LC 720 p. 48-49

Pilules de 3e et 4e générations : des victimes lyonnaises témoignent

Depuis la médiatisation de la plainte au pénal de Marion Larat, victime d’un AVC qu’elle impute à la pilule Méliane et aujourd’hui handicapée à 65%, de plus en plus de victimes des pilules contraceptives prennent la parole. L’enquête santé de Lyon Capitale-le mensuel de mars. Extraits.

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Théodora, Maylis, Sabrina, Élise, Martine, Marion, Déborah, Floriane... La liste des victimes des pilules de 3e et 4e générations s’allonge. Lyon et sa région ne font pas exception à la règle. En Rhône-Alpes, trois décès ont été recensés par l’Association des victimes d’embolie pulmonaire (Avep), pour dix-sept à travers la France. Sur le site de l’Avep, l’association qu’a fondée Pierre Markarian après avoir perdu sa fille de 17 ans des suites d’une embolie pulmonaire massive liée à la prise de contraceptifs, des centaines de témoignages de femmes ayant subi des accidents vasculaires cérébraux, des embolies pulmonaires ou des thromboses s’accumulent. Nous avons rencontré Élise, 31 ans, maître de conférences.

Le témoignage d’Élise

“À 20 ans, j’ai pris rendez-vous avec une gynécologue afin qu’elle me prescrive un moyen de contraception. Elle m’a conseillé Diane 35, une pilule qui avait l’avantage de faire disparaître l’acné. Sur le coup, j’étais plutôt contente. Quatre mois après, j’ai fait un premier malaise chez moi. Je ne me suis pas inquiétée plus que ça. Une semaine plus tard, je partais en vacances au Canada avec mon copain. Sur place, j’ai commencé à tenir des propos incohérents, j’avais le bras engourdi et je ne pouvais plus tenir debout. On m’a transférée vers l’hôpital le plus proche. Là-bas, j’ai eu une crise d’épilepsie et ils ont identifié un accident vasculaire cérébral (AVC) qui m’a rendue tétraplégique. À la suite de cela, je suis tombée dans le coma. J’ai été rapatriée en France deux semaines plus tard. Les médecins m’ont dit que j’avais failli mourir et que j’avais un caillot de sang depuis un mois dans le cerveau, mais aucun facteur n’a été évoqué à l’époque. J’étais juste interdite de pilule à vie.

“Seule une neurologue, il y a un an, a clairement fait un lien entre la pilule et mon AVC. Entièrement paralysée, j’ai été prise en charge dans un centre de rééducation où j’ai réappris à marcher. Étudiante en école d’ingénieur, j’ai dû mettre de côté mes études pendant plus d’un an. J’ai dû aussi réapprendre à écrire et ça a pris deux ans. Aujourd’hui, je suis maître de conférences à la fac, mais j’ai encore des séquelles : je boite de la jambe droite et je suis devenue épileptique, heureusement sans crise depuis plusieurs années grâce à un traitement. J’ai toujours cru que j’étais un cas unique, qu’aucune autre fille n’avait vécu ça. Je sais que mon cas n’a jamais fait l’objet d’un signalement en pharmacovigilance, et pourtant j’ai consulté un nombre de médecins incalculable ! Quand j’ai entendu le témoignage de Marion Larat et d’autres femmes, j’étais révoltée, en colère. Je me suis engagée auprès de l’Avep afin de diffuser ce message : il faut que tout le monde connaisse les risques de la pilule. C’est essentiel.”

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Lyon Capitale-le mensuel de mars publie également le témoignage de Martine, 48 ans, victime d’un AVC après avoir pris la pilule de 3e génération Mercilon, et revient sur les cas de Maylis et Sabrina, décédées à 18 et 24 ans. Comment le lien de cause à effet a-t-il été établi, pourquoi si tard alors que les risques étaient connus depuis 1961 ? Lyon Capitale a interrogé des médecins qui défendent la prescription de ces pilules et Me Jean-Christophe Courbis, l’avocat de Marion Larat, et rencontré Pierre Markarian, l’homme qui a lancé l’alerte.

Lyon Capitale n°720 est en vente en kiosques jusqu’au 28 mars, et dans notre boutique en ligne.

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