Alors que François Hollande souffle sa première bougie en tant que président de la République, plusieurs partis de gauche ne sont pas de la fête. De Lutte Ouvrière à Europe Écologie Les Verts, les mécontents sont nombreux. Revue d'effectifs.
À la gauche du PS, on est en ordre de bataille le 5 mai. Sous le signe de l'unité ? Rien n'est moins sûr. “On sera dans la rue pour faire le bilan pas brillant du tout [du gouvernement en place]”, prévient Armand Creus, conseiller régional Rhône-Alpes – Front de Gauche (FDG). Ailleurs, on a du mal à comprendre cette initiative lancée “unilatéralement” par Jean-Luc Mélenchon. Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) sera bien présent mais “selon nos propres mots d'ordre”, précise Olivier Neveu, membre du bureau national.
Dans une tribune datée du 3 mai pour Le Monde, les dirigeants du NPA, Philippe Poutou, Olivier Besancenot et Chrisitine Poupin, avouent “ne pas partager la façon de faire, ni les appels cocardiers, souverainistes, voire nationalistes [de M. Mélenchon]”. Une position partagée par Lutte Ouvrière (LO) qui ne manifestera pas. “On n'est pas d'accord sur le fond avec les idées du Front de gauche”, explique Cyril Duvinage, militant villeurbannais de LO. Europe Ecologie Les Verts (EELV) sera là, mais en ordre dispersé. L'ambiance n'est donc pas sous le signe de l'unité à la gauche du PS.
Le “court-termisme” et les “lois scélérates”
Pourtant les quatre partis s'accordent sur un point : après un an d'exercice, le gouvernement de François Hollande déçoit. Le jugement de Philippe Meirieu, vice-président EELV du conseil régional de Rhône-Alpes, est sans appel. “La politique du Gouvernement reste rivée à une idéologie marquée par le libéralisme et le productivisme”, explique-t-il. Et de dénoncer “le court-termisme et la caporalisation hiérarchique” dont fait preuve ce Gouvernement. Et ce, malgré “l'excellent travail” de Cécile Duflot et Pascal Canfin, les deux écologistes présents dans la majorité présidentielle.
À LO et au NPA on n'est pas surpris de la tournure des événements. “Il n'y a pas eu d'épreuve de force avec la finance, c'était prévisible”, précise Olivier Neveu. Avec en ligne de mire “les lois scélérates” de l'année écoulée, comme l'Accord national interprofessionnel (ANI) sur l'emploi. “Cette attaque contre le droit du travail, c'est du jamais vu pour un gouvernement de gauche”, juge-t-il. Le NPA a pourtant appelé à voter François Hollande au deuxième tour de l'élection présidentielle. Il nuance : “C'était pour contrer Sarkozy et non pour voter Hollande”.
Les appels à un “changement de gouvernement” et à une “explosion sociale”
Un an de présidence. Un tableau noir du point de vue social, économique et politique. Mais aussi un point positif que seuls rappellent EELV et le FDG : le mariage pour tous. Philippe Meirieu pointe cette “avancée” quand Armand Creus parle de “seule victoire” politique. Et ce dernier d'ajouter qu'“il faut remplacer ce gouvernement, avoir une autre majorité qui soit à gauche”. Pour le FDG, le changement, c'est institutionnel.
Une position que ne rejoint pas le NPA. Olivier Neveu rejette ces “combinaisons institutionnelles” et rappelle le “rôle ambigu” du FDG avec la majorité présidentielle, notamment dans le vote de la guerre au Mali.
À LO on ne se fait plus “aucune illusion” sur les prochains mois du gouvernement Hollande. Leur souhait ? Une “explosion sociale pour que les grands capitalistes aient la trouille”, détaille Cyril Duvinage. Une position pour le moins radicale. Voire marginale. Que ce soit sur le positionnement du FDG ou de LO, certaines personnalités à la gauche du PS mettent en garde. Philippe Meirieu voit dans la “désillusion” de la population française le risque d'un “rejet complet de la politique et une récusation radicale de toute action publique”. Ce qui a pour effet de “nourrir l'extrême droite”. Olivier Neveu du NPA se méfie “[d]es fascistes [qui] récolteraient les fruits du désespoir social”. C'est finalement l'enseignement de l'année écoulée pour François Hollande et le gouvernement.
Dans ce genre debat il vaut mieux rester neutre pour ne pas êtres dans le mauvais camp!