Mozart

Mozart et la manière !

En avril, le Festival de musique baroque de Lyon fête Mozart, à travers deux concerts pour le moins excitants... Et sur instruments d’époque, s’il vous plaît !

Mozart sur instruments d’époque ? Il convient de resituer le contexte. Qu’il soit bien clair que Wolfgang Amadeus Mozart n’a jamais connu nos grands pianos actuels : aux premières heures, notre bambin s’exerçait sur des clavecins, instruments pour lesquels il composa ses premiers concertos pour clavier. Plus tard, il s’illustra comme l’un des plus grands virtuoses de son temps au pianoforte, engin dont la technologie s’approche davantage de celle d’un piano moderne mais aux proportions bien plus modestes et à la sonorité fluette et percussive s’accordant à merveille avec les effectifs orchestraux réduits de son temps. Il en va de même pour les instruments d’orchestre : violon, violoncelle et contrebasse étaient montés avec des cordes en boyau animal, point. L’acier et sa sonorité plus puissante – mais moins nuancée – ne s’est répandu que bien plus tard, comme le vibrato constant qui se substitua progressivement, à la fin du XIXe siècle, aux divers ornements hérités du baroque. Mozart est né dans le baroque. Il a fait évoluer la musique vers un genre baptisé, longtemps plus tard, “classicisme”, mais son œuvre porta jusqu’à ses dernières heures le sceau du contrepoint de Bach, des marches et frottements mélodiques de Pergolèse...

Minkowski plutôt que l’hérésie

Partant de cet axiome, les interprétations “historiques” de Karajan, Böhm ou Klemperer paraissent autant d’hérésies, alors que celles dispensées depuis par nos chers “baroqueux” tentent de se rapprocher de ce que Mozart était en mesure d’entendre en composant. Histoire de souligner ces liens intimes entre Mozart et le baroque, Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre ont choisi d’associer dans un même programme sa Grande Messe en ut mineur à deux cantates de Bach (BWV 31 et BWV4). Enchaînement logique qui permettra de savourer, outre ces deux incroyables cantates, le talent syncrétique de Mozart, qui parvient dans sa messe à la synthèse entre le contrepoint strict (et le recours aux formes fuguées héritées de Bach) et l’expressivité opératique d’ariosos ouvrant l’œuvre sur une modernité étincelante.

Baroque indélébile

De son côté, le chef Sigiswald Kuijken, invité dans le cadre d’une carte blanche à l’Orchestre des pays de Savoie, dirigera un programme 100% instrumental. L’orchestre mozartien sera ici à l’honneur sous toutes ses coutures : ouverture de La Finta Giardiniera, Symphonie concertante pour violon et alto, 25e symphonie en sol majeur... Nouveau petit clin d’œil à Bach, l’Adagio et fugue pour cordes KV 546 aura tôt fait de rappeler l’empreinte indélébile du contrepoint baroque, qui ressurgit dans le Mozart tardif.

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Grande Messe en ut mineur/Cantates BWV31 et BWV4. Mercredi 3 avril, à 20h, à la chapelle de la Trinité (Lyon 2e).

Symphonies, adagio et fugue. Mercredi 10 avril, à 20h, salle Molière (Lyon 1er).

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