Critique de Pacific Rim : Apocalypse cool et généreuse

Même les grands auteurs ont le droit à leur petit plaisir régressif. Lorsque Guillermo del Toro a annoncé son envie de faire un film avec des gros robots qui se battent contre d’énormes monstres, certains s’imaginaient déjà que le genre allait être révolutionné. Il n’en est rien, mais ce n’est pas grave. Pacific Rim est un blockbuster honnête comme on n’en croise que trop rarement.

On pensait que les envahisseurs arriveraient de l’espace, ils ont surgi d’une faille dans les profondeurs du Pacifique. Les Kaijus, des monstres géants, ont déversé leur rage sur la planète Terre, ne laissant que destruction derrière eux. L’humanité a décidé de contre-attaquer en créant les Jaegers, des robots colossaux pilotés par deux êtres humains dont les esprits sont alors reliés.

Parfois, on a simplement envie de dire merci. Merci au réalisateur Guillermo del Toro d’éviter de tomber dans le cliché où le héros doit forcément être dévoré par les remords et les questions existentielles. Merci de ne pas prendre son spectateur pour un idiot et de lui en mettre plein les yeux dès les premières minutes du film. Merci de réaliser un long-métrage qui se suffit à lui-même, qui n’appelle pas une suite, et ne s’inscrit pas dans un univers gigantesque où il faudrait voir tous les épisodes de la série pour commencer à comprendre. Merci de livrer un blockbuster estival honnête et respirant l’amour du cinéma populaire. Face à ce spectacle fantastique, on ne peut être que reconnaissant car, oui, Pacific Rim est un film généreux, comme on aimerait en croiser plus souvent. Qu’importe ses petits défauts.

Le choc de l’intro

Alors que certains films auraient attendu une heure, voire plus, pour nous montrer les premiers combats entre les robots et les monstres, Pacific Rim rentre dans le tas dès les premières minutes avec une introduction magnifique et efficace. Vous aviez envie de voir un film avec des gros robots qui se battent contre des gros monstres ? Vous allez l’avoir. Pas de tromperie sur la marchandise, ni de tentative de rendre tout cela profondément intelligent. Guillermo del Toro pousse son idée jusqu’au bout et l’inscrit dans un univers cohérent.

Une histoire basique…

Le synopsis de Pacific Rim est basique, mais parcouru de nombreuses idées qui rendent ce monde apocalyptique cohérent. Tel le T-Rex dans Jurassic Park, les robots et les monstres existent vraiment sous nos yeux et l’on croit à ce monde pendant tout le film. Par ailleurs, les effets spéciaux réussis d’ILM aident à se projeter dans cet univers foisonnant.

Malheureusement, il n’en est pas de même pour la 3D, une nouvelle fois inutile (3D inutile, à force de l’écrire, cela va devenir un pléonasme). Du côté des acteurs, on navigue entre le moyen et l’excellent. Charlie Hunnam campe un héros trop fade pour convaincre, qui peine dans tous les cas à ne pas se faire dévorer par Idris Elba, monstrueux de charisme. Seule l’actrice japonaise Rinko Kikuchi parvient à ne pas se faire éclipser, s’imposant comme la révélation du film.

pour un plaisir immédiat

La construction de Pacific Rim ferait presque penser à celle d’un film de boxe. Qu’importe l’adversaire, il s’agit avant tout de l’histoire de deux âmes brisées qui vont retrouver l’envie de vivre sur le ring. Alors que cela aurait pu être lourd et pompeux, Guillermo Del Toro parvient à le rendre presque léger sans perdre l’intérêt du spectateur pour son histoire. L’attraction reste avant tout ces combats dantesques jubilatoires, où l’on vibre avec les robots. Ainsi se surprend-on parfois à avoir envie de frapper en même temps qu’eux pour leur donner un peu plus de force. Même s’il ne s’agit après tout que de montagnes de métal, Guillermo del Toro parvient à les rendre étrangement humains, et leur destruction chagrine plus que la mort de certains personnages.

Verdict

Pacific Rim n’est sans doute pas le film d’auteur tant attendu par certains, mais indiscutablement l’un des blockbusters les plus honnêtes jamais vus au cinéma. Ses 2 heures passent à une vitesse folle sans que l’on ait envie de regarder sa montre une seule fois. L’absence de pathos et de “noirceur” est d’une fraîcheur sans commune mesure et, bien que cela puisse paraître parfois léger pour une telle apocalypse, on ressort avec l’envie immédiate de revoir le film. Les défauts sont effacés par la générosité de Guillermo del Toro, qui livre ici une somptueuse déclaration d’amour à un cinéma parfois injustement méprisé.

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Pacific Rim, de Guillermo del Toro, 2013, 2h10. Avec Charlie Hunnam, Idris Elba et Rinko Kikuchi. En salles le 17 juillet.

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