Lyon Capitale vous propose de mieux découvrir les cinq candidats engagés dans la primaire UMP qui se tiendra le 2 juin pour le premier tour et le 9 juin pour le second. Retrouvez tous les éléments pour vous permettre de juger Michel Havard, le chef de l'opposition au conseil municipal. Son parcours, son programme et comment ses concurrents le perçoivent.
Mandat(s) actuel(s) : conseiller municipal à Lyon, conseiller communautaire (Grand Lyon).
Anciens mandats : député, conseiller général.
Son parcours
Désigné par Dominique Perben, avec l’assentiment de tous les élus UMP du conseil municipal, comme leader de l’opposition après la claque des municipales de 2008, Michel Havard n’a pas réussi à imposer un leadership incontestable sur la droite lyonnaise. Ce qui explique d’ailleurs l’organisation de cette primaire. Avec son image de gendre idéal, Michel Havard a laissé Emmanuel Hamelin, Denis Broliquier et Nora Berra s’émanciper sans sourciller. Fidèle à sa ligne conductrice, il a mené une opposition constructive à Gérard Collomb. “Il est victime du syndrome du bon élève. Il travaille, mais il n’arrive pas à le faire savoir. Il n’arrive pas à se forcer à dire du mal des autres. Il n’est pas assez méchant, il cherche toujours à arrondir les angles”, pointe un de ses conseillers.
Pour éviter un affrontement sur le terrain du lobbying parisien à l’UMP, Michel Havard a donc demandé l’organisation d’une primaire, qui lui a finalement été accordée fin mars. Pour lui, il s’agit de l’outil miracle qui lui offrira sur un plateau tout ce qu’il n’a pu décrocher jusqu’alors : le leadership incontestable sur la droite lyonnaise. “La primaire va amener une légitimité et permettre de clore le débat et les spéculations. À partir du 9 juin, ce sera très confortable”, s’amuse Michel Havard. “Il est le candidat naturel de l’UMP. Il vit à Lyon, son parcours est lyonnais et il a la légitimité politique : il est le responsable du groupe qui mène l’opposition à Gérard Collomb. Il a fait le job”, décrit Patrick Huguet, l’un des 19 élus qui soutiennent le président du groupe UMP au conseil municipal. C’est cet argument que Michel Havard oppose à tous les reproches qui lui sont adressés. Il cite Gérard Collomb en modèle d’opposant et fait de la conquête de Lyon l’unique objectif de sa vie politique. La perspective de porter la liste UMP aux municipales de 2014 a adouci sa déception d’avoir été emporté par la vague rose aux législatives de 2012. Ses traits de caractère – patient, honnête, pondéré – collent aussi à l’homme politique qu’il est.
Ce qu’il propose
Michel Havard s’est montré prudent sur ses propositions, lors de la campagne pour cette primaire. Il n’a pas digéré de s’être fait voler par Gérard Collomb l’idée de “chèque logement” qu’il avait lancée en janvier. Malgré son envie de ne pas se dévoiler, Michel Havard a livré quelques pistes sur son programme pour 2014. Fidèle à ce qu’il avait déjà dévoilé ces derniers mois, il prévoit de financer sur deux mandats la création d’une ligne de métro qui relierait la gare Saint-Paul à la Part-Dieu, prolongée plus tard vers l’hôpital Femme-Mère-Enfant. Il refuse en revanche l’extension de la ligne A jusqu’à la Confluence. Il présente Gerland comme sa priorité pour les années à venir. Il veut en faire un pôle sportif et associatif pour redonner un souffle au stade et au palais des Sports, et prévoit d’y installer des logements étudiants sous forme de conteneurs réaménagés. Conscient que 70 % du budget du prochain mandat est déjà engagé par des travaux programmés par Gérard Collomb, Michel Havard a refusé de présenter un programme démago. Une démarche aussi sincère et responsable que risquée auprès d’électeurs qui ont parfois envie de rêver.
