Gesaffelstein, le Nosferatu des dancefloors

Après Agoria, Lyon tient son nouveau prince de la techno, ou presque. Né Mike Levy dans la capitale des Gaules il y a 28 ans mais parisien depuis 2003, Gesaffelstein est en effet la nouvelle coqueluche des dancefloors et des chasseurs de remix. De la techno pure, dure et noire comme le souvenir.

Même s’il ne met plus beaucoup les pieds à Lyon depuis qu’il est monté à Paname à l’âge de 18 ans, on note quand même que Gesaffelstein est une preuve de plus de la capacité de la capitale des Gaules à accoucher d’éléments techno et électro de premier rang. On pense bien sûr en premier lieu à Agoria, avec lequel il partage l’influence de la techno de Detroit – même si le contraire serait étonnant. Mais le fait est que, s’il est également proche de DJs tels que les Grenoblois The Hacker ou Miss Kittin, comme l’indique son nom un rien martial – contraction de Gesamtkunstwerk, l’“œuvre d’art totale”, et d’Einstein (pourquoi se priver ?) –, Gesa (pour les intimes) est, pour l’instant du moins, bien moins fantaisiste dans son approche de la techno que son aîné. S’il fallait filer une métaphore sur l’influence detroïte, on dirait que sa musique est en accord total avec la déliquescence et la faillite de l’ancienne capitale mondiale de l’automobile.

Viol

C’est dans le noir, les ténèbres et même la “fin d’un monde” qu’avance, non sans élégance, la nouvelle coqueluche de la scène électro. Avec un goût certain pour les titres qui filent bien le bourdon : Depravity, Hate or Glory, Conspiracy, Obsession, A Lost Era ou, du nom d’un des morceaux qui l’a fait remarquer sur la scène internationale, Viol (empubé par Citröen et Givenchy, et abondamment remixé). Gesaffelstein, c’est donc un peu “Nosferatu au night-club”, venu étourdir ses proies de ses beats désorientants, grattant la sensibilité à même le nerf, se changeant en fumée opaque pour faire tomber les derniers repères de proies dont il n’aura finalement que faire. À force de tension accumulée, c’est en effet le malaise vagal qui guette, peu importe que ce ne soit pas de votre sang que ce prince des ténèbres vous vide mais de votre énergie.

Le style Gesa : une manière de rester en retrait du cirque électro-techno, de s’imposer avec élégance et en costard, sans avoir l’air d’y toucher, en donnant l’impression de s’en foutre. De faire de la techno du bout des doigts, voire avec des pincettes, comme ces types qui vous foutent une rouste d’une simple pichenette.

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Gesaffelstein. Le 14 novembre à Lyon, le 28 à Bordeaux (Rocher de Palmer), le 29 à Clermont-Ferrand (Coopérative de Mai) et le 30 à Toulouse (Bikini).

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Cet article est extrait de Lyon Capitale n°727 (novembre 2013).

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