Michel Reppelin : "Je voulais être exemplaire"

Michel Reppelin, maire de Collonges-au-Mont-d’Or, ne se présentera pas à sa propre succession en mars 2014. Pour ne pas faire "le mandat de trop" il a décidé que le troisième serait le dernier. Arrivé à ce poste "par inadvertance" en 1995 alors qu’il croyait qu’un maire ne faisait que célébrer des mariages, il dresse aujourd’hui un bilan positif.

En quelques mots, quel bilan faites-vous de vos trois mandats successifs ?

J’ai mené, pendant mes trois mandats, de grands projets qui sont en train d’aboutir. Il faut bien plusieurs mandats pour réaliser véritablement quelque chose. Que ce soit la réhabilitation de la zone industrielle, le Village des enfants ou la réhabilitation du quartier de Trêves Pâques, ces trois gros projets ont bien nécessité trois mandats. […] J’ai tout fait sous l’angle du développement durable. Etant en charge de la politique du développement durable au Grand Lyon, je voulais être exemplaire. Pour prêcher la bonne parole auprès de mes collègues maires, il fallait que je sois crédible.

Qu’avez-vous apporté à votre commune ?

J’ai voulu la marquer dans l’esprit du développement durable pragmatique. J’insiste sur ce dernier mot : du concret, et pas de la parlote et du rêve avec des "il faudrait qu’on", "il n’y a qu’à". Non, "on fait". Aujourd’hui Collonges est une ville durable avec des bâtiments à basse consommation d’énergie. Certains ont une toiture végétalisée, d’autres des panneaux photovoltaïques. Nos installations permettent jusqu’à 40 % d’économie d’électricité ou de gaz. J’ai pris les dispositions pour que la nouvelle crèche ait une qualité de l’air intérieur exemplaire. Je suis en avance sur les normes qui seront obligatoires en 2023. Dans le cadre de l’agenda 21 du Val de Saône, un groupe de travail liant la mairie et les habitants planche sur la construction d’un éco-quartier. Il est inscrit au futur plan local d’urbanisme. Mes successeurs s’en chargeront. […] J’ai également réussi à faire un grand pas : une partie des habitants de l’ouest ne voulait pas des logements sociaux. Ils préféraient qu’on paye des amendes pour "déficit de logements sociaux". J’ai réussi à expliquer que c’était nécessaire et qu’il fallait s’engager. 80 habitations ont pu être livrées.

Que reste-t-il d’inachevé ?

J’aurais voulu faire avancer [la dépollution de] la zone industrielle plus rapidement. Les premières démarches ont débuté en 2001. Je voulais les voir aboutir mais il a fallu refaire un plan d’aménagement [de cet ancien site pétrolier] suite à l’achat du Grand Lyon. Il faudra donc que le futur maire soit insiste auprès du Grand Lyon pour qu’il n’abandonne pas. Moi, je pouvais mettre la pression parce que j’étais vice-président, numéro trois. On m’écoutait bien. (Sic.)

Comment s’organise votre succession ?

Ce ne sera pas quelqu’un de mon groupe, car personne n’a voulu s’engager. Celui en qui je plaçais mes espoirs est trop pris par son job. Ce seront donc des personnes extérieures déjà un peu lancées et d’autres prêtes à se lancer. Il y aura peut être deux ou trois listes, je ne sais pas. Pour le moment, je suis dans un rôle d’observateur. Je ne soutiens personne. J’attends de voir les compétences des listes qui se présenteront. Je verrai bien si les suivants continuent dans l’esprit du développement durable.

N’êtes-vous pas inquiet de ce qui adviendra après votre départ ?

Ce n’est pas vraiment de l’inquiétude. J’attends simplement de voir quelle sera l’implication des nouveaux au Grand Lyon. Moi, j’ai créé le groupe Synergie que je préside. Celui-ci a du poids même si l’on est 23. Nous somme tous maires et solidaires entre nous. On travaille à la fois pour nos communes et le Grand Lyon. Les futurs maires vont donner toutes leurs compétences à l’intercommunalité et la future métropole. Que leur restera-t-il ? Le scolaire, le périscolaire, le tissu associatif, l’aide sociale d’urgence. Tout le reste : voierie, espace publique, déchets… sera du ressort du Grand Lyon. Si l’on n’est pas à l’intérieur pour voir comment c’est géré, on a tout faux. Avec Synergie, je travaille dans cet esprit là. Aujourd’hui, la personne qui tient le plus la route [pour prendre ma suite] est une de mes anciennes adjointes qui a l’investiture UMP, [Claude Reynard]. Cela risque de changer la donne.

Quelle suite espérez-vous pour votre commune ?

Avec le droit de suite, je sais que la majorité des choses aujourd’hui "dans les tuyaux" vont être poursuivies. La politique de développement durable sera peut être moins appuyée, mais j’ai installé une chargée de mission dans ce domaine qui pourra titiller le maire. Je pense qu’il y aura peu de grands chantiers de toute façon. Les prochains mandats seront plus durs. Il va falloir faire des frais pour la mise en place de la réforme des rythmes scolaires et l’instruction des permis de construire (auparavant instruis gratuitement par l’Etat). Les recettes de la commune vont baisser et les dépenses obligatoires augmenter. Il y aura moins d’argent pour investir. Notre commune n’est pas pauvre mais je pense que ça va être difficile. En tout cas, je ne laisserai pas de cadavres dans les placards ! Les grands enjeux vont être l’éco-quartier et la dépollution de la future zone d’activités.

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