Robert Ménard chez les Identitaires de Lyon : "Le pluralisme bridé par les journalistes"

Il sera le 26 février à la Traboule, le local des Identitaires lyonnais. Le fondateur de Reporters sans frontière, partisan de la peine de mort et dans certains cas de la torture, avait sorti en 2011 l'essai au titre provocateur Vive Le Pen. En acceptant l'invitation de l'extrême droite lyonnaise, saute-t-il le pas ? Le fondateur du site Boulevard Voltaire répond à nos questions.

Lyoncapitale.fr : Vous êtes invité à la Traboule, local des Jeunes Identitaires lyonnais. Pourquoi ce choix ? Quel sens faut-il donner à votre présence dans ce local d'extrême droite ?

Robert Ménard : Je vais là où je suis invité. Quand je me rends dans une loge maçonnique, personne ne le relève. Même chose pour la Fête de l'Humanité : aucun journaliste pour me demander ce que je fais là. Il y a quelques années, j'ai été invité à un rassemblement de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et j'y suis allé. Peu m'importe les idées de ceux qui me reçoivent. Ce qui compte, c'est ma liberté de parole.

Qui a pris l'initiative de cette réunion publique ?

Ils m'ont invité.

Et qui a défini le thème "France qu'as-tu fait de ta liberté d'expression" ?

C’est eux. Ils m'ont proposé de parler de la liberté de la presse. Et j'ai une petite expérience de vingt ans dans le domaine…

Est-elle menacée en France ?

Évidemment pas de la même manière qu'en Chine ou en Arabie saoudite. On ne tue pas de journalistes en France. Mais la liberté de ton et le pluralisme de la presse sont bridés par les journalistes eux-mêmes. Rien de plus conventionnel, de plus attendu qu'un journaliste. Rien de moins curieux aussi. Ils vont chercher ce qu'ils ont dans la tête. La France n'est pas un pays de débat. Un exemple : les étudiants du Centre de formation pour les journalistes [CFPJ] ont organisé un scrutin interne à leur école, lors de la présidentielle : aucune voix ne s'était portée pour Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy. Tous ont voté à gauche. Ce seront pourtant les cadres des rédactions de demain.

Il existe tout de même en France une presse de droite et d'extrême droite : Le Figaro, Le Point, Minute

Permettez-moi de vous dire que Minute pèse bien peu en comparaison de France Info ou de France Inter.

France Info, ce n'est pas l'extrême gauche !

C'est un tissu de politiquement et d'historiquement correct. Un robinet d'eau tiède de bien-pensance. Et je rappelle pourtant que c'est un service public, payé par les contribuables…

Mais il existe bien une presse de droite. Le Figaro, c'est même le premier quotidien généraliste de France.

Au-delà de la droite et de la gauche, 90% des journalistes sont de la même sensibilité. Regardez les articles sur le mariage gay, sur l'avortement ou sur l'euthanasie. Je me soucie du pluralisme du débat.

Samedi dernier, des personnes ont manifesté pour demander la fermeture de la Traboule, le local où vous irez. Qu’en pensez-vous ?

(Ironique) Certains sont des grands défenseurs des libertés. Je n'ai jamais demandé l'interdiction de qui que ce soit. Je n'ai aucune espèce de sympathie pour ce qu'ont fait les Femen [collectif de femmes seins nus qui ont fêté la démission de Benoît XVI à Notre-Dame de Paris, ndlr], mais il ne me viendrait pas à l'idée d’en demander l’interdiction.

Vous êtes invité à Lyon par les Identitaires. En France, ils se sont fait remarquer par une action contre une mosquée en construction, à Poitiers. Qu'en avez-vous pensé ?

C'était une mosquée en construction, il n'y avait pas l'ombre d'un imam ou d'un fidèle. J'ai tellement fait de happenings à la tête de Reporters sans frontières que je serais mal venu de les condamner. Mais je ne les aurais pas pour autant accompagnés.

À Lyon, ils ont investi un Quick halal en portant des masques de cochons. Même question : qu'en pensez-vous ?

Je ne trouve pas cela de très bon goût. Mais, tant qu'il n'y a pas de violence… Leur action pose le problème de la cuisine halal en France. Dans les Quick ou dans les cantines. Cela devient un vrai problème quand cela nous est imposé. Comme lorsque je mange de la viande halal — le plus souvent sans le savoir — alors que je n'en ai pas demandé.

Selon vous, l'existence de commerces halal pose problème ? Comme celle de kebabs ?

Cela me pose problème quand un Quick est remplacé par un Quick halal et que l'on n'a plus de choix. En tant que catholique, je ne mange pas de viande le vendredi, mais je ne l'impose à personne.

Récemment, ils ont mis en place des maraudes pour les SDF français de souche...

Ils font ce qu'ils veulent. Leurs actions ont ceci d’intéressant qu’elles soulèvent et soulignent certains problèmes. Même si, encore une fois, je ne m'associerais pas à ce genre de choses.

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