Si la bande dessinée se résume souvent aux comics américains, à la ligne claire d’Hergé, à un village d’irréductibles Gaulois ou aux mangas que dévorent adultes et adolescents, la bibliothèque de la Part-Dieu et le Goethe-Institut élargissent notre horizon en mettant en lumière la nouvelle génération de bédéastes allemands.
Il est peu dire que la bande dessinée allemande est inconnue du grand public. Et pour cause, non seulement l’Allemagne importe 90% de bandes dessinées (essentiellement en provenance des États-Unis, de la France et du Japon), mais les maisons d’édition allemandes sont rares à soutenir la création made in Germany. Depuis les années 1990 et la réunification du pays, la BD allemande connaît pourtant un nouveau souffle. La bibliothèque de la Part-Dieu et le Goethe-Institut n’étaient pas trop de deux pour présenter le travail des auteurs les plus représentatifs de cette nouvelle génération (nés dans les seventies) et des avant-gardes qui les ont formés.
Foisonnante et audacieuse
Roman graphique, gaufrier classique, album expérimental, biopic..., la BD allemande est à l’image de sa cousine française : foisonnante et audacieuse dans ses formes, sujets et styles. Quelques auteurs sortent du lot, comme Anke Feuchtenberger et sa Putain P, auteure singulière dans la construction elliptique et tout en clair-obscur de ses albums, Jens Harder avec Alpha, son pavé ambitieux mêlant science, religion et philosophie pour retracer 14 milliards d’années d’histoire de l’évolution en 2.000 vignettes, Arne Bellstorf et Line Hoven, proches dans leur graphisme d’auteurs américains tels que Daniel Clowes ou Charles Burns, ou l’autodérision des dessins de Mawil, non sans rappeler le trait et l’humour de nos Larcenet et Trondheim.
Les limites de l’expo
Si chaque auteur bénéficie de plusieurs planches (malheureusement aucune planche originale ici) pour montrer l’étendue de son talent, tous auraient mérité un plus large développement biographique (qu’aurait pu combler le catalogue, mais il n’est pas traduit en français, dommage). Ce ne sont là que les grandes lignes de la nouvelle BD allemande. Aux visiteurs de pousser un peu plus loin la découverte de ces auteurs, notamment dans la section littérature de la bibliothèque de la Part-Dieu, où l’on peut retrouver les albums traduits de Feuchtenberger ou Harder.
A.D. Comics, manga & Co. Jusqu’au 23 mars, à la bibliothèque de la Part-Dieu (Lyon 3e), et jusqu’au 22 mars au Goethe-Institut, 18 rue François-Dauphin (Lyon 2e).