L'Agence de l'eau a retrouvé plus de 200 pesticides dans nos cours d'eau, parmi lesquels 49 substances interdites depuis plusieurs années, tandis que 20 produits illicites polluaient nos nappes phréatiques (sur près de 130 pesticides détectés). En voici la liste, exemples à l'appui.
L'Agence de l'eau a donc retrouvé 49 pesticides interdits dans les cours d'eau des bassins Rhône-Méditerranée et Corse (voir en bas d'article). Parmi ces substances illicites, elle cite les triazines, herbicides qui contaminent le plus grand nombre de stations. Si, "en cohérence avec la législation", la présence décelable de ces substances est à la baisse, un "bruit de fond" subsiste. En cause : l’existence de stocks dans les sols, "présents sous la forme de résidus liés à la matière organique. Ces résidus liés, très stables, peuvent persister et être relargués sous l’action des microorganismes même après plusieurs années".
Tout serait-il normal au royaume des pesticides ? Loin de là. Car "rien ne permet d’exclure des usages actuels de pesticides interdits, et notamment quand les concentrations de la molécule mère ne tendent pas à la baisse, continue l'Agence de l'eau dans son rapport. En outre, le niveau des concentrations mesurées de certaines substances dans plusieurs cours d’eau ne laisse que peu de doutes quant à une utilisation illicite de ces produits."
Lors de la présentation de ce rapport, mardi à Lyon, Martin Guespereau, directeur générale de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, s'était fait plus direct encore : "On fait toujours un usage courant de pesticides interdits !"
Autre exemple : les concentrations en terbuthylazine (voir graphique ci-dessous), un herbicide, sur l’Orbieu à Névian (Aude) "ont nettement diminué depuis leur interdiction en 2003, mais sans atteindre des concentrations non détectables". A nouveau, "les niveaux de concentration actuels font craindre une utilisation illicite de cette substance".
Des dizaines de nappes phréatiques contaminées par des substances interdites
L'Agence de l'eau analyse chaque année 315 stations, réparties sur 42 nappes du bassin Rhône Méditerranée, pour y détecter la présence de pesticides. Conclusion : en 2011, 143 de ces stations, situées sur 38 nappes différentes, ont enregistré des concentrations en pesticides supérieures aux normes de qualité requises pour l’alimentation en eau potable (0,1 μg/l), pointe encore l'agence.
Quant au coupable, il est vite désigné: "A une exception près (bentazone), les principales matières actives à l’origine de la contamination des nappes d’eau souterraine en 2011 sont des substances interdites ou leurs produits de dégradation." Et, pour leur écrasante majorité, des herbicides (voir graphique ci-dessous).
Parmi les 129 substances identifiées en 2011 dans les eaux souterraines, l’atrazine déséthyl et l’atrazine déséthyl-déisopropyl, deux produits de dégradation de l’atrazine (substance interdite d’utilisation depuis 2003), sont à l’origine du plus grand nombre de non-conformités des eaux vis-à-vis de l’alimentation en eau potable, précise l'Agence de l'eau. "Les concentrations de ces produits de dégradation sont parfois importantes, de 10 à 20 fois les normes pour l’eau potable. Les secteurs les plus touchés sont situés dans les zones où l’atrazine a été le plus largement utilisée, c’est-à-dire dans les régions viticoles et de grandes cultures du bassin (Bourgogne, Beaujolais, Côte du Rhône, haut bassin de la Saône), et, plus localement, dans certains secteurs de maraîchage (alluvions de l’Huveaune à Marseille)."
très bon article, merci !
Il est important d'informer la population, seul moyen de faire pression sur les mauvaises habitudes qui doivent changer très vite. bonne initiative cet article.