OL : un Aulas combatif qui refuse de “baisser les bras”

INTERVIEW – OL Groupe a présenté mardi les résultats de l’exercice 2012/2013. La holding du club de football a essuyé une perte nette de 20 millions d’euros contre -28 millions d’euros les deux années précédentes et -35,4 millions en 2009/2010. L’occasion pour Jean-Michel Aulas, mercredi, de faire le tour de l’actualité de l’Olympique lyonnais.

Etes-vous toujours dans l'obligation de vendre des joueurs ?

Jean-Michel Aulas : Il y aura un certain nombre de ventes puisque ça fait partie du plan d’apurement du résultat. Si nous avions été qualifiés en Ligue des champions, nous aurions pu équilibrer sans ces ventes supplémentaires. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d'acquisitions. Seulement, on n’ira pas dans de gros investissements tant que le Grand Stade ne sera pas opérationnel. On va rester dans une stratégie sérieuse et conforme aux recommandations du Financial Fair Play de l'UEFA.

Ces ventes – on pense à vos jeunes joueurs comme Grenier, Gonalons, Lacazette – peuvent-elles fragiliser le secteur sportif ?

On n’a pas dit que c’était ces joueurs qui allaient obligatoirement quitter le club. C’est beaucoup trop tôt pour parler de cela. Il faut d’abord réussir sur le plan sportif. Il faut qu’on règle nos problèmes de blessures à court terme. On a dit qu’il y aura des cessions mais en aucun cas cela signifie qu’on va faire partir des joueurs qu’on vient de prolonger sur une longue période.

Vous êtes-vous fixé un nombre de cessions avant le 30 janvier 2014 ?

Ce nombre est défini de manière aléatoire : en fonction de la taxe à 75 % et de notre classement à la fin de la saison.

Vous évoquez cette taxe à 75 % voulue par l’Etat. Dans quelle mesure l’OL va-t-il être touché ?

Comme les perspectives d’aujourd’hui tendent à le démontrer, on fait partie des clubs les plus touchés. On arrive en deuxième ou troisième position derrière Paris puisque Monaco n’est pas concerné. Cela signifie qu’on a encore des joueurs qui touchent plus d’un million d’euros par an, donc on ne peut pas dire que Lyon vend ses bijoux de famille. J’ai bon espoir, au travers des discussions que nous allons mener avec l’Etat, qu’on puisse obtenir un certain nombre d’aménagements. Car, si cette taxe est appliquée en l’état actuel des choses, il faudra vendre des joueurs. J’aimerais pouvoir dire autre chose, mais je me dois d’être transparent sur ce sujet.

“Une grosse erreur d’interdire le déplacement de supporters à Saint-Etienne”

Entre les blessures, l’aspect économique, le classement actuel (14e de Ligue 1)..., n’y a-t-il pas de nombreux motifs d’inquiétude ?

On doit faire face à de nombreuses blessures. On a pris avec Rémi Garde une multitude de dispositions qui vont permettre de faire face à ce court terme qui, en football, ne donne pas obligatoire de certitude. Ceci étant, il faut toujours être en alerte. On a déjà eu ce classement après neuf journées, c’était avec Claude Puel, on avait terminé la saison à la troisième place (saison 2010-2011). On a la chance d’être en début de championnat, d’être toujours qualifiés pour la Ligue Europa. Je peux vous assurer que tout va être mis en œuvre pour que le classement soit redressé. Je suis confiant, car on a une équipe de qualité, elle l’a démontré en début de saison. Ce n’est pas en se lamentant qu’on trouve les bonnes solutions. On ne baisse pas les bras. On a organisé des entretiens individuels avec les joueurs, certains d’entre eux ont rencontré des groupes de supporters. Le club est mobilisé.

Compte tenu de la conjoncture économique et des mauvais résultats sportifs, quelle est votre stratégie au niveau de la billetterie ?

Comme toujours, on souhaite remplir le stade. L’idée, c’est de faire bénéficier le public à chaque fois que c’est possible d’opérations promotionnelles tout en préservant les grandes affiches pour nos abonnés et ceux qui souhaitent venir. Contrairement à ce qui est écrit dans les médias locaux, la billetterie sans la Ligue des champions est stable.

Selon vous, les supporters lyonnais vont-ils pouvoir se rendre à Geoffroy-Guichard, le 10 novembre prochain, puisque le ministère de l’Intérieur envisage d’interdire tout déplacement à cause des incidents de ces derniers mois ?

S’il devait ne pas y avoir de supporters lyonnais le 10 novembre ça serait une erreur du ministère de l’Intérieur, parce que Lyon est l’un des clubs les plus organisés en matière de sécurité. Nous garantissons les déplacements de nos supporters. Lorsqu’il y a des problèmes, ça se passe en dehors du stade. Interdire les déplacements de Lyonnais à Saint-Etienne et inversement, c’est se mettre dans une position de non-exemplarité qui viendrait sanctionner les plus pertinents sur le plan sécuritaire. Je souhaite et j’espère être entendu.

L’OL s’engage sur la sécurité des supporters qui vont aller à Geoffroy-Guichard comme c’est prévu dans le cadre de la loi. On ne peut pas faire un match sans la présence de supporters de l’équipe adverse : l’équité doit être préservée. Ce n’est pas en supprimant ce type de déplacements qu’il y a moins d’incidents. Bien au contraire. Ça serait une grosse erreur. Cela va créer de vives réactions, les villes étant très proches. Je suis intervenu auprès de M. Valls (ministre de l’Intérieur), j’ai demandé à la Ligue (LFP), de revenir sur leur décision initiale.

Le football féminin peut-il être une solution anti-crise pour l’OL ?

Il ne faut pas être aussi binaire que ça. Mais, lorsque vous êtes patron d’un club comme l’Olympique lyonnais, qui est le premier à l’indice UEFA de tous les clubs français, qui est qualifié pour la 17e fois de rang pour la Coupe d’Europe, qui est le premier club européen féminin, le premier club au niveau de la formation des jeunes, qui est en train de construire un stade, c’est toutes ces choses qui participent à l’anti-crise. De voir toutes ces personnes employées pour construire le stade, des entrepreneurs se relèvent les manches, par rapport à la morosité ambiante, c’est ça notre remède anti-crise. Jérôme Seydoux [patron de Pathé et deuxième actionnaire de l’OL, Ndlr] et moi-même investissons notre propre argent pour servir l’image de Lyon et du football.

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