Brétigny-sur-Orge, le Mirail… Comment expliquer les agressions de pompiers ?
Le 12 juillet, à Brétigny-sur-Orge, un accident de train provoquait plusieurs morts et des dizaines de blessés. Les secours se rendant sur les lieux sont caillassés, agressés, des policiers comme des pompiers.
Les 2 et 3 août, dans le quartier du Mirail à Toulouse, des pompiers – seuls cette fois – venant secourir des personnes âgées sont également attaqués violemment par des bandes.
On s’interroge : que des jeunes agressent des policiers considérés comme l’ennemi naturel, qu’ils procèdent quand l’occasion se présente à des pillages, on peut le comprendre, c’est du domaine du rationnel… mais les pompiers ?
La réponse est évidente, mais on s’évertue à ne pas la voir. Tout réside dans l’exclusion. Ces jeunes (il s’agit très majoritairement de jeunes) refusent la société où ils vivent, en revanche celle-ci ne les intègre pas.
Dans certains cas, l’exclusion est volontaire, politique ou religieuse, mais le plus souvent elle est passive. Les individus en cause quittent l’école à 16 ans, une école dans laquelle ils n’ont rien appris, ils savent à peine lire et écrire, leurs idées sont courtes, leur compréhension du monde est nulle, ils se font de l’existence des images toutes faites dans lesquelles l’effort, la volonté, l’attente n’ont pas leur place. Tout et tout de suite, c’est leur seul credo et peu importe les moyens, seul le résultat compte.
C’est l’aboutissement logique, inéluctable de l’exclusion sociale, professionnelle, intellectuelle, ces trois facteurs formant un tout. C’est aussi la résultante de l’idéologie commune qui consiste à nier les différences de qualités et d’aptitudes des uns et des autres au regard de l’égalité des droits.
Évidemment, chacun, qu’il soit intelligent ou stupide, laid ou beau, habile ou maladroit doit bénéficier des mêmes droits, des mêmes prérogatives. Mais chacun peut-il intégrer Polytechnique, devenir mannequin ou sportif de haut niveau ?
Une société équilibrée doit cependant réserver à tous une place conforme à ses capacités ; or, il n’existe virtuellement plus de ces emplois non qualifiés aussi bien à la campagne qu’à la ville qui permettaient à chacun de trouver un emploi, d’avoir un projet de vie, une capacité d’autonomie.
Seuls s’en sortent aujourd’hui – et encore ce n’est pas toujours facile – ceux qui ont du talent, ceux qui ont acquis une formation ; les autres sont abandonnés, laissés pour compte, ils forment le terreau des révoltes et de la désocialisation. Il faut inventer leur rôle dans notre monde.