Les premiers résultats d'analyse de Baby et Népal sont encourageants. Les sérologies effectuées sur les deux pachydermes attestent qu'elles ne sont pas porteuses du bacille de la tuberculose. Leur vétérinaire, Florence Ollivet-Courtois, juge même que l'étude du cas de Baby et Népal pourrait éclairer sur la notion d'exposition à la tuberculose. Une question cruciale notamment en Asie ou des foyers tuberculeux existent.
Baby et Népal ne sont pas porteuses de la tuberculose. C'est du moins la conclusion de la première analyse sérologique effectuée sur les deux pachydermes qui sont en pension chez la princesse Stéphanie depuis le 12 juillet dernier. "Aucun test n'est fiable à 100%", pondère la vétérinaire des deux éléphantes et d'autres vont suivre. Conformément au protocole signé entre la préfecture du Rhône, la Ville de Lyon et la princesse Stéphanie, Baby et Népal devront subir trois examens au cours des 6 prochains mois pour vérifier si elles sont porteuses ou pas du bacille de la tuberculose. Le prochain devrait avoir lieu en octobre.
En plus du sang prélevé dans une veine au niveau de la queue, le docteur Ollivet-Courtois procède depuis mardi à un lavage de trompe quotidien des deux éléphantes. Le but, mettre en évidence des micro-bactéries signant la contamination. Mais la vétérinaire se montre confiante "le test sérologique ayant été négatif, la logique voudrait le lavage de trompe le soit aussi. Quoi qu'il en soit, les prélèvements seront envoyés dans un laboratoire spécialisé lundi, seront mis en culture et on connaîtra les résultats d'ici plusieurs mois".
Le cas Baby et Népal, une avancée scientifique ?
Et après ? "Dans six mois nous nous remettrons tous autour d'une table pour décider de la suite des évènements", précise le docteur Ollivet-Courtois. Que tous les tests se soient avérés négatifs, ou non, "il sera de toute manière intéressant de remettre les choses à plat".
Car outre le fait d'avoir sauvé les deux éléphantes de l'euthanasie, le docteur Ollivet Courtois se réjouit qu'une démarche "scientifique" ait été préférée. "Avec ce premier test très encourageant, nous prouvons que notre conduite qui consistait à dire que la réalisations de tests était indispensable était la bonne", se félicite la vétérinaire qui jauge déjà les retours sur cette expérience. "Nous allons pouvoir apprendre beaucoup de choses. Le postulat était de dire que Baby et Népal, ayant été exposées à Java, porteuse avérée de la tuberculose, étaient devenues également porteuses du bacille. Or les premiers tests affirment que non", décortique le docteur. "Si vous prenez l'avion, et qu'un passager est diagnostiqué comme porteur de la tuberculose, on ne va pas traiter tout l'avion, mais les passagers autour. Dans le cas de Baby et Népal, rappelons qu'elles n'ont pas vécu avec Java".
"En gérant cette crise autour de Baby et Népal de manière scientifique, cela nous permet de progresser énormément sur la notion même d'exposition à la maladie. Car finalement on en sait assez peu sur la transmission du bacille de la tuberculose. Or c'est un point clé. La tuberculose pose problème sur le lieu de vie traditionnel des éléphants, en Asie, où ces pachydermes travaillent, au contact direct des populations. On retrouve là-bas des foyers de la maladie. Si on n'avait balayé le cas Baby et népal en les euthanasiant, on se serait probablement privés d'éléments de compréhension sur les modes de transmission et de protection de la tuberculose".
Il en va de même pour la contamination aux autres animaux. L'affaire Baby et Népal pourrait apporter des clés pour établir des protocoles d'action ou généraliser des tests de dépistage dans les cirques et les zoos comme c'est déjà le cas aux Etats-Unis.
Pendant ce temps là, dans le sud de la France...
En attendant, loin de ces questionnements, Baby et Népal vont bien mieux d'après la vétérinaire, qui affirme qu'elles se musclent et changent physiquement. "Leurs ongles étaient très longs à cause d'un manque de marche, aujourd'hui ils s'usent naturellement. Elles sont très occupées toute la journée, elles bénéficient de nombreuses stimulations et s'amusent dans le gros tas de sable de leur parc. Ce matin Baby s'y est roulé, les quatre fers en l'air", raconte la vétérinaire présente sur le site. Elles ont des repas de fruits, des branchages leur sont proposés toute la journée, autant d'occupations qui font que, selon elle, "certains stéréotypes (balancement répétitif, tics de comportement - NDLR) qu'elles présentaient à Lyon ont fortement diminué, même si elles ne les perdront pas totalement".