Gonzalez peinture 1

Régis Gonzalez : le silence des agnelles

Régis Gonzalez, exposition Director's Cut © DR

C’est un thriller en cinq actes. Le rythme d’une tragédie classique. On séduit. On couche. On enferme. On tue. On dissèque. En respectant la triple règle d’unité de temps, de lieu et d’action. Soit des meurtres dans le même huis clos où les tapisseries doivent sentir le renfermé, sinon le formol. Et dans la même journée peut-être.

Régis Gonzalez raconte une histoire. Il y a donc un sens de la visite de l’exposition à la galerie Domi Nostrae. Le temps de pénétrer dans l’intimité d’un serial killer – exclusivement de plus ou moins jeunes femmes – à l’appartement vieillot et aux instruments aussi soigneusement choisis et disposés que dans une “vanité”.

Classique, cinématographique et tout à fait contemporain

Régis Gonzalez, exposition Director's Cut © DR

Tout est donc classique, avec l’accumulation de références à l’histoire de l’art, de la Renaissance à Andres Serrano, via Le Caravage, Rembrandt, Rubens, les représentations de saint Jérôme ou Zurbaran. Et puis, il y a le cinéma des horreurs et des crimes. Hannibal Lecter, ici, c’est himself. Il prend des poses. Inquiétant et ordinaire. Traînant sans doute des blessures de l’enfance. Les victimes : des femmes forcément, des agnelles. Que Régis Gonzalez peint avec la délectation baudelairienne à décrire et contempler une “charogne”.

Tout est révélé cependant dans une esthétique tout à fait contemporaine, comme en témoignent les couleurs presque fluo ou flashy de certains fonds et un humour cynique quelque peu décalé. Les chairs, elles, sont glauques parce que meurt déjà la vie. Les cadrages sont resserrés. Les clairs-obscurs créent une atmosphère pesante et oppressante et le silence. On est devant un spectacle dont se dégage une véritable intériorité, dans un univers pourtant vide. En tout cas vidé de tout ce qui pourrait détourner l’attention et la tension.

Érotisme macabre

Et puis il y a un travail très charnel. Les lèvres ont de la pulpe. Les matières sont riches, les glacis efficaces. Si Bataille et Sade hantent les lieux, le raffinement intellectuel de Klossowski est bien loin. Les souffrances ne sont que suggérées. Les nudités étalées ne charment pas vraiment. Elles renvoient juste au cadavre. Il y a là un véritable univers, qui s’impose incontestablement.

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Director’s Cut – Régis Gonzalez. Jusqu’au samedi 26 octobre, à la galerie Domi Nostrae, 39 cours de la Liberté, Lyon 3e.

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