C’est du député du Rhône qu’est partie une charge contre Jérôme Cahuzac, ce mardi, à l’occasion de la deuxième audition de l’ancien ministre du Budget par la commission d’enquête parlementaire. L’élu lyonnais brandit d’éventuelles poursuites au pénal et juge que maintenant “nous sommes dans du sérieux”. Ambiance.
Atmosphère tendue, ce mardi après-midi, à l'occasion de la deuxième audition de Jérôme Cahuzac par la commission d'enquête parlementaire. L'ancien ministre, toujours aussi louvoyant au sujet d'un entretien avec le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Economie, n'a que peu apprécié le ton parfois ironique du président centriste de la commission, Charles de Courson, qui a dû se contenter de réponses laconiques. Jérôme Cahuzac n'a en effet eu de cesse de répéter ne pas se souvenir de cette entrevue.
C'est finalement du député du Rhône Georges Fenech que la charge viendra. "Aujourd'hui, nous avons la démonstration flagrante d'un mensonge qui a été le vôtre lors de la première audition", attaque celui qui semble avoir revêtu ses habits de magistrat.
"Vous dites avoir appris par vos avocats suisses l'existence de cette audition. M. Pierre Moscovici en parle avec précision, ça ne s'invente pas, quand il dit "réunion", "propos échangés [on l’interprétera comme on voudra] à l'issue du conseil des ministres, dans une salle attenante du salon Murat". Quand il dit que vous étiez serein, ça ne s'invente pas. Quand il dit que vous avez souhaité que la demande soit la plus large, ça ne s'invente pas non plus", enchaîne l'élu UMP, qui en tire ses conclusions : "Vous ne pouvez plus revenir sur vos précédentes déclarations, sans quoi le mensonge est flagrant. Vous préférez donc vous réfugier derrière une perte de mémoire – "Je ne me souviens plus". Cela ne peut pas nous satisfaire. Nous avons besoin de lever cette contradiction."
Éventuelles poursuites
Se faisant plus incisif encore : "Je demande au président [de la commission d'enquête, NDLR], qui l'a lui-même dit au début de nos travaux, que si un mensonge était dit devant cette commission, il saisirait le procureur de la République pour engager d'éventuelles poursuites. Donc, là, nous sommes maintenant sur du sérieux", a-t-il appuyé avant de continuer de dérouler son analyse.
"A partir de là, la conclusion nous paraît claire, puisque vous ne voulez pas vous souvenir de cet échange à l'issue du conseil des ministres ; sans doute, c'est l'interprétation qu'on peut en faire, pour protéger le président de la République et le Premier ministre."
Fenech redemande à entendre Ayrault
C'est d'ailleurs ce dernier que Georges Fenech perçoit comme une pièce maîtresse. "Il y a quatre acteurs présents à cette réunion. Il y a Pierre Moscovici, qui je pense nous dit la vérité ; il y a Jérôme Cahuzac, qui ne dit pas la vérité ; le chef de l'Etat, nous ne pouvons pas l'entendre vous le savez. Je ne vois pas comment nous aurions un crédit aujourd'hui dans notre commission d'enquête, si nous n'entendions pas le Premier ministre sur ce point qui lèvera tous les doutes."
C'est donc encore une fois Jean-Marc Ayrault que Georges Fenech réclame devant la commission : "Le Premier ministre nous dit : Nous sommes dans un régime qui a un caractère parlementaire, et le rôle de contrôle qui est le vôtre doit être totalement respecté. Il faut prendre cela à la lettre et je regrette encore une fois que nos collègues de la majorité aient rejeté la demande d'audition du Premier ministre ; et je crois que c'est l'intérêt même du Premier ministre et du Gouvernement dans son entier de venir s'expliquer devant la représentation nationale."
“Vous maniez la menace”
L'ancien magistrat se tourne alors une nouvelle fois vers l'ancien ministre : "Aujourd'hui, monsieur Cahuzac, nous ne pouvons pas recevoir vos paroles, car elles sont en contradiction flagrante. Vous ne pouvez pas dire "Je ne me souviens pas des propos échangés dans cette salle attenante", ce n'est pas crédible. Je vous demande, monsieur Cahuzac, de bien peser vos déclarations, car là, nous sommes sous le coup de la loi pénale, du faux témoignage. Il est encore temps pour vous de revenir à une réalité et non plus à un déni de réalité et de nous dire exactement ce qui s'est passé à l'issue du conseil des ministres."
Une mise en garde un peu gaillarde qui irrite visiblement Jérôme Cahuzac. Celui-ci répond sur un ton légèrement sarcastique : "Tout à l'heure, le président maniait l'ironie, vous maniez maintenant la menace, c'est votre droit. Mais ni l'ironie ni la menace ne me feront dire des choses dont je n'ai aucun souvenir."
“Je n’accepte pas, monsieur Cahuzac, que vous me parliez sur ce ton”
Il n'en fallait pas plus pour déclencher la colère du député du Rhône. "Je n'accepte pas, monsieur Cahuzac, que vous me parliez sur ce ton", réplique-t-il, immédiatement appelé au calme par Charles de Courson. "J'applique simplement la loi. J'attire l'attention solennellement sur le mensonge qui apparaît flagrant aujourd'hui. Il est flagrant, puisque Pierre Moscovici nous a expliqué que M. Cahuzac ne peut pas prétendre ne pas se souvenir. Il y a trop de détails, notamment le lieu où ça s'est passé, les propos tenus par M. Cahuzac. C'est invraisemblable qu'il ne s'en souvienne pas. Ce n'est pas une menace, c'est le rappel à vos obligations, monsieur Cahuzac."
Lorsque le président de la commission demande à l'ancien argentier de l'Etat de s'expliquer, celui-ci se contente simplement de murmurer : "J'ai déjà répondu." On n'en saura pas plus.
Il faut créer un délit de parjure afin de sanctionner les hommes politiques qui mentent. c'est aujourd'hui devenu malheureusement indispensable. Nous devons renforcer l'arsenal qui permettra demain, de mieux sanctionner ceux qui ont menti aux Français à travers la représentation nationale. ce délit de parjure est indispensable. il faut déposé une proposition de loi afin d'empêcher le retour automatique à l’A N d'un député menteur