Collomb
© Tim douet

Collomb, adepte du grand écart fiscal selon la droite

Le socialiste s’est retrouvé lundi sous le feu de l’opposition municipale, qui lui a reproché son double langage fiscal. La semaine dernière, le maire avait apporté son soutien aux patrons lyonnais. Ils reprochaient au Gouvernement son matraquage fiscal.

Collomb ()

© Tim douet

C'est officiel, Michel Havard et Emmanuel Hamelin sont réconciliés. Pourtant voisins dans l'hémicycle municipal, les deux frères ennemis s'ignoraient copieusement depuis des années. Lundi, ils sont allés jusqu'à se faire la bise. Le second s'étant si bien rangé derrière le premier depuis la primaire que ce dernier a accepté de lui déléguer l'intervention du groupe sur la fiscalité. Sujet ô combien important pour la droite en vue des municipales. Son cheval de bataille, en somme. Et justement, il en a longuement été question ce lundi en conseil municipal.

Nouvelle hausse d’impôts en cas de réélection

Profitant d'une délibération sur la dotation aux arrondissements, Emmanuel Hamelin a dérivé sur l'imposition des Lyonnais et accusé Gérard Collomb de tenir un "double discours" : "Vous annoncez une augmentation d'impôts aux Lyonnais en cas de réélection, et dans le même temps vous dites dans un grand quotidien national qu'il ne faut pas rajouter des impôts aux impôts" à Paris, lui a reproché le conseiller du 2e.

"+5 % en 2001, +6 % en 2008" et "vous avez récemment annoncé qu'en cas de réélection en mars prochain vous agiriez de la même façon", a déploré l'ancien député UMP.

Pour Broliquier, c’est de la “schizophrénie”

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Lyon Divers-Droite, et son président de groupe Denis Broliquier (photo), a également reproché à Gérard Collomb sa "schizophrénie" sur la question fiscale. Son soutien aux patrons lyonnais d'un côté, comme lorsque le maire s'est rendu la semaine dernière soutenir la CGPME et le Medef à la surprise générale. Et, d'un autre côté, son appui au Gouvernement "lorsque vous votez sa politique et son budget à l'origine de l'overdose fiscale". Denis Broliquier a même cité Lyon Capitale et les 84 % d'augmentation de recettes fiscales calculées à Lyon depuis 2001 (voir notre dossier d'octobre* sur la question).

L’adjoint Fournel se paye les patrons

A contrario, Yves Fournel, adjoint de Gérard Collomb membre du groupe GAEC (à gauche de la gauche sur l'échiquier politique local), a profité d'un rapport sur la maison de l'emploi pour dire tout le mal qu'il pensait de la baisse de son budget par l'Etat. Il a porté un regard acerbe sur l'"opération médiatique" menée par le Medef contre le Gouvernement la semaine dernière. Les patrons se seraient ainsi "déconsidérés" selon lui, réclamant toujours plus "de dividendes, de réductions d'impôts, de baisses de cotisations sociales et d'atteintes au Code du travail".

Chacun y est allé de sa petite phrase lundi, de son analyse. Richard Brumm, l'adjoint aux finances réputé sarkozyste à Paris, a bien tenté de calmer le jeu, rappelant que la pression fiscale avait moins augmenté à Lyon sous ces deux derniers mandats que sous les deux précédents : "+12,5 % entre 1989 et 1995, et +8 % entre 1995 et 2000" selon l'avocat. Mais rien n'y a fait. Lyon Divers-Droite a évoqué in fine "la nécessité absolue de s'engager à ne pas augmenter les impôts dans le prochain mandat". "Un devoir" pour Denis Broliquier. Michel Havard ayant pris cet engagement déjà la semaine passée.

Collomb, lui, ne s'est nullement désavoué, il a tranquillement entretenu le grand écart entre ses adjoints d'une part, et ses amis politiques en province et à Paris d'autre part. Le maire a rappelé qu'en France le niveau des prélèvements obligatoires s'établissait à 46,3 % par rapport à la richesse produite, contre 44,1 % en Suède et 34 % en Allemagne. Il a précisé que les prélèvements sur les entreprises s'élevaient à 26 % en France contre 25,1 % en Suède, 18 % en Grande-Bretagne, 16,8 % en Finlande et 15,6 % en Allemagne. Enfin, Gérard Collomb a comparé le taux de marge brute des entreprises : 28,6 % en France contre 33,5 % en moyenne en Europe et 41,2 % en Allemagne. Des niveaux qui plombent selon lui la compétitivité des entreprises françaises. Pas un mot en revanche sur l'imposition des ménages lyonnais.

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* Lyon Capitale n°726 (oct. 2013), en vente en kiosques jusqu’au 24 octobre, et dans notre boutique en ligne.

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