Olivier et Romain Houg
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Galerie Houg, acte IV

Revoilà les Houg. Et retour dans la Presqu’île pour cette galerie emblématique – et en famille – qui reste une des plus importantes de la place lyonnaise. Retour gagnant avec l’événement Éric Manigaud, dessinateur virtuose fascinant.

Olivier Houg et son fils Romain (à l’arrière-plan) dans leur galerie lyonnaise de la rue Auguste-Comte © DR

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Olivier Houg et son fils Romain (à l’arrière-plan) dans leur galerie lyonnaise de la rue Auguste-Comte

Exit l’assez conservatrice galerie C. et P. Pons. Elle laisse sa place à la nouvelle galerie “Houg Art contemporain”. Il y a plus de vingt ans, à l’âge de 25 ans, au temps où les “galiéristes” ou “galeristes” étaient encore des “marchands de tableaux”, Olivier Houg ouvre une galerie à Saint-Étienne. Puis, avec son épouse Patricia, il s’exile à Lyon pour ouvrir la galerie Désiré, qui se spécialise plutôt dans ce que le regretté Jean-Jacques Lerrant appelait les “pâtes croustillantes de la peinture lyonnaise”. Peinture qu’Olivier Houg soutient toujours, en la vendant et à travers le prix Jean-Chevalier.

Presqu’île-Confluence, aller-retour

Vue de la galerie Olivier Houg-Art contemporain

En 1998, changement radical avec l’ouverture, rue Jarente – dans la Presqu’île donc –, de la galerie Olivier Houg, qui offre un tout autre look, ainsi que des artistes beaucoup plus tournés vers une contemporanéité affirmée. Neuf ans plus tard, déménagement à la Confluence, jusqu’à l’année dernière où Patricia Houg quitte l’Olivier Houg Galerie pour prendre la Sucrière, tandis que Romain, le fils, vient épauler son père.

Désormais, la galerie Houg-Art contemporain fait son retour dans le quartier historique des antiquaires et des galeries. Agnès Pietri disparue et Stéphane Braconnier en stand-by, les artistes présentés restent fidèles. On est loin de la “peinture/peinture” et proche de ce qui se passe sur un certain marché, mais l’on retrouvera donc un subtil mélange entre les “locaux” d’origine ou d’attache Mathias Schmied, Laurent Pernel, Elise Cam et Aurélie Petrel,et les nouveaux tels que Jemima Burrill (Royaume-Uni), Yumi Karasumaru (Japon/Italie), les jumeaux Rosado (Espagne), Suzanne Themlitz (Portugal), Jorge Mayet (Cuba – Tiens donc, deux pays émergents dans le paysage des arts plastiques… bientôt le Brésil et l’Inde, donc, après la Chine ?) ou encore Cristine Guinamand et Ivan Fayard (France).

En ce nouveau lieu d’épure de 90 mètres carrés, au parquet noir et aux murs blancs,Olivier et Romain Houg veulent montrer des “œuvres actuelles, qui parlent de nous aujourd’hui : peinture, photographie, vidéo, installation, dessin…”

L’œuvre au noir d’Éric Manigaud

Repéré il y a une dizaine d’années par Houg à l’ex-Embarcadère de Gilbert Monin, Éric Manigaud est celui qui inaugure l’espace. Et quelle inauguration ! Cinq œuvres seulement. Cinq dessins. Immenses (souvent 180x150). Impressionnants. Fascinants. Ce Stéphanois, agrégé en arts plastiques, connaît l’histoire de l’art. En savant et en amoureux. Pourtant, il avance sans suffisance. Il œuvre en artisan, en virtuose d’un savoir-faire. Celui du dessin. Pourtant, s’il fallait le mettre dans un tiroir – ce que les Français adorent –, il pourrait curieusement se placer dans celui des artistes singuliers. Tant son travail vit de la répétition, de l’obsession. Il s’agit de remplir un espace blanc de noirs et de gris, façon puzzle. Les prétextes en sont des sujets et thématiques puisés dans le passé : des images soigneusement collectées, collectionnées, choisies dans des archives de la fin du XIXe et du début du XXe. Il peut s’agir de textures, de scènes de crimes, de bombardements ou encore de portraits cliniques. Toutes photographies qu’il projette sur le papier avant de les inscrire patiemment, soigneusement, à la mine de plomb. L’œuvre produite est alors dans un constant aller et retour entre photographie, peinture et dessin.

On est loin de l’hyperréalisme et de la sécheresse d’un Olivier Hucleux, il est vrai venu d’un conceptualisme pur et dur. Car, si toute œuvre est forcément conceptuelle, Éric Manigaud ajoute une carnation, une vibration, un velouté, des atmosphères qui renvoient en deçà et au-delà de la réalité. Travail d’une grande densité, ce dessin dépasse le constat pour installer une présence impalpable. Un quartier de Stuttgart bombardé pendant la guerre et une jungle tout aussi vide d’hommes deviennent des portraits du monde. Des portraits d’aliénés ou d’assassinés deviennent des absences. Tout est silence qui crie. La vie, ce qui en est montré, ce qui en reste, prend un poids qu’il faudra bien supporter. L’œuvre s’installe, aussi implacable qu’étrange.

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Galerie Houg-Art contemporain, 43 rue Auguste-Comte, Lyon 2e.

Exposition Éric Manigaud, jusqu’en juillet. Un superbe catalogue est édité à l’occasion de cet accrochage, qui sera suivi en juillet par une exposition de groupe.

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