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"Et les gens du voyage alors, tout le monde s’en fout ?"

Régulièrement, sur lyoncapitale.fr, retrouvez notre nouvelle chronique, signée Bobo Lejournaleux, 28 ans et toutes ses dents. Bobo-dit-BLeJ y défendra des positions "hyper engagéesJ", dans des enquêtes de fond ou des éditos au vitriol, "pour une société plus juste et plus humaineJ". Une sorte de monde idéal en somme, car, comme l’écrit Bobo à ses 123 lecteurs sur son compte facebook : "Avec tout les confrère journaliste c est la société à laquelles dont on rêvent tous ensemble dans nôtre topic politiquement pas correctJ ". Dans ce premier épisode, Bobo s’indigne du sort réservé aux gens du voyage. Il s’est ainsi rendu à Paris en TGV, aller-retour en 1ère classe dans la journée, même que le journal d’extrême droite qui l’emploie lui a payé le taxi jusqu’à la gare, ainsi que son billet SNCF et ses deux plateaux-repas avec supplément vin rouge. Mais n’allez pas croire qu’il est vendu au Grand Kapital, car Bobo est in-dé-pen-dant, "un pur" tendance Bakounine-Mélenchon, néanmoins revu par un correcteur orthographique.

À ce que m’avait dit, il y a quelques années, un ami artiste(*) qui vit et crée sur les Pentes, Paris est le seul département français à ne compter aucune aire d'accueil pour les gens du voyage. Un vrai scandale ! Mais un scandale qui pourrait enfin cesser cette année, grâce au courage de Bertrand Delanoë, lequel, on s’en souvient avec émotion, a déjà payé un lourd tribut à l’extrémisme (vidéo ici), et vient de faire adopter par le Conseil de Paris deux projets situés dans les bois de Boulogne et de Vincennes. Le dossier prévoit des constructions démontables d'une capacité de 28 et de 35 places sur des parkings de la Route des Tribunes (16e) et du plateau de Gravelle (12e). Des aménagements évalués à près de 10 millions d'euros, qui seront financés par tous les riches -violents, hétéros et ennemis de la planète qui vont encore au boulot en voiture- grâce à la future taxe Carbone 14.

Si j’étais riche

Les deux projets doivent encore recevoir différentes autorisations administratives pour être validés mais l'État -qu’on est prié de laisser dans les toilettes en sortant- ne devrait pas s'opposer à leur mise en place et JC Decaux serait même mis à contribution. "Les gens du voyage forment jusqu'ici la seule composante de la population française qui n'a pas le droit d'habiter à Paris", déplore David Martin, le directeur de la Fnagv2, une fédération nationale subventionnée qui regroupe plusieurs fédérations, qui regroupe plusieurs associations, qui regroupe plusieurs acteurs, qui regroupe plusieurs observateurs des quartiers engagés dans la lutte contre la précarité des gens du voyage. "On a trouvé du foncier disponible pour beaucoup de monde mais pas pour eux. Dès qu'un lieu est envisagé intra-muros, il y a une levée de boucliers. Et ça c’est vraiment dégueulasse, les Français sont devenus égoïstes. Moi, si j’étais riche et si j’avais de la place dans mon pavillon, eh ben j’hésiterais pas une seconde, je les logerais tous intra-muros chez moi".

C’est aux riches de payer

Depuis une loi votée en 2000, chaque département est en effet censé se doter d'un nombre de places d'accueil suffisant pour répondre à la fréquentation estimée des gens du voyage sur le territoire. Pour Paris, les besoins ont été évalués en 2004 à 200 places. "Mais cette estimation ne tient pas compte de l'attractivité réelle des départements", poursuit David Martin. "Pour les Hauts-de-Seine, 300 places ont été prescrites alors qu'il y a un fric fou à pomper et un énorme potentiel économique, hospitalier et éducatif pour les familles. Et encore, seulement 27 places ont été pour l'instant construites. Et ça aussi c’est dégueulasse, parce que les Hauts-de-Seine c’est quand même le département le plus riche de France et que les gros riches ils doivent payer, tout simplement parce qu’ils peuvent payer. En plus, ils sont pleins de préjugés sur les gens du voyage, comme quoi ces derniers seraient voleurs par exemple. Mais tout ça c’est rien que de la peur nourrie par l’ignorance, il n’y aucune statistique européenne sérieuse sur le sujet". Selon la Fnagv2, 53,87 % des places requises avaient été créées en France fin 2011. En Ile-de-France, ce pourcentage tomberait à 34,99 %.

Je reviendrai un jour, je reviendrai

Comme je devais reprendre mon TGV à 18h00, je n’ai hélas pas pu me rendre au Bois de Boulogne ou au Bois de Vincennes pour prendre en photo les emplacements prévus in situ. Et puis de toute façon je n’ai pas reçu mon nouveau Leica M9-P, depuis que j’ai été bousculé à la Part-Dieu et que le boîtier de mon EOS s’est un peu rayé. Mais je reviendrai, c’est sûr, dès que j’aurai mon nouveau matos (franchement, la direction, elle abuse pour lâcher son oseilleJ lol mdr ;-)). Oui, je reviendrai. Pour témoigner. Pour que cesse ce scandale. Pour que les gens du voyage aient une vie décente dans le pays de Droits de l’homme. Pour que vive la République. Pour que l’Égalité ne soit plus un vain mot. Et parce que je vous aime tous.

(*) Pour des raisons de sécurité liées au secret des sources et en dépit de nombreuses pressions policières, je ne dévoilerai pas son identité

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