Sa campagne
Fin janvier, lors de ses vœux aux militants, il relance, pour la énième fois depuis 2008, sa campagne en frappant fort. 600 personnes assistent à un discours où le président du groupe d’opposition au conseil municipal fendille pour la première fois l’armure. Il se montre plus combatif, plus agressif envers Gérard Collomb. Lors de cette campagne pour la primaire, il n’a pas voulu prendre le risque de ternir cette image positive en organisant un meeting. Quand tous les candidats ont ouvert aux militants et à la presse leur réunion publique à la fédération UMP du Rhône, le conseiller municipal du 5e avait réservée la sienne aux militants rangés à ses côtés. Disposant d’une équipe déjà à son service – 150 militants selon lui –, il a mené une campagne collective, sillonnant les marchés de la ville et organisant régulièrement des réunions publiques dans des bars.
Durant toute la campagne, son équipe et ses soutiens ont passé leur temps à le présenter comme le seul prétendant légitime et le seul à avoir amorcé la constitution d’une équipe et d’un programme. De par son caractère réservé et honnête, il a aussi réussi à esquiver les attaques de ses rivaux, qui ne se sont jamais ligués pour faire trébucher le favori de la primaire. Michel Havard a donc traversé la campagne sans rien perdre, ni gagner. À la manière de François Hollande à l’automne 2011. “Il en garde sous le pied, on a encore un an de campagne. Perben, à trois mois de l’élection, il n’avait plus rien à dire”, se souvient Damien Gouy-Perret, soutien de Michel Havard et ex-attaché parlementaire de Dominique Perben.
Ce que les autres pensent de son programme
D’abord, son axe de campagne. “Le message de Michel sur les 100 villages de Lyon est décalé par rapport aux enjeux du moment et à la métropole. C’est un peu passéiste”, estime un autre candidat. Ensuite, ses propositions. Michel Havard est monté au créneau ce lundi : en présentant son aide à la primo-accession, Gérard Collomb lui aurait tout bonnement “pompé” son préprogramme. “Il ne faut pas qu’il se vexe, Michel, il n’est pas le seul à avoir eu cette idée. Sa proposition risque de renchérir le coût du foncier”, analyse le conseiller d’un candidat. “C’est une idée pas inintéressante”, admet un concurrent. L’ex-député du Point-du-Jour est le seul à défendre une nouvelle ligne de métro entre Saint-Paul et la Part-Dieu. Il s’expose donc aux critiques. “Il faut plonger sous deux fleuves et des bâtiments historiques. Sans compter les entrées et sorties de chantier pour le passage du tunnelier, qui sont énormes”, observe un conseiller de Nora Berra, qui chiffre ce chantier entre un et deux milliards d’euros, soit bien plus que les 400 millions avancés par le camp Havard.
Ce que les autres pensent de lui
Pour ses concurrents, Michel Havard a fait une mauvaise campagne. “Il n’est pas innovant : timoré, il défend ses idées avec peu de conviction. C’est étonnant pour un candidat qui se prépare depuis cinq ans”, ironise un concurrent. “Il a perdu sa circonscription, il faut qu’il procède par étapes. D’abord, la regagner, reconquérir son canton, rechercher la confiance des électeurs. Peut-être il sera un jour maire de Lyon, mais pas cette fois”, juge le conseiller d’un candidat. “Si c’est Havard qui est désigné, on aura un 2e tour Meirieu/Collomb”, raille-t-il.
Sa chance
Michel Havard joue depuis un an la carte de la légitimité de l’opposant sortant pour briguer l’investiture UMP. Il a demandé l’organisation d’une élection primaire à Lyon pour mettre toutes les chances de son côté. Elle ne lui a été accordée que tardivement, et après un sondage réalisé par son parti qui a plutôt affaibli sa candidature : il y était distancé d’une vingtaine de points par Nora Berra, Georges Fenech et Emmanuel Hamelin en termes de notoriété. Il voit dans cette primaire l’occasion de rattraper son retard et surtout de “mettre un terme aux spéculations”. Dans une histoire entre Lyonnais, et surtout avec des militants en juge de paix, il pense être imbattable, que son statut de sortant lui offrira l’investiture. Durant cette campagne pour la primaire, il n’a pas semblé être le plus entreprenant ni le plus motivé. Il n’avait, électoralement parlant, que peu d’intérêt à diluer la part des votants militants en s’ouvrant à des sympathisants. Le leader de l’opposition veut être élu, même mal.