Vieux Lyon à proximité du local des identitaires", ajoute Katherine Legay.

"Fermez le local ! Arrêtez les ratonnades !"

A 15 heures, les manifestants prennent le chemin du Vieux Lyon. Parmi les slogans, on entend "Fermez le local ! Arrêtez les ratonnades". Sur les quais de Saône, des dizaines de camionnettes de CRS sont alignées, près de 300 policiers ont été mobilisés pour la manifestation. Après les colonnes du Palais de justice, les fumigènes s'allument et les esprits s'échauffent timidement. Car cent mètres plus haut, sur les marches de la montée du Change, une cinquantaine d'identitaires ont sorti les drapeaux lyonnais et haranguent les manifestants. Face à une dizaine de CRS, au milieu entre les deux camps, quelques jeunes antifas, en nombre marginal, ont emporté des battes de base-ball. Mais le cortège repart, bon enfant, jusqu'aux Terreaux. Les chants reprennent : C'est pas les sans-papiers. C'est pas les immigrés. C'est les identitaires qu'il faut virer !"

Au coeur de la Traboule

Au 5, rue montée du Change. Prenant à contre-pied le collectif de vigilance contre l'extrême droite, les identitaires ont organisé une journée portes ouvertes. Dans la Traboule", un local de 80m², une cinquantaine de jeunes boivent des bières dans des gobelets en plastique. Dans la pièce principale, on repère un bar, un punching-ball et des affiches jaunes et noires "génération identitaire", qui rappellent le coup de la mosquée de Poitiers. Dans une deuxième salle, plus petite, est disposé un canapé, un écran plat et une petite bibliothèque. "On fait des soirées et des conférences, comme la prochaine avec Robert Ménard", explique Arnaud Delrieux, l'un des porte-parole des identitaires.

"On a eu une inspection de la préfecture, on n'est dans notre droit", affirme Pierre, autre cadre identitaire, face aux menaces de fermeture de la Traboule. Les identitaires nient toute violence en provenance du local et expliquent n'avoir jamais eu aucuns contrôles de la police. Plusieurs agressions sont pourtant intervenues près de la Traboule entre 2010 et 2012. Après la marche des cochons en 2011, des commerces avaient été saccagés en soirée. "Mais c'est la même chose lors des manifs étudiantes ou de la CGT ! Nous ne sommes pas responsables", se défend un identitaire, non sans ambiguïtés. Presque aucunes filles ne sont présentes à la Traboule en cette journée portes ouvertes, où il est impossible de filmer. "Une autre fois", explique Arnaud Delrieux, qui propose une bière aux journalistes, et invite, tout sourire, les membres du collectif de vigilance à débattre dans le local. "Ils ne sont pas venus. Alors qui sont les plus ouverts ?", s'amuse Pierre.

Alexandre Gabriac : "Solidaire des identitaires"

Dans le même temps, 350 nationalistes, selon les organisateurs, se sont donné rendez-vous dans les Monts d'Or pour le Forum de la nation. Après l'incendie du premier lieu où devait se tenir le banquet nationaliste, à Saint-Germain-au-Mont-d'Or, les organisateurs ont préféré la jouer discret. "C'est quelque part sur Terre, en France, et peut-être en région lyonnaise", s'amuse Yvan Benedetti, président du mouvement pétainiste de l'Oeuvre française, et organisateur de l'évènement. Des nationalistes radicaux de toute l'Europe auraient fait le déplacement : NPD (Allemagne), Casapound (Italie), Genève non conforme (Suisse) ou Phalanges espagnoles (Espagne). Chef des Jeunesses nationalistes, Alexandre Gabriac gardait tout de même un oeil rivé sur Lyon et la manifestation. "Je suis aujourd'hui solidaire des identitaires comme tous les mouvements qui sont persécutés", confie le conseiller régional, exclu du FN pour salut nazi.

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