Suite au sondage du Figaro sur le port du voile, le débat reprend de plus bel. Pour l'association Mosquées et Musulmans solidaires, il "prend désormais un virage dangereux" et inquiétant.
"Êtes vous favorable au port du voile ou du foulard islamique dans : les universités, les écoles publiques, la rue et les lieux privés accueillant du public ?" Telle était la question posée dans le cadre du sondage Ifop pour le Figaro. Une enquête aux résultats "inquiétants" pour l'association Mosquées et Musulmans solidaires. En effet, 78 % des Français seraient opposés au port du voile dans les universités et 63 % dans la rue.
Un débat encouragé par un discours politique "néfaste"
"Ce sondage vient de remettre à l'affiche le débat politique sur l'identité nationale", explique Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon et fondateur de l'association. Un débat dangereux résultant, selon lui, de la présence en France de courants "en rupture avec les grandes orientations républicaines de la France" et renforcé par un discours politique "néfaste qui prône l'idée que l'appartenance à l'Islam, exprimée publiquement, serait préjudiciable à l'identité nationale".
Une interdiction à effet discriminatoire
Kamel Kabtane estime qu'il est du rôle de l’État d'être neutre "en s'abstenant de favoriser ou de gêner, directement ou indirectement, une religion", au nom de la liberté de conscience, d'expression et l'égalité des citoyens. L'interdiction du voile dans les universités aurait selon lui, un "effet discriminatoire (…) et serait disproportionnée par rapport aux objectifs encadrés par la laïcité". D'après Kamel Kabtane, une telle interdiction ne pourrait être valable que dans certains cas : lorsque les signes religieux entraînent un dysfonctionnement du service, un problème de sécurité, un traitement discriminatoire par rapport à d'autres personnes ou s'ils donnent lieu à un prosélytisme.