Lyonnais d'origine, ils vivent à New York depuis quelques mois voire plusieurs dizaines d'années. Pourquoi sont-ils partis, que font-ils là-bas, sont-ils nostalgiques des quais du Rhône, comment voient-ils Lyon aujourd'hui... Autour de l'association Les Lyonnais de New York, Lyon Capitale a été à leur rencontre. Cinquième portrait.
Jérôme Espinos ne prendra pas de pause déjeuner aujourd’hui. Comme tous les jours depuis qu’il habite à New York et travaille pour Ralph Lauren, dans un bureau situé à une rue de Central Park. En avril 2007, la célèbre marque américaine recrute le Roannais pour en faire son président du département Chaussures et accessoires. Un peu plus de deux ans plus tard, Ralph Lauren ouvre une boutique sur Madison Avenue en plein cœur de Manhattan, avec pour la première fois un important rayon chaussures.
Romans d’apprentissage
Né à Roanne, Jérôme Espinos s’est installé à Lyon lorsqu’il est entré en prépa HEC au lycée Ampère. Mais c’est à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, qu’il a fait ses classes, pendant dix ans, chez Charles Jourdan. Devenu malgré lui spécialiste du monde de la chaussure, il déménage dans l’autre capitale de la chaussure, Milan. Il travaille alors pour le groupe de luxe LVMH en tant que responsable du développement et des ventes de marques comme Marc Jacobs, Givenchy ou Emilio Pucci.
“Les Français n’ont pas la bonne mentalité”
Jérôme Espinos s’est depuis installé à New York avec sa femme et ses trois enfants, âgés de 11, 13 et 17 ans, tous inscrits au prestigieux lycée français. “Évidemment que la qualité de vie n’est pas la même que celle que j’avais à Lyon. Mais, pour autant, je n’ai pas très envie de rentrer en France.” Jérôme Espinos stigmatise l’arrogance française, frein à l’innovation selon lui. “Les Français sont créatifs, mais n’ont pas la bonne mentalité. New York apporte l’esprit américain nécessaire à l’émulation. Ici, les gens sont heureux parce qu’ils sont motivés par leur travail.”
Lyon ? Quand il sera vieux
Le Roannais regrette également qu’une ville comme Lyon n’ait pas plus de magasins de vêtements, “alors qu’il y a plein de belles rues. La ville pourrait faire plus pour rendre la Presqu’île plus attractive pour les boutiques de mode. Lyon est assez riche, il y a un vrai potentiel.” Critique envers sa région natale, il n’en reste pas moins très attaché à ses origines et revient dans la région lyonnaise environ deux fois par an pour voir sa famille. Il a également gardé un pied-à-terre à Romans. “Finir mes jours à Lyon, pourquoi pas ?” Mais pour l’instant, avec le style de vie new-yorkais, Jérôme Espinos a trouvé chaussure à son pied.