Good kid ou bad kid, le Woodkid ?

Adulé par les uns, conchié par les autres, le nouveau phénomène musical mondial a les honneurs de l’ouverture musicale des Nuits de Fourvière 2013. Alors, génie ou imposteur ?

Bon, allez, reconnaissez qu’aussi branché musique que vous l’êtes, il y a un an vous n’aviez jamais entendu parler de Woodkid. Tout au plus aviez-vous lu son nom sur le générique d’un clip (Lana Del Rey, par exemple), mais le fait est que les clips ont rarement un générique. Peut-être avez-vous entendu dire que, quelque part… Bref, vous avez découvert ce barbu lyonnais (ça non plus, vous ne le saviez pas – rassurez-vous, il a quitté la ville il y a une dizaine d’années) à travers l’immense campagne médiatico-marketing mise en place par l’artiste et sa maison de disques. Déclenchant des articles au long cours criant au génie pendant que les réseaux sociaux et, pour citer Coluche, les milieux autorisés – c’est-à-dire plus autorisés que leurs contradicteurs – se livrent à un twitter-crochet du meilleur “Woodkid bashing”. Un problème de robinet qui fuit ? C’est la faute à l’album de Woodkid ! La guerre en Syrie ? Ça vaut toujours mieux que Woodkid… On exagère à peine.

Ras le bulbe

On assiste là, puissance dix, à cet effet de vases communicants qui veut que, quand certains journaux encensent exagérément un artiste qui soigne un peu trop son buzz au point de parvenir à nous faire oublier ce qu’il vend, l’effet médiatique opère un 360° option ras-le-bulbe et c’est le lynchage, donnant une fois de plus raison au grand philosophe Alain Turgeon : s’attendre au meilleur, c’est être mieux déçu. Une vérité que le marketing devrait parfois méditer, on dit ça, on dit rien.

Bref, nous voilà rendus au point où l’on se demande quel accueil sera fait à Woodkid lors de sa venue lyonnaise en ouverture des Nuits de Fourvière. Dans un théâtre antique, la chose pourrait rapidement nous rappeler certains martyrologes. Bon, en toute logique, seuls les fans d’un Woodkid, accompagné de l’ONL, se déplaceront à Fourvière, avec nulle autre intention que de lui faire un triomphe romain : pluie de coussins, en guise de pouce levé.

Mais alors que penser de Woodkid et de son album The Golden Age ? Ce qu’on veut, ou même rien – avouons qu’il y a des débats plus essentiels. Mais, puisqu’on en parle, allons-y. Le fait est qu’au-delà de toute considération relative à un quelconque buzz The Golden Age impressionne – et peut agacer pour la même raison – par son emphase, son emballage autant que son emballement, ses orchestrations en forme de cavalcade.

Coquilles vides

Pris séparément, chacun des titres de l’album est un tube potentiel, ce qui nuit à l’ensemble lorsqu’on les écoute à la suite. Car l’on y retrouve assez vite les mêmes dynamiques et toujours un peu la même ambiance cinématographique (en deux modes : film d’aventure ou mélo). Une recherche un peu répétitive de l’art total par un autodidacte touche-à-tout. Surtout, l’on se demande ce que donneraient ces chansons si on les dépouillait de toute affèterie, comme on peut le faire avec la plupart des grands tubes universels. C’est justement là que le bât blesse : les coquilles sont belles, les écrins sont étincelants mais – on le sous-entendait quelques lignes plus tôt – elles sont vides. Et la voix du chanteur plutôt soporifique à la longue, même couverte de fleurs et de chœurs.

Nous parlions de la venue de Woodkid à Fourvière avec un orchestre. Pas n’importe lequel : l’ONL. Une présence qui, comme cela avait été le cas pour Antony Hegarty, peut, comme dirait Cyril Lignac, vous sublimer une œuvre. Ou, aussi bien que ce soit fait, en marquer les manques. Au final, celui qui devrait vraiment s’ennuyer lors de ce concert, c’est probablement Woodkid lui-même.

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Woodkid et l’Orchestre national de Lyon. Samedi 8 juin, à 21h30, au théâtre antique, dans le cadre des Nuits de Fourvière 2013.

La billetterie affiche complet, mais le concert doit être retransmis en direct sur Arte Live Web.

